Politique
[Frontières – La Matinale] Sarah Knafo : « L’Algérie profite de la France tout en lui crachant dessus »
Pour la première de sa matinale, mardi 1ᵉʳ octobre 2024, Frontières recevait l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo.
Louise Morice : Bonjour Sarah Knafo, vous êtes eurodéputée Reconquête depuis juin dernier, vous appartenez à la jeune garde montante à droite. Erik Tegnér est à mes côtés pour vous interviewer. Tout d’abord, comment allez-vous ?
Sarah Knafo : Tout va bien, je suis déterminée, je me bats. Vous l’avez dit, je mène plusieurs combats. Nous avons beaucoup de batailles à mener, avec Reconquête, au Parlement européen, dans les médias français, sur le terrain des idées, sur le terrain de l’école, sur l’immigration, pour l’exécution des OQTF.
Je remarque qu’il y a nombre de nos mesures qui sont de plus en plus reprises dans le débat public, donc j’en suis ravie ; nous avons un impact.
Louise Morice : Nous avons lancé un sondage auprès de nos abonnés sur notre site internet. La question était : faut-il supprimer l’accord franco-algérien de 1968 ? Nos abonnés ont répondu à 96 % « Pour ». Quelle est votre position à ce sujet ?
Erik Tegnér : Pourquoi est-ce si compliqué, en France, de parler de l’Algérie ?
Sarah Knafo : C’est une très bonne question. C’est compliqué de parler de l’Algérie en France tout d’abord parce que nous avons beaucoup d’Algériens sur notre sol. Peut-être que nous avons peur, je pense, puisque les Français se disent qu’ils vont avoir affaire à des gens qui sont décidés, déterminés, qui ne laissent rien passer, on l’a vu.
Parce que j’ai dit qu’on versait à l’Algérie 842 000 000 d’euros entre 2017 et 2022, pour avoir dit cela, l’État algérien décide de porter plainte contre moi. On nage en plein délire. C’est de l’intimidation.
Sur certaines personnes, ça marche. Pas avec moi. Je ne vais pas me laisser intimider par l’Algérie, bien au contraire, cela me donne plutôt envie de creuser davantage. L’Algérie n’assume pas son indépendance. Elle n’assume pas que, plus de cinquante ans après leur indépendance, la France continue de l’aider.
Erik Tegnér : Une bonne partie de l’immigration en France vient de l’Algérie, les chiffres sont éloquents…
Sarah Knafo : Bien sûr que l’immigration algérienne pose un problème à la France ! Elle se distingue des autres immigrations par notre histoire commune avec eux, et par le fait que nous leur accordons des privilèges exorbitants sur notre sol.
Il y a eu un échange de lettres à l’époque qui permettait aux diplomates algériens d’être exemptés de visas. Ils détestent la France, mais viennent se faire soigner chez nous. L’Algérie profite de la France tout en lui crachant dessus. En 1962, le divorce franco-algérien a été prononcé. Sauf que la France continue de payer une pension alimentaire à vie.
Erik Tegnér : Nous avons un nouveau locataire place Beauvau, Bruno Retailleau, qui ne semble pas culpabiliser sur ces sujets. Qu’en pensez-vous ?
Sarah Knafo : Il faut le défendre face à la gauche. Pourtant, ses propos relèvent de la banalité. 80 % des Français, toutes tendances confondues, sont d’accords avec ceux-ci. Cependant, maintenant qu’il a créé un espoir, il est hors de question de décevoir. Nous attendons des actes. Il ne faudra pas chercher d’excuses.
Erik Tegnér : Que pensez-vous des médias qui ont tendance à jouer les « sachants » et à donner des leçons de morale ?
Sarah Knafo : Ils font de la politique. Ils sont tellement satisfaits de pouvoir tacler Reconquête ou le Rassemblement national sur leurs défaites électorales, qu’ils pensent que ces défaites sont le signe que les Français sont de gauche.
Je pense que notre score des dernières législatives ne représente absolument pas la force de nos idées dans le débat public. Je pense que nous leur faisons peur. Je pense que les victoires ou les scores très élevés des partis de droite en Europe et aux États-Unis leur font peur.
Erik Tegnér : Quelles sont les ambitions de Reconquête ?
