Politique
Yoann Gillet député RN : « L’immigration à Mayotte a triplé en seulement un an ! »
[ENTRETIEN] Yoann Gillet a accordé un entretien à Frontières. Le député du Rassemblement National évoque la situation de Mayotte. À quelques jours de la parution de son rapport, il cerne les enjeux migratoires de l’archipel, tout en illustrant les tentatives de déstabilisation des Comores.
Partager cet article
Yoann Gillet était invité de la matinale, le mardi 29 octobre
Vous vous êtes rendus à Mayotte pour publier un rapport dans les prochains jours, que pensez-vous de la situation actuelle de l’archipel ?
La situation entre les Comores et Mayotte illustre un contexte particulièrement sensible où la France semble se retrouver dans une posture de faiblesse. Cette relation complexe nécessite un renforcement et une intensification de la diplomatie française, avec pour objectif de mettre les Comores face à leurs responsabilités, compte tenu de leurs attitudes défavorables envers la France et, plus spécifiquement, envers Mayotte.
Il est crucial de rappeler qu’à Mayotte, on assiste actuellement à une véritable pression migratoire. Ce terme n’est d’ailleurs pas exagéré : il s’agit d’un territoire français où la population étrangère dépasse la population française. En outre, les données officielles, bien qu’elles proviennent d’organismes comme l’Insee, ne reflètent pas fidèlement l’ampleur du phénomène et ne permettent pas d’en saisir toute la réalité. L’institut évoque la présence de 300 000 personnes sur cette petite île, mais les estimations réelles avoisinent plutôt les 500 000 habitants, dont près de 250 000 à 300 000 seraient des étrangers en situation irrégulière. Ces chiffres sont particulièrement impressionnants et difficiles à concevoir depuis la métropole, où le phénomène migratoire, bien que présent, reste à un niveau relativement maîtrisé.
Aujourd’hui, tous les systèmes essentiels de Mayotte sont sous pression extrême. Le système éducatif est en grande difficulté, le système de santé subit de lourdes contraintes, et l’insécurité atteint des proportions inquiétantes. Les habitants doivent limiter leurs déplacements, surtout après 18 heures, par crainte de violences ou d’agressions. Cette situation est d’une gravité exceptionnelle pour un territoire pourtant riche de potentialités. La question sécuritaire, notamment, a récemment suscité des tensions importantes, entraînant des émeutes il y a quelques mois, auxquelles de nombreuses femmes ont pris part pour exprimer leur exaspération face à ces conditions de vie.
Aujourd’hui Mayotte est en proie à une importante vague d’immigration. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
Mayotte est un territoire français dont les habitants sont fiers de leur appartenance à la République. À l’entrée de l’île, on peut d’ailleurs voir des panneaux indiquant « Mayotte est française et le restera ». Les Mahorais ont exprimé à plusieurs reprises leur volonté de demeurer français, en le manifestant notamment dans les urnes.
Cette appartenance confère à Mayotte un niveau de ressources et d’infrastructures incomparables avec celui des pays voisins. En contraste, les Comores, qui manquent de moyens, offrent une qualité de vie difficile pour beaucoup de leurs habitants. En quête d’une vie meilleure, ces derniers sont naturellement attirés par Mayotte, où les perspectives économiques et sociales sont plus favorables. Cette attraction a engendré un flux migratoire intense : des embarcations de fortune, appelées « kwassa-kwassa », débarquent chaque jour, parfois toutes les heures, amenant de nouveaux arrivants vers ce qu’ils perçoivent comme une « terre d’Eldorado ».
La politique française, généreuse envers les personnes en situation irrégulière, encourage indirectement cette migration. Bien que compréhensible d’un point de vue humain, cette situation suscite des tensions croissantes parmi les Mahorais. Ils souhaitent mettre fin à cette immigration incontrôlée et rétablir la sécurité au sein de leur territoire. L’insécurité a atteint un point critique, suscitant de nombreuses manifestations locales, souvent menées par des femmes, dont le rôle social et politique est particulièrement influent à Mayotte.
