Politique
Aleksandar Nikolic : « La France insoumise légitime des lynchages ! »
Aleksandar Nikolic a accordé un entretien à Frontières. Le député européen évoque le climat d’antisémitisme en France, volontairement minoré par l’extrême-gauche. Il donne également des pistes quant aux laissez-passer consulaire auprès de l’Algérie et du Maroc.
Cet entretien a été réalisé dans le cadre de notre matinale
Dans ce contexte d’antisémitisme exacerbé en France, est-il judicieux de maintenir le match France-Israël ?
Il est essentiel de ne pas céder, et en ce sens, maintenir le match est une bonne décision. Il est évident qu’il existe de réels risques, comme on peut déjà le constater sur les réseaux sociaux. Le stade ne sera pas plein, ce qui est regrettable : on envisage environ 20 000 spectateurs dans une enceinte pouvant en accueillir 80 000. En 2004, il y avait 45 000 personnes ; il y a 20 ans, les problèmes d’antisémitisme étaient certes présents, mais de manière plus marginale et localisée, principalement dans certains quartiers.
Aujourd’hui, cet antisémitisme touche l’ensemble de la société française, comme le montrent les chiffres. Au cours des six premiers mois de l’année en France, 800 actes antisémites ont été recensés, soit approximativement six par jour. Ces actes vont des insultes aux agressions physiques, dont certaines violentes : 53 agressions physiques ont été signalées sur cette période, ce qui revient à dire qu’environ tous les deux jours et demi, une personne est physiquement attaquée parce qu’elle est juive.
Nous en sommes là aujourd’hui. On peut évoquer les incidents récents, comme ceux d’Amsterdam dans un contexte de football, mais cet antisémitisme latent s’exprime désormais de manière de plus en plus libre et violente dans la société française. Dans la rue, dans les écoles, beaucoup de Juifs se voient contraints de cacher leur identité et leur foi.
À propos des violences survenues à Amsterdam, certains députés de la France insoumise semblent presque en attribuer la responsabilité aux Israéliens, accusés d’adopter une attitude provocatrice. Lorsqu’on écoute la France insoumise, on a parfois l’impression qu’ils placent systématiquement la faute du côté des Juifs. Qu’en pensez-vous ?
Ils légitiment un lynchage. Une députée a récemment déclaré que les personnes agressées n’étaient pas attaquées en raison de leur identité juive, mais parce qu’elles soutiennent un État, en l’occurrence Israël, l’État sioniste. Cela sous-entend qu’on pourrait être lynché pour ses opinions, notamment si l’on défend Israël. C’est insensé de cautionner la violence de cette façon.
La violence ne devrait jamais intervenir, peu importe les opinions politiques. Pourtant, ce phénomène de violence semble se manifester de plus en plus fréquemment au sein de La France insoumise, y compris à l’Assemblée nationale. On se souvient notamment de Thomas Portes, qui avait menacé récemment Laurent Jacobelli et Philippe Lottiaux, ou encore de son geste pendant la réforme des retraites où il avait mis une photo de la tête de M. Dussopt sur un ballon avant de l’écraser symboliquement.
Les exemples d’antisémitisme et de violence sont nombreux. Jean-Luc Mélenchon a, par exemple, qualifié l’antisémitisme de « résiduel », minimisant ainsi sa portée. De plus, lors des émeutes après la mort de Nahel, Alma Dufour avait légitimé ces violences en affirmant que « la fin justifie les moyens ».
À Bordeaux, un homme a poignardé une femme et a déclaré dans sa déposition vouloir s’en prendre spécifiquement à des femmes blanches, tenant des propos ouvertement anti-blancs. Pensez-vous qu’il existe, d’une certaine manière, un risque lié au fait d’être blanc en France ?
Oui, cela peut être le cas pour certains, et on observe cette tendance, notamment sur les réseaux sociaux. Cela s’inscrit dans un phénomène de racialisation de la société, influencé principalement par l’immigration et la culture américaine. Aux États-Unis, les gens sont identifiés de manière permanente par leurs origines, comme Italo-Américains ou Afro-Américains, où l’identité raciale est centrale. En France, en revanche, nous considérons, à juste titre, qu’il n’existe pas de race et que l’important réside dans les idées, l’assimilation à l’identité française, son histoire et ses valeurs, ce qui est essentiel pour former une communauté unie. Au-delà du racisme, on peut également évoquer la montée de la violence.
Chaque jour, on dénombre 260 violences sexuelles et plus de 1 000 agressions volontaires avec coups et blessures, une situation qui devient hors de contrôle. On pourrait au moins exiger l’expulsion des immigrés qui commettent de tels actes. Cet homme, par exemple, était en situation régulière malgré des antécédents : en 2023, il avait déjà agressé une autre femme. Comment se fait-il qu’il soit encore en France alors qu’il récidive ?
Concernant les expulsions, la situation est compliquée. La France fournit des aides au développement, notamment environ 100 millions d’euros pour l’Algérie et 650 millions pour le Maroc chaque année. Malgré cela, l’augmentation des expulsions est minime : 16 % pour le Maroc et 30 % pour l’Algérie, ce qui nous fait passer de seulement 1 000 à 2 000 expulsions par an. Ces chiffres demeurent dérisoires. Pour obtenir cette hausse, nous avons dû accroître de 60 % le nombre de visas accordés à ces pays.
Cela signifie que, bien souvent, ces visas se transforment en titres de séjour provisoires, permettant à des personnes de s’installer durablement en France et, pour une partie d’entre elles, de finir sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Par exemple, pour l’Algérie, on est passé de 139 000 à 209 000 visas accordés, tandis que les OQTF ne dépassent que légèrement les 2 000, révélant un déséquilibre persistant.
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