Politique
Marie Dauchy, une élue RN agressée sur un marché, attaquée jusque dans la salle d’audience
Agressée sur un marché en pleine campagne législative, ce vendredi 13 décembre, l’eurodéputée RN Marie Dauchy a dû affronter un procès aussi éprouvant que l’incident lui-même. L’avocat de la défense, virulent et insultant, a détourné l’audience en multipliant les attaques personnelles et politiques, tandis que des militants d’extrême gauche, venus soutenir l’agresseur, ont rempli la salle d’audience pour défendre un récidiviste violent. Un double affront qu’elle a dénoncé avec force, tout en appelant à ne pas céder à la peur.
Mohamed, un commerçant de 42 ans et gérant d’une épicerie à La Rochette en Savoie, déjà sanctionné par la justice à 15 reprises pour des faits de violence, a écopé ce vendredi 13 décembre d’une amende de 1 600 euros, prononcée par le tribunal correctionnel de Chambéry. Il lui a été reproché d’avoir injurié et bousculé l’eurodéputée du Rassemblement national (RN) Marie Dauchy en juillet dernier, alors qu’elle tractait sur le marché de la petite commune savoyarde.
Une campagne sous tension pour Marie Dauchy
Le 3 juillet, alors qu’elle va à la rencontre des habitants entre les deux tours des élections législatives, Marie Dauchy, candidate RN, subit une violente agression. Accompagnée de son assistant, deux hommes s’en prennent à elle, mais un seul est identifié, et jugé. Le commerçant, qui se revendique militant anti-RN et qui nie par ailleurs toute violence physique, profère des menaces de mort répétées, notamment : « Je vais te crever, je vais crever ta mère. » Cet épisode marque profondément l’élue RN, qui, depuis, suit une thérapie pour surmonter le stress post-traumatique causé par l’incident.
Cette agression donne également lieu à un procès, une épreuve particulièrement difficile pour la plaignante, à la fois par la violence des faits et par l’hostilité qu’elle rencontre dans la salle d’audience.
Une hostilité manifeste dans la salle d’audience
« Je n’ai pas beaucoup parlé de cette affaire parce que déjà, j’ai su lundi soir que ça allait paraître vendredi (…) Lorsque je suis arrivée devant le tribunal, je ne m’attendais pas à voir des gens qui soutenaient mon agresseur. Il y avait des affiches où c’était écrit : “Courage, nous sommes avec toi.” », confie-t-elle à Frontières. Pourtant, une fois à l’intérieur du tribunal, la situation se révèle encore plus choquante. En effet, dans la salle d’audience, bondée de militants d’extrême gauche, l’agresseur et son avocat sont applaudis, tandis que les moqueries fusent lorsque l’eurodéputée prend la parole.
En outre, l’avocat de la défense, Maître Bernard Ripert, connu pour son passé sulfureux, notamment en tant qu’ancien avocat de l’organisation armée Action Directe, et pour avoir été interdit d’exercer pendant trois ans avant de faire annuler la sanction en justice, se montre d’une virulence inouïe. « Il a dit qu’il fallait plus d’hommes comme son client, pour pouvoir faire ce qu’il avait fait, c’est-à-dire dégager les gens comme moi sur les marchés. » Mais il ne se serait pas arrêté là. Selon Mademoiselle Dauchy, il serait rapidement devenu insultant et serait allé jusqu’à la traiter de « rat ».
De plus, l’élue souligne que pendant l’audience, l’avocat a semblé davantage préoccupé par attaquer son parti politique que par aborder les faits de l’affaire. « Il a parlé du Front National, des emplois fictifs… de plein de choses qui n’avaient absolument rien à voir avec mon agression. » Puis, il a enchaîné avec des insinuations sur le racisme. « À un moment donné, il m’a demandé : “Pourquoi est-ce que personne n’est intervenu pour vous défendre ?” Je lui ai répondu : “Les gens ont peur sans doute.” Et là, il a rétorqué : “Oui, c’est parce que mon client est un sale Arabe.” »
La jeune femme politique de 37 ans a immédiatement réfuté cette insinuation, en expliquant que la peur des témoins était certainement liée à la carrure imposante de son assaillant. « Je suis toute petite à côté. Même à la barre, c’était flagrant. Il avait parlé avant moi, et quand j’ai pris la parole, j’ai dû baisser le micro d’au moins 40 centimètres. » Un déséquilibre flagrant qui aurait dû troubler un parterre de militants de gauche, drapés dans leur prétendu engagement féministe.
Une élue RN a-t-elle le droit à la reconnaissance de son statut de victime ?
Ce qui pousse l’eurodéputée à s’interroger sur le soutien des militants d’extrême gauche et leur prétendu engagement féministe, qu’elle considère en totale contradiction avec leur défense d’un récidiviste déjà condamné 15 fois pour des faits de violence. « Comment peuvent-ils prétendre défendre les femmes tout en applaudissant un homme avec un tel passé ? » s’indigne-t-elle. Elle estime aussi que leur haine envers son parti les aveugle au point de ne plus voir la réalité : il s’agit d’un homme qui agresse une femme. « À un moment donné, il ne s’agit pas vraiment, pour eux, de l’agression d’une femme, mais plutôt d’une question d’idéologie. »
Cependant, malgré la dureté des débats et le climat hostile qui marquent l’audience, la parlementaire ressent un immense soulagement à l’annonce de la culpabilité de son agresseur. « Je ne croyais plus trop qu’on puisse juger mon agresseur comme coupable, étant donné que j’ai vraiment eu l’impression que c’était moi l’accusée dans cette affaire. » Si le volet financier du jugement lui importe peu, cette condamnation représente pour elle une première étape dans la reconnaissance de son statut de victime.
⚖️ COUPABLE !
Vendredi, l’un de mes agresseurs a été reconnu coupable. Une victoire pour la justice, malgré une audience marquée par des violences inouïes : insultes, provocations et une manifestation d’extrême-gauche soutenant mon agresseur.
🙏🏻Merci infiniment pour vos soutiens. pic.twitter.com/dty2MfNzSa— Marie Dauchy (@M_Dauchy) December 15, 2024
En effet, le tribunal le reconnaît coupable et le condamne à une amende de 1 200 euros, dont 800 euros avec sursis. Toutefois, les dommages et intérêts doivent encore être examinés lors d’une audience prévue en mars. Toutefois, la Cour ne retient pas le statut d’élue de Marie Dauchy, estimant qu’il n’y a pas de preuve que l’auteur de l’agression connaissait sa fonction politique au moment des faits.
Les initiatives de Marie Dauchy pour protéger les militantes et continuer le combat politique
Pourtant, l’élue RN refuse que son agression devienne un frein pour ceux qui souhaitent s’engager en politique. Soucieuse de protéger les militantes de son parti, elle met en place des initiatives concrètes, comme des cours de self-défense et la distribution d’alarmes anti-agression. Malgré les épreuves qu’elle traverse, sa détermination à défendre ses idées reste intacte. Elle veut encourager les autres militants à ne pas céder à la peur et à continuer leur combat avec courage. À travers son expérience, elle espère aussi éveiller les consciences sur les violences que subissent les élus, les femmes, et les militants, peu importe leur appartenance politique.
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