Société
Guadeloupe : le courant rétabli, mais le climat reste électrique
Après deux jours sans électricité, la Guadeloupe retrouve enfin le courant, mais l’atmosphère reste tendue sur l’archipel. La coupure généralisée, qui a plongé les habitants dans le noir depuis vendredi, a pris fin ce dimanche grâce à la remise en marche des moteurs de la centrale principale de production d’électricité. Ce rétablissement survient alors que les tensions sociales entre la branche énergie de la CGT et la direction d’EDF Production Électrique Insulaire (PEI) sont loin d’être apaisées, et que des pillages ont été signalés dans plusieurs villes.
Depuis le début de ce conflit social, la Fédération de l’Énergie CGTG (FE-CGTG), par le biais de son secrétaire général, s’est efforcée de défendre les actions des salariés d’EDF PEI. Dans un communiqué publié la veille du rétablissement, la FE-CGTG refuse que la grève soit tenue seule responsable de l’interruption du réseau. « Les différentes séquences favorisant le black-out ne sont pas toutes imputables à la seule grève des agents d’EDF PEI », indique-t-elle. Elle reproche à la direction de l’entreprise une « provocation de trop », notamment par des menaces de mise à la retraite d’office adressées à un agent gréviste. Pour le syndicat, cette situation aurait « exacerbé la colère » des autres employés.
En l’absence de tout délestage électrique, c’est la provocation (de trop) de la Direction d’EDF PEI, ce jeudi après midi, en prenant à partie un agent en grève pour autant maintenu à son poste qui est à l’origine direct du coup de sang de ses collègues d’EDF PEI ