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Liban : le Parlement face au défi de l’élection présidentielle
Ce 9 janvier 2025, le Parlement libanais se réunit pour tenter de mettre fin à une vacance présidentielle qui paralyse le pays depuis plusieurs années maintenant.
Entre divisions politiques internes et pressions internationales, cette session parlementaire s’annonce décisive mais pleine d’incertitudes au Liban.
Une session parlementaire sous haute tension au Liban
Depuis octobre 2022, le Liban est sans président, un vide institutionnel qui accentue la paralysie d’un pays déjà au bord du gouffre. Ce 9 janvier, les parlementaires sont appelés à élire un nouveau chef d’État, mais les blocages politiques rendent toute issue rapide peu probable. Les lignes de fracture au sein du Parlement reflètent les tensions communautaires et politiques profondes qui traversent le pays et plus largement le Proche et Moyen-Orient. Trois candidats dominent les discussions : Joseph Aoun, soutenu par des acteurs internationaux comme les États-Unis et l’Arabie saoudite ; Sleiman Frangié, appuyé par le Hezbollah et l’Iran ; et Elias Bou Saab, une figure plus neutre mais sans base de soutien solide.
Chacun des blocs parlementaires campe sur ses positions, rendant difficile l’obtention des 65 voix nécessaires pour élire un président au premier tour. Les forces d’opposition, composées de députés réformistes et indépendants, défendent l’idée d’un candidat éloigné des partis traditionnels, mais peinent à s’unir autour d’une figure consensuelle. Cette division complique encore davantage une situation déjà tendue, tandis que l’absence de compromis menace de prolonger la vacance présidentielle.
Un Liban en crise, une population à bout
L’élection présidentielle se déroule dans un contexte économique et social désastreux. La livre libanaise s’effondre, l’inflation atteint des sommets, et des millions de Libanais peinent à accéder aux besoins de base comme la nourriture, l’électricité ou les soins de santé. Cette crise sans précédent accentue la pression sur les parlementaires pour qu’ils trouvent une solution rapide. Les syndicats et associations civiles appellent à dépasser les rivalités politiques pour répondre aux urgences économiques.
Dans les rues, le désespoir grandit. De nombreuses familles voient leurs économies disparaître, les PME se retrouvent en grande difficulté, tandis que les prix explosent. Ce sentiment d’abandon alimente une méfiance croissante envers la classe politique, accusée de privilégier ses intérêts personnels au détriment du bien commun.
Une bataille d’influences internationales
La crise présidentielle libanaise dépasse largement les frontières du pays. Le Liban est depuis longtemps un terrain d’affrontement entre puissances régionales et internationales, et cette élection n’échappe pas à la règle. Les États-Unis et l’Arabie saoudite, qui soutiennent la candidature de Joseph Aoun, insistent sur l’importance de choisir un président réformiste capable de réduire l’influence iranienne au Liban. Washington met en avant la nécessité de réformes économiques et d’une lutte effective contre la corruption, tandis que Riyad conditionne son aide économique à l’élection d’un président aligné sur ses priorités stratégiques.
En face, l’Iran, via le Hezbollah, défend la candidature de Sleiman Frangié, un allié historique. Téhéran cherche à maintenir son influence dans les institutions libanaises et s’oppose fermement à Joseph Aoun, jugé trop proche des puissances occidentales. Cette opposition illustre une rivalité géopolitique bien plus large, où le Liban devient un pion dans le jeu d’échecs du Moyen-Orient.
La France, de son côté, joue un rôle de médiateur. Paris, qui entretient des liens historiques avec le Liban, privilégie une solution consensuelle susceptible de réunir les différents blocs politiques. Si elle soutient discrètement Joseph Aoun, la France évite une confrontation directe avec le Hezbollah, cherchant avant tout à préserver la stabilité du pays.
Une impasse aux conséquences graves
Cette élection présidentielle est un enjeu vital pour le Liban, mais aussi pour la région. L’incapacité à élire un président prolonge la paralysie institutionnelle et aggrave la crise économique. Plus inquiétant encore, cette impasse pourrait entraîner des répercussions sécuritaires, notamment dans le sud du Liban, où les tensions avec Israël restent vives.
Alors que les parlementaires se réunissent, l’issue de cette session reste donc incertaine. Le Liban est à un carrefour crucial, entre espoir d’un compromis et risque d’un effondrement prolongé.
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