Londres compterait aujourd’hui 85 « cours de la charia », qui régissent des aspects de la vie familiale comme les mariages, divorces et testaments, souvent sans être enregistrés dans le cadre légal britannique. Ces tribunaux informels, généralement dirigés par des érudits islamiques, sont de plus en plus sollicités par des musulmans venus de toute l’Europe et d’Amérique du Nord.
Selon le Times, environ 100 000 mariages auraient été enregistrés dans ces institutions, la plupart sans déclaration aux autorités civiles. La polygamie, bien que prohibée au Royaume-Uni, est couramment acceptée par ces tribunaux, et une application mobile permet aux musulmans de rédiger des testaments islamiques, dans lesquels les hommes peuvent inscrire le nombre d’épouses qu’ils ont (entre une et quatre). De plus, cette application attribue aux filles une part d’héritage moitié moins importante que celle des garçons.
Une justice parallèle qui menace les droits des femmes
Les préoccupations se concentrent sur les risques que cette justice parallèle fait peser sur les droits des femmes. Les hommes peuvent mettre fin à leur mariage en prononçant trois fois le mot « divorce », tandis que les femmes doivent passer par des procédures religieuses pour obtenir une séparation, ce qui les place dans une situation de dépendance.
Caroline Cox, membre de la Chambre des Lords, a proposé un projet de loi visant à protéger les femmes des discriminations religieuses, en réponse à l’influence croissante de ces tribunaux. Cependant, le gouvernement britannique a rejeté une proposition de régulation, craignant qu’une telle mesure ne légitime la charia comme alternative au droit national.
Une prise de position alarmante
Au printemps dernier, un sondage du groupe de réflexion Henry Jackson Society a révélé des résultats inquiétants concernant l’acceptation de la charia. L’étude a révélé que 32 % des musulmans interrogés jugent « souhaitable » l’instauration de la charia au Royaume-Uni d’ici à 20 ans, tandis que 45 % préfèrent ne pas se prononcer. De plus, 63 % des sondés se disent favorables à l’implantation de salles de prières dans des lieux non religieux comme les entreprises ou les écoles. Ces résultats montrent une tendance inquiétante vis-à-vis de l’acceptation de la charia et de son rôle croissant dans la société britannique.
Comme le rapporte le JDD, face à cette situation, des voix s’élèvent pour dénoncer cette « privatisation » du droit et son impact sur la société. Stephen Evans, directeur de la National Secular Society, alerte sur la menace que représente cette justice parallèle, qui remet en cause l’idée d’une loi commune pour tous.
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