Politique
Colère des agriculteurs : les oppositions réagissent
Alors que la colère des agriculteurs fait rage et qu’une agricultrice est décédée en manifestant, les politiques réagissent.
Ce matin du 23 janvier, une voiture bélier a forcé le passage d’un blocage organisé par des agriculteurs sur une route de l’Ariège. Percutant un mur de paille érigé par les manifestants, la voiture a fauché une agricultrice, son mari ainsi que sa fille. L’agricultrice, Alexandra S. est décédée et sa famille grièvement blessée.
Un tragique évènement qui a attiré une attention supplémentaire sur la colère du monde de l’agriculture qui gronde et enfle depuis des semaines. « Je m’engage à ne pas sortir vivant de tout ça s’il le faut. On se battra jusqu’au bout » disait ce matin au micro de Livre Noir, Jérôme Bayle, éleveur de bovins et l’un des leaders du mouvement, à Carbonne (Haute-Garonne).
Face à la gravité de la situation, les politiques se sont manifestés.
Sandrine Rousseau, comme toujours à côté de la plaque
Aux environs de 8 h 45, Sandrine Rousseau, probablement mal réveillée, a vu passer le flash de franceinfo : « Une personne est morte et deux autres ont été gravement blessées, mardi 23 janvier dans la matinée, après qu’une voiture a foncé dans un barrage sur un point de blocage d’agriculteurs au niveau de Pamiers dans l’Ariège. »
Peu d’informations sont alors connues sur le drame. Cela n’a pas empêché la députée EELV, bien connue pour ses phrases saugrenues, de réagir au quart de tour. « Ce que font les agriculteurs depuis deux jours : explosion dans un bâtiment, une personne tuée, rails dégradés, est inadmissible. Et le silence du gouvernement est absolument incroyable ». Dommage pour Sandrine Rousseau, la lumière s’est allumée une seconde trop tard, elle avait déjà appuyé sur « publier ».
En à peine quelques secondes, peut-être prend-elle la peine de lire l’article de franceinfo en détail, Sandrine Rousseau prend conscience de son erreur et supprime immédiatement son tweet. C’est sans compter sur la vivacité des internautes qui ont immédiatement pris une capture d’écran de son débordement et l’ont republié dans la foulée.
Sandrine Rousseau a horreur du monde du travail et de la paysannerie qui s’organise et se révolte. Personne ne mérite de mourir sur un barrage pour défendre ses conditions de vie. Pas UN mot de compassion pour les proches de la victime. Non, Rousseau n’est pas une camarade. pic.twitter.com/FVWJorU2QZ
— Dr. Zinzin oui (@LeVraiRomain) January 23, 2024
Pour que Sandrine Rousseau ne soit plus jamais dans le noir, voici ce que l’on sait, pour le moment, des responsables du décès de l’agricultrice. Trois personnes se trouvaient dans le véhicule qui a renversé la famille S., ils ont été interpellés et placés en garde à vue. Ils sont tous trois de nationalité arménienne, et placés sous OQTF depuis fin 2023. Inconnus de la police, ils n’avaient jamais causé de trouble à l’ordre public. Une enquête a été ouverte pour homicide involontaire aggravé et blessures aggravées. « Au regard des tout premiers éléments de l’enquête, les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel », déclare au Parisien Olivier Mouysset, le procureur de la République de Foix.
L’hypocrisie LR
« Nous devons subventionner notre agriculture, c’est un secteur stratégique […] Les élus macronistes ont voté l’accord de commerce avec la Nouvelle-Zélande et toujours soutenu les normes environnementales toujours plus coercitives », disait l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, à l’antenne de Sud Radio ce matin. Une position incohérente. Ce traité, voté au niveau européen, a été adopté par le Parlement avec le concours de 98% des voix du PPE, groupe politique auquel il appartient, qui réunit aussi les élus Renaissance. Si l’on lui concède qu’il est allé à l’encontre de son groupe parlementaire, votant contre la ratification de ce traité, nous pouvons nous demander ce que fait la tête de liste des LR aux élections européennes 2024 dans un groupe dont il ne partage pas les positions.
