Immigration
Trop de refoulements de migrants sur son sol : la CEDH condamne la Grèce
La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a récemment condamné la Grèce pour des pratiques de refoulement (pushbacks en anglais) de migrants à ses frontières, en particulier dans la région d’Évros, qui borde la Turquie.
Dans son jugement du 7 janvier, la CEDH confirme ce que de nombreux rapports et témoignages dénoncent : à la frontière terrestre de l’Évros ou sur les îles grecques, la police grecque pratiquerait le « refoulement systématique » des migrants dans des canots de sauvetage vers les eaux turques.
Bien que certaines affaires, comme celle d’un mineur non accompagné d’Afghanistan rejetée faute de preuves en 2019, n’aient pas abouti, la Cour de Strasbourg estime qu’un deuxième dossier dont elle est saisie révèle un véritable modus operandi.
Un membre d’une organisation considérée comme terroriste refoulée
L’affaire concerne une réfugiée turque, emprisonnée pendant 28 mois pour des accusations d’appartenance à une organisation liée à Fethullah Gülen, considérée comme terroriste par le pouvoir d’erdogan. Craignant des persécutions, elle décide de fuir en mai 2019 et traverse clandestinement la frontière grecque. Arrivée sur place, elle cherche immédiatement à obtenir l’asile.
Cependant, sa tentative tourne court. Arrêtée par la police dans un village grec, elle affirme avoir été transférée de force à un poste frontière, avant d’être refoulée en Turquie à bord d’un bateau pneumatique. De retour en Turquie, la requérante est de nouveau emprisonnée. Elle saisit la CEDH en 2021.
La pratique du refoulement condamnée par la CEDH
Cette pratique de refoulement, connu sous le terme de push back, est effectué sans examen de leur demande d’asile une fois qu’un clandestin a traversée illégalement une frontière, ce qui est interdit par les règles de Schengen.
Les autorités grecques nient en bloc ces accusations, et affirment qu’aucune preuve n’atteste l’arrestation ou le refoulement de la demandeuse d’asile. Pourtant, la CEDH a estimé que cette affaire s’inscrit dans un schéma de « refoulement systématique » plus large orchestré par la Grèce à ses frontières terrestres et maritimes. En guise de réparation, la Cour a accordé 20 000 euros à la plaignante turque pour le préjudice moral subi.
Environ 45.000 demandeurs d’asile
Selon le Haut-commissariat aux réfugiés, plus de 11.300 arrivées ont été enregistrées sur les îles grecques depuis le début de l’année 2024. En 2023, environ 45.000 demandeurs d’asile sont arrivés en Grèce. Il s’agit du nombre le plus élevé en quatre ans, selon les Nations unies. Pour un pays accusé de pratiquer le « refoulement systématique » avec autant d’assiduité, la Grèce semble encore avoir du mal à dissuader les migrants de tenter leur chance.
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