Politique
L’inéluctable progression du voile islamique en France
Bruno Retailleau a souligné auprès du Parisien sa volonté d’élargir l’interdiction du port du voile islamiste pour les accompagnatrices lors des sorties scolaires. En parallèle, ce signe religieux ne cesse de prendre une place significative dans la vie des musulmanes dans le pays.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, souhaite interdire le port du voile islamique pour les accompagnatrices dans les sorties scolaires. Ce dernier est également « personnellement » favorable à son interdiction dans les universités. Cette prise de position, loin d’être un caprice politique, est une réponse à une augmentation significative de la présence du voile dans la société française depuis des décennies, mettant en lumière les enjeux de la cohésion nationale et de la menace islamiste croissante qui plane sur l’identité culturelle du pays.
Le voile : cheval de Troie de l’islamisme
Dans un entretien accordé au Parisien, publié le 6 janvier 2024, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dévoilé certaines mesures concernant le port du voile islamique. Il affirme que : « les accompagnatrices n’ont pas à être voilées, la loi de 2004 sur les signes religieux doit être appliquée à ces activités : les sorties scolaires, c’est l’école hors les murs », ajoutant : « C’est mon souhait qu’il y ait une mesure législative ». Pour le ministre, le voile est un cheval de Troie de l’islamisme en France : « ce n’est pas qu’un simple bout de tissu : c’est un étendard pour l’islamisme, et un marqueur de l’infériorisation de la femme par rapport à l’homme ». Bruno Retailleau souhaite faire de ce sujet une priorité dans son agenda politique du fait de l’entrisme et du risque de destruction de la cohésion sociale, pointant du doigt l’influence néfaste des frères musulmans : « le terreau du terrorisme, c’est le séparatisme et l’islam politique ».
Cependant, le ministre de l’Intérieur a souhaité s’adresser à la communauté musulmane de France en ces termes : « le gouvernement ne mène pas un combat contre leur religion, qui est défigurée par l’islamisme, mais un combat contre une idéologie politique qui défigure leur religion ».
La progression du voile en France
Depuis plusieurs décennies, le voile islamique est devenu un sujet politique majeur en France du fait de l’augmentation de son port par les musulmanes. En effet, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et l’Institut national d’études démographiques (Ined) ont réalisé deux enquêtes du nom de « Trajectoires et origines ». La première entre 2008 à 2009 et la seconde de 2029 à 2020. Elles permettent de constater la progression du voile dans la société française. En 2009, 18% des musulmanes âgées de 18 à 49 ans portaient le voile. Désormais, il s’agit d’un pourcentage de 28%, une progression de 55%. L’étude souligne que le phénomène d’amplification du port du voile est le plus élevé au sein des femmes d’origine subsaharienne, passant de 12% à 28%.
L’étude de 2020 suggère également que les musulmanes portent davantage le voile quand elles sont en couples. Les chiffres montrent que 42% des femmes maghrébines en couple portent le voile, tandis que, pour les célibataires, le pourcentage est de 24%. De plus, le fait de porter le voile varie en fonction de la catégorie socioprofessionnelle. Chez les musulmanes immigrées sans emploi, le pourcentage est de 56% et de 39% chez les descendants d’immigrés. Enfin, les ouvrières musulmanes portent le voile à hauteur de 38%. Chez les cadres, le pourcentage diminue nettement avec 13%.
L’explosion des atteintes à la laïcité à l’école
C’est surtout à l’école que l’islamisme se développe. Selon une note réalisée par les services de l’État et publiée par le Figaro, l’année scolaire 2022-2023 a été marquée par 4710 signalements d’atteintes à la laïcité. De plus, l’AFP a pu avoir connaissance d’une note des services territoriaux en date du mois d’octobre 2022. Cette dernière souligne que la majorité des atteintes, notamment en lien avec le port de vêtements ou de signes religieux, est liée à l’islam : « La plupart des atteintes concernent le port de vêtements islamiques (voile islamique, jupes longues dites abayas) par des adolescentes. Les situations relèvent majoritairement de comportements individuels et isolés. Toutefois, de plus en plus d’établissements scolaires sont confrontés à des groupes d’adolescentes qui semblent suivre des stratégies coordonnées ».
L’année 2023 a connu une polémique autour de l’abaya, une robe longue portée par certaines femmes musulmanes. Cette dernière a été considérée par le gouvernement français, sous l’impulsion du ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, comme un signe religieux et donc contraire à la loi de 2004 qui interdit déjà le voile dans les établissements scolaires. Des actions en justice ont été entreprises contre cette interdiction, mais le Conseil d’État a confirmé la légalité de la mesure. Ainsi, il est possible de constater que la communauté musulmane s’adapte et essaye de contourner les interdictions. En septembre 2024, pour la rentrée, le bilan mensuel a fait état de 328 atteintes à la laïcité. Une diminution « nette » pour le gouvernement mais qui ne soulage pourtant pas les enseignants.
En effet, les atteintes à la laïcité s’accompagnent parfois de violence. En décembre 2024, une élève musulmane d’un lycée de Tourcoing a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis pour avoir giflé sa professeure qui lui avait demandé de retirer son voile. Désormais de nombreux enseignants rechignent à relever les atteintes par peur de représailles. En septembre 2022, un professeur au lycée Simone-Weil dans le IIIe arrondissement de Paris témoigne auprès du Parisien : « Dans les couloirs, entre deux cours, les filles remettent souvent leur voile. Il faut discuter, peser ses mots, c’est un combat permanent, soupire l’enseignant. De nombreux collègues ne disent plus rien, parce qu’ils en ont marre et se sentent démunis. Et, le pire, c’est pour les profs d’histoire, avec les cours sur le colonialisme, l’esclavage, la liberté d’expression… Ici, cela engendre des conflits en classe. Il est compliqué d’avoir un dialogue apaisé ». Pourtant, le lycée en question n’est pas considéré comme étant « difficile » du fait de son implantation dans un quartier chic au cœur de la capitale.
La difficile estimation du port de la burqa
En parallèle, il est difficile d’estimer le nombre de musulmanes qui portent quotidiennement la burqa, un vêtement religieux qui couvre l’ensemble du corps, y compris le visage, avec une maille ou une grille au niveau des yeux pour permettre de voir. Selon une note datant de 2009 de la sous-direction de l’information générale du ministère de l’Intérieur, 2000 musulmanes porteraient la burqa quotidiennement. Cependant, aucune autre étude plus récente n’a été réalisée depuis. Selon le juge André Gerin, ancien président de la mission parlementaire sur la burqa, ce nombre serait « sous estimé ».
Le port de la burqa est interdit en France depuis la loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 qui prohibe la dissimulation du visage dans l’espace public. L’estimation du nombre exact est un exercice complexe puisque celles qui portent la burqa vivent dans des quartiers sensibles islamisés, ce qui rend la tâche d’un recensement fiable particulièrement épineuse.
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