Les Mahorais réclament aujourd’hui plus de fermeté dans la gestion des flux migratoires. En tant que citoyens français, ils demandent le respect des règles de la République pour protéger leur mode de vie et la sécurité de leurs enfants. Ils souhaitent également accéder aux services publics, tels que la santé, sans être submergés par une pression migratoire continue. Leur message est clair : ils veulent que leur territoire conserve son identité française tout en adoptant une politique migratoire plus stricte, limitant les avantages pour les personnes en situation irrégulière.
Peut-on dire que la situation à Mayotte est une sorte de conglomérat de tous les problèmes du système français ?
À Mayotte, les naissances d’enfants issus d’au moins un parent étranger représentent une part significative de la démographie locale. Cependant, les données officielles sont souvent imprécises et sous-estiment probablement l’ampleur de la situation. Par ailleurs, des fraudes aux déclarations de paternité et de naissance sont fréquentes, car certaines mères comoriennes, ayant compris qu’un père français facilitera l’accès à la nationalité française pour leurs enfants, font appel à des ressortissants français pour déclarer leur paternité en échange d’une compensation financière.
Cette pratique met en lumière l’urgence de réformer les lois, en supprimant le droit du sol, en rétablissant le délit de séjour irrégulier et en conditionnant l’acquisition de la nationalité française au respect des règles d’immigration. Le centre hospitalier de Mayotte est confronté à des défis majeurs liés à cette pression migratoire. Selon les témoignages locaux, surnommé « l’hôpital des étrangers » par les Mahorais, cet établissement est saturé et manque cruellement de personnel. Seuls trois médecins urgentistes y exercent, alors que les besoins s’élèvent à une trentaine.
De plus, Mayotte connaît un taux de natalité exceptionnel, avec environ 10 000 naissances par an sur un territoire de 300 000 habitants, un chiffre record qui dépasse même celui de nombreuses régions métropolitaines. Cette situation compromet l’accès aux soins pour les Mahorais, et les coûts engendrés pour le système de santé sont importants, mais difficiles à chiffrer avec précision, malgré les dispositifs comme l’Aide Médicale d’État (AME).
Par ailleurs, les associations humanitaires présentes à Mayotte, comme la Cimade et SOS Méditerranée (sous un autre nom), sont régulièrement critiquées. En effet, bien que ces organisations emploient des Mahorais, une certaine déconnexion se fait sentir entre les dirigeants venus de métropole et les réalités locales. Nombre de Mahorais travaillant pour ces associations soulignent eux-mêmes la nécessité de freiner l’immigration massive, ce qui met mal à l’aise certains responsables métropolitains qui, bien que touchant des salaires conséquents, apparaissent déconnectés des préoccupations locales.
Ainsi, la situation à Mayotte soulève des questions essentielles sur l’équilibre entre solidarité, gestion des flux migratoires et maintien des services publics pour la population locale.
Il y a un problème concernant l’immigration africaine qui finit en métropole, avez-vous la sensation que cette situation est traitée à bras-le-corps par les pouvoirs publics ?
L’immigration récente à Mayotte a triplé en seulement un an, atteignant des proportions alarmantes. Cette situation représente un défi majeur pour l’exécutif, notamment face aux nombreuses demandes de droit d’asile, qui semblent être fréquemment détournées de leur objectif initial. Par ailleurs, cette immigration entraîne également des risques d’introduction d’un islam radical, un point particulièrement préoccupant pour le territoire.
Mayotte est une terre profondément musulmane : environ 97 % des Mahorais pratiquent l’islam. Cependant, ce qui est marquant, c’est que, sur l’île, la religion s’intègre de manière discrète et apaisée dans la vie quotidienne. La pratique de l’islam y est vécue de manière sereine et respectueuse, sans le poids d’un rigorisme religieux. Cela témoigne d’une intégration harmonieuse de la religion dans la culture locale, où la foi est présente, mais peu visible, ce qui contribue à un climat social calme et stable.
La nouvelle immigration suscite donc des craintes légitimes quant à l’introduction possible de courants d’islam radical, qui pourraient bouleverser cet équilibre. Ce risque souligne l’importance d’une vigilance accrue face aux transformations socioculturelles que pourrait entraîner cette immigration à grande échelle.
À lire aussi : Franck Allisio député RN « L’état d’urgence doit être déclaré à Marseille ! »
Aucun commentaire
Loading