De son côté, Éric Ciotti, président LR, dans une lettre à Emmanuel Macron, écrit : « Au Parlement européen, [les intérêts de nos agriculteurs] ont été plus encore méconnus avec le soutien apporté par vos eurodéputés aux mesures de la stratégie “Farm to fork”. Sur ce point, la délégation européenne des Républicains, rassemblée derrière François-Xavier Bellamy, n’a pas cessé d’alerter avec courage et constance sur les conséquences dramatiques de cette politique. »
Le RN à fond
Dès le 20 janvier, Jordan Bardera s’est déplacé en Gironde. « La politique, c’est comme l’amour, il n’y a que les preuves qui comptent et on peut dire que le gouvernement n’a pas manifesté beaucoup de preuves d’amour aux agriculteurs depuis 2017 », disait-il au micro de News. Il a, lui aussi, dénoncé l’accord de libre échange entre l’Europe et la Nouvelle-Zélande. Appartenant au groupe ID au Parlement européen, le Président du RN, ainsi que l’ensemble du groupe auquel il appartient, ont voté contre la ratification du traité.
À l’Assemblée Nationale, Grégoire de Fournas, député RN de Gironde, interpelle le gouvernement, demandant des mesures concrètes pour améliorer la vie des agriculteurs. Pour lui, les principales mesures sont la « suppression de l’augmentation de la fiscalité sur le GNR, fin des traités de libre-échange, fin de la stratégie de décroissance de l’agriculture Farm to Fork ».
Le parti a lancé une pétition « Contre l’Europe de Macron : soutien à nos agriculteurs ». Ils ont aussitôt été accusés par BFMTV de sortir « l’arme “pétition” pour constituer une base d’adresses mail » à quelques mois des européennes.
Avec sa pétition en soutien aux agriculteurs, comment le RN collecte les données personnelleshttps://t.co/Dmtrkag6fL pic.twitter.com/ybjb2vI5LM
— BFMTV (@BFMTV) January 23, 2024
LFI met tout sur le dos du gouvernement
On ne leur en voudra pas, le parti de Jean-Luc Mélenchon n’a jamais été au pouvoir ni majoritaire au Parlement, il ne peut que s’en prendre aux pouvoirs publics. Et ils ne s’en sont pas privé. « Macron les a enfoncés en refusant l’instauration des prix planchers pour améliorer leur rémunération », lit-on dans les tweets republiés du chef des Insoumis. Le 22 janvier, il tweet : « Le 30 novembre dernier, la macronie a fait échouer à six voix la proposition de loi de LFI portée par Emmanuel Bompart qui prévoyait l’instauration d’un prix plancher pour les produits agricoles, permettant une rémunération honnête des agriculteurs. »
Agriculture.
Le 30 novembre dernier, la macronie a fait échouer à 6 voix la proposition de loi de la @FranceInsoumise portée par @mbompard qui prévoyait l’instauration d’un prix plancher pour les produits agricoles, permettant une rémunération honnête des agriculteurs. pic.twitter.com/s7ReKISseJ
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January 22, 2024
À l’Assemblée Nationale, la députée LFI, Mathilde Hignet, parlait au nom de son groupe et interpellait le ministre de l’Agriculture sur la responsabilité des industriels dans la misère des agriculteurs : « Alors que l’inflation alimentaire a atteint 14 % en un an, les prix payés aux agriculteurs ont baissé de 10 %. Entre les deux, l’industrie agro-alimentaire a augmenté de 71 % son taux de marge […] Les industriels se gavent avec la complicité du gouvernement ».
Les insoumis ont à cœur de défendre les intérêts des agriculteurs, mais à certaines conditions. Une minute de silence pour l’agricultrice a été demandée par le président du groupe communiste, André Chassaigne. Éric Coquerel y a mis une condition, exigeant, si cette minute de silence se tenait, qu’une autre soit respectée en hommage aux deux adolescents de 14 et 18 ans, tués la semaine dernière à Saint-Denis. Une position défendue également par Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Les écologistes.
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