Divers
Le 16 octobre 1793 : les derniers soupirs de Marie-Antoinette, reine martyre
Le 16 octobre 1793, Marie-Antoinette, dernier symbole de la monarchie déchue, monte les marches de l’échafaud. De reine à martyre, son destin tragique scelle la fin d’une époque, sous les cris d’une Révolution triomphante, sanglante et peu féministe. « Les femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées ».
Dans son adaptation d’Antigone, Jean Anouilh, écrivain du siècle dernier, écrivait : « La petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. […] Elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… » Antigone, c’était la reine, Marie-Antoinette.
Après la mort de son mari, décapité quelques mois plus tôt, l’enfermement au Temple, l’arrachement à ses enfants, et l’accusation d’inceste de la part de son fils — qui l’indigne et dont la réplique est désormais célèbre : « J’en appelle à toutes les mères ! » — Marie-Antoinette était le dernier symbole vivant de la monarchie absolue. Un symbole qu’il fallait abattre. Après un simulacre de procès, elle est condamnée à la peine capitale pour haute trahison par un tribunal criminel le 16 octobre de l’an de grâce 1793 et est exécutée le jour même, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) à Paris. À l’aube, dans sa cellule, la « veuve Capet » se prépare à affronter la mort. La reine reste calme, « comme on l’est quand la conscience ne reproche rien » écrit-elle à sa sœur. On lui ôte sa coiffe, on coupe ses cheveux et ses mains sont attachées derrière son dos.
Les derniers moments de Marie-Antoinette
À quoi pense-t-elle à ce moment-là ? À ses enfants, son mari, ses proches… probablement. Sa dernière domestique, Rosalie, est là, fidèle. Marie-Antoinette franchit la grille de la prison de la Conciergerie avec Henri Sanson. Dans la cour du Mai, l’attend sa charrette. Contrairement à Louis XVI, elle n’a pas eu le choix de son prêtre et refuse les services de l’abbé Girard.
Le long cortège funèbre essaye de se frayer un chemin à travers des rues noires de monde, où certaines personnes injurient la reine. C’est aux environs de midi que la charrette arrive sur la place de la Révolution. La tension est à son comble. Marie-Antoinette descend et monte les marches de la mort. Selon la légende, elle aurait marché sur le pied de son bourreau en prononçant ses dernières paroles : « Monsieur, je vous demande pardon, je ne l’ai pas fait exprès ! » Elle est attachée sur une planche et, quelques instants plus tard, le fer de la guillotine sépare sa tête du reste de son corps. La reine est morte. On saisit sa tête et on la montre tel un trophée à la foule en criant ce slogan si cher à nos contemporains : « Vive la République ! »
Le mythe d’une « révolution féministe »
L’écrivain Chateaubriand considéra que le premier crime de la Révolution fut la mort du roi, mais que le plus affreux fut la mort de la reine. Mme de Staël défendra la reine : « Ses bourreaux, écrit-elle, ont épuisé tous les genres de supplices. » Le comte de Fersen ne pensera plus qu’à elle et s’enfermera notamment avec une ancienne dame du palais. À Paris, il fera rechercher des objets qui lui ont appartenu. Nombreux furent les grands procès de femmes sous la Révolution, mais celui de Marie-Antoinette est tout un symbole puisqu’il attaque la reine de France, la mère et la femme.
Pour la Révolution, la femme est le complot, et ce dernier est contre-révolutionnaire. Seulement quelques jours après l’exécution de Marie-Antoinette, la Convention décréta la fermeture des clubs féminins. L’idéal révolutionnaire est un idéal terriblement rétrograde contrairement à l’imaginaire collectif. Pour en finir avec la « société mixte de Versailles, écrit Emmanuel de Waresquiel, où l’arbitraire monarchique est sans cesse associé à l’influence néfaste des femmes », un nouveau modèle s’impose, s’inspirant des républiques antiques. La célèbre portraitiste Élisabeth Louise Vigée Le Brun écrivait : « Les femmes régnaient alors, la Révolution les a détrônées ».
À lire aussi : Jordan Bardella publiera son premier livre chez Fayard en novembre
Aucun commentaire
Loading