Politique
Éducation ou Rassemblement national(e) ?
Les mesures prises par Gabriel Attal en matière d’éducation semblent étrangement ressembler aux propositions du Rassemblement national. Vérifications.
Ces derniers mois, le ministère de l’Éducation nationale semble s’être vêtu des apparats du Rassemblement National. Uniforme obligatoire, rétablissement du redoublement et des classes de niveau… Marine Le Pen pourrait remercier Gabriel Attal d’avoir amorcé l’exécution de son programme. Au RN, on se sent comme un bon élève copié en plein examen. Dans un entretien accordé à Livre Noir, Roger Chudeau, député spécialiste des questions éducatives au RN, disait : « Les mesures de Gabriel Attal peuvent se classer en trois catégories : les bonnes, les partielles et les oubliées : les bonnes mesures sont à la ligne près celles qui sont contenues dans le programme présidentiel 2022 de Marine Le Pen : groupes de niveau, redoublement, brevet des collèges transformé en examen de passage en seconde, labellisation des manuels scolaires… J’ai donc félicité de Ministre pour sa capacité à se servir d’un photocopieur ! ».
Par souci de précision, Livre Noir s’est penché sur les différentes mesures des programmes d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen en 2022 afin de déterminer si Attal s’est bel et bien inspiré du programme du RN pour ses mesures éducatives.
L’uniforme obligatoire dans l’Éducation
Brigitte Macron en rêvait, Gabriel Attal l’a fait. Ou presque. Pour le moment en phase d’expérimentation, l’uniforme à l’école deviendra obligatoire à la rentrée 2024 pour un certain nombre d’établissements. Une mesure étonnante dans la mesure où quelques mois plus tôt, son prédécesseur Pap Ndiaye se disait « opposé à une loi qui imposerait une tenue pour l’ensemble des élèves ». Cette mesure n’était d’ailleurs pas prévue par le programme d’Emmanuel Macron. Elle était cependant l’une des mesures phare de celui de Marine Le Pen, voulant le « port d’un uniforme à l’école primaire et au collège ».
Le retour du redoublement
Pap Ndiaye annonçait qu’il n’était « pas question de rétablir le redoublement », mais cela ne devait pas aller dans le sens avec tous les pontes de Renaissance, ou bien ont-ils changé d’avis depuis ? Le 5 décembre 2023, l’ancien ministre de l’Éducation indique que « les professeurs auront désormais le dernier mot » en matière de redoublement, revenant sur le décret de Najat Vallaud-Belkacem en 2014, relatif à l’interdiction du redoublement. Si Marine Le Pen ne précise pas cette mesure dans son programme, Edwige Diaz, députée Rassemblement National, déplorait en 2019 l’existence du décret.
La lutte contre le harcèlement scolaire
Sur la question, Renaissance s’est donné à fond. Emmanuel Macron en parlait déjà en 2019, Pap Ndiaye en a fait sa « priorité absolue », une loi, adoptée en 2022, qualifie le harcèlement scolaire de délit et Gabriel Attal expérimente les « cours d’empathie » dans 1200 écoles. Côté RN, Sébastien Chenu, député du groupe a déposé en 2019 une proposition de loi « visant à une meilleure sensibilisation contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement ». Marine Le Pen n’en parle pas dans son programme.
L’établissement de classes de niveau
Pour cette mesure, il semble que Gabriel Attal soit tombé du lit ce jour-là. Pas de préavis, ni de signe avant-coureur. Ou peut-être a-t-il ouvert le programme d’Éric Zemmour qui proposait cette même mesure lors des présidentielles de 2022. Marine Le Pen, quant à elle, parle d’un « dédoublement programmé des classes de grande section et de cours préparatoire : l’effectif maximal ne devra plus dépasser 20 élèves par classe. » Son programme ne parle pas précisément des groupes de niveau.
La labellisation des manuels scolaires d’éducation
Cette fois encore, rien de chez Renaissance n’annonçait une telle mesure. Le programme de Marine Le Pen disposait que « le détail des programmes et les labels validant les manuels scolaires relèveront du ministre de l’Éducation nationale. »
L’obtention du Brevet obligatoire pour passer en seconde
R.A.S. chez Renaissance jusqu’à l’annonce faite par leur ministre de l’Éducation en décembre 2023. Le programme de Marine Le Pen n’en parle pas non plus précisément, il est cependant mentionné : « Pour redonner au collège une place centrale dans la réussite des élèves, le diplôme national du brevet deviendra donc un examen d’orientation post-3e : en fonction des résultats de l’élève et de ses bulletins scolaires, celui-ci sera orienté vers l’enseignement général et technologique, vers l’enseignement professionnel ou vers l’enseignement des métiers par l’apprentissage. »
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