Sarah Knafo : Nous avons déjoué les pronostics. On nous donne morts depuis le début. Et nous sommes toujours là, avec un maillage territorial puissant, à tel point que certains journalistes évoquent la possibilité que le RN souhaite faire des alliances locales avec nous pour les municipales de 2026.
Je pense que notre avenir s’annonce bien, parce que nous sommes à l’épicentre des idées du peuple français. Le peuple français est identitaire et absolument pas socialiste en économie. Nous avons été précurseurs en la matière. Idem sur l’école, avec nos Parents Vigilants. C’est un réseau de Reconquête qui est amené à avoir beaucoup d’avenir.
Erik Tegnér : Hier s’est ouvert le procès des assistants parlementaires du FN. Que pensez-vous de ce qui semble s’apparenter à une cabale judiciaire ?
Sarah Knafo : C’est un scandale. J’ai des désaccords, connus, avec Marine Le Pen, mais ça n’est pas à un juge de trancher nos désaccords, c’est au peuple de le faire.
Erik Tegnér : Qu’est-ce qui vous dérange chez Ursula von der Leyen ?
Sarah Knafo : Tout. Ce qui me dérange, c’est que les nations la dérangent, c’est que la souveraineté la dérange, c’est son bilan, et c’est que qu’elle propose de faire. Ce qui me dérange, c’est la morgue avec laquelle elle traite les nations, les chefs d’États, les parlementaires.
Tout est dérangeant chez Ursula von der Leyen. Même son nom est devenu synonyme du mépris technocratique pour les peuples, leur identité, leurs demandes et aspirations, ce qu’ils expriment régulièrement. Il faut combattre tout ce qu’elle représente, elle, la Commission européenne, tout ce système qui nous a étouffé depuis trop longtemps. Elle nous empêche de nous défendre contre l’immigration, contre la concurrence internationale, etc.
Erik Tegnér : Qu’avez-vous pensé du limogeage du Commissaire français à l’Industrie Thierry Breton ?
Sarah Knafo : Deux choses. Tout d’abord, tout le monde déteste Thierry Breton. Tous ceux attachés à la liberté d’expression et à la souveraineté, à l’industrie et à la puissance de la France ne peuvent que se réjouir de ce départ. Cependant, cela reste une humiliation pour la France.
Au-delà de la personne de Thierry Breton, de son bilan ; cela reste humiliant pour notre pays que Thierry Breton soit renvoyé comme un vulgaire domestique par Ursula von der Leyen sans que la France dise rien. Et, comble, dès le lendemain, Emmanuel Macron envoie à la place de Thierry Breton un de ses proches, Stéphane Séjourné, comme si de rien n’était. En plus avec un portefeuille réduit.
Cette situation n’est pas normale, nous n’avons pas à être le paillasson de Bruxelles. Sans la France, l’Union européenne n’existe pas. Nous sommes trop bons élèves, nous sommes les fayots de l’Europe, notamment en matière de surtranspositions des normes, par exemple en matière agricole.
Erik Tegnér : Vous pensez que le mouvement de colère des agriculteurs de l’hiver dernier pourrait repartir ?
Sarah Knafo : C’est inévitable. Nous n’avons absolument rien réglé. On a parlé d’eux une semaine, puis le mouvement s’est arrêté, et tout est reparti comme avant. Donc c’est inévitable.
Erik Tegnér : Vous vous êtes rendue cet été aux États-Unis. Pourquoi y être allée ? Qu’y avez-vous vu ? Et pourquoi, selon vous, personne en France à droite ne défend Donald Trump ?
Sarah Knafo : Pour répondre à votre dernière question, c’est clairement du manque de courage. Ils le soutiendront quand il aura gagné.
Pour répondre à vos deux premières questions, je suis allée en Californie, à un séminaire du Claremont Institut. Il s’agit d’une organisation conservatrice américaine qui édite la revue la plus prestigieuse du monde conservateur aux États-Unis, la Claremont Revue of Books, qui édite des intellectuels renommés, dont certains sont connus en France, par exemple Christopher Caldwell. Ce qui m’a frappée, c’est la vivacité du débat intellectuel aux États-Unis. Ils ont des intellectuels plus nombreux, plus de revues ou de journaux, etc. Ce qui me frappe enfin, c’est le courage de ces intellectuels qui assument ouvertement de voter pour Donald Trump.
À lire aussi : [Frontières – la Matinale] la Gazette du 1ᵉʳ octobre
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