Politique
La Cour des comptes épingle sévèrement le SNU
Les Sages de la rue Cambon dressent le bilan du dispositif voulu par Emmanuel Macron. Une promesse intenable, à laquelle le président Macron s’est accroché tant bien que mal…
Cinq ans après le lancement du Service National Universel (SNU), la Cour des comptes de Paris dresse un bilan plus qu’acerbe sur le dispositif gouvernemental. Le projet, à l’ambition pléthorique, va de mal en pis. Le président de la République, qui portait à bout de bras l’ambition d’un programme à la brise patriotique, au goût d’un service militaire abrogé depuis 1996, voit sa progéniture sombrer dans un insuccès criard. Le SNU « monte en puissance chaque année, avec des objectifs quantitatifs toujours rehaussés, sans sortir de la gestion dans l’urgence qui prévaut depuis 2019 » expliquait, le vendredi 13 septembre, la Cour des comptes. À travers un rapport de 66 pages, les Sages de la rue Cambon décrivent un véritable échec avec « des objectifs restés, à ce jour, incertains », une généralisation « non préparée à ce stade », un coût « largement sous-estimé » et une gouvernance dont « la dimension interministérielle demeure à construire ».
Échecs des chiffres
Malgré une intense communication du chef de l’État et de l’ensemble du gouvernement pour la promotion du programme, la participation des jeunes au séjour de cohésion demeure « considérablement en deçà des ambitions affichées », souligne le rapport de la Cour des comptes. En 2023, 40 000 jeunes avaient participé à ce programme, alors que son objectif initial était de 64 000. Le taux de désistement a quant à lui atteint un record avec 28 %.
La facture d’un tel projet est également un frein considérable. Le budget pour le Service National Universel s’élève à des valeurs pharamineuses. Son financement relève de l’Éducation nationale « avec un effort consenti important, et une croissance rapide, de 30 millions d’euros en 2020 à 160 en 2024 en loi de finances initiales », rapporte la Cour des comptes. Le tout s’inscrit dans un contexte de restriction budgétaire ». L’éducation nationale, quant à elle, se plaint de ces restrictions, car amputé sur les dépenses liées à son secteur. Ainsi, Emmanuel Macron répète avec brio ce qu’il sait faire de mieux, fomenter des imbroglios et créer des gabegies avec l’argent des contribuables français.
Des jeunes imperméables à l’initiative
La possibilité d’une généralisation du programme, conforme aux promesses tenues par le président de la République, impliquerait « une part accrue de jeunes réticents de participer au dispositif, susceptibles de fragiliser la cohésion de groupe et de soulever des difficultés d’ordre disciplinaire », estime déjà la Cour des comptes. Les jeunes des quartiers défavorisés, l’un des publics cibles du programme selon le gouvernement, ne sont vraisemblablement pas aux abonnés présents. La dernière enquête de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) sur le SNU, publiée en décembre dernier, démontre que seuls 5 % des participants sont issus des quartiers prioritaires. Une autre déroute de la macronie qui maintenait que le SNU toucherait également les jeunes éloignés de la République, sans succès…
Au même moment, les enfants de cadres ou de parents ayant travaillé dans l’armée, la police, la gendarmerie ou les pompiers sont abondamment représentés. Cela est, en partie, dû au caractère obligatoire de la mission, impossible à mettre en place légalement auprès de la population de mineurs visés (les 15-17 ans). Dès lors qu’il fut basé sur le volontariat, le SNU ne pouvait pas maintenir ses engagements.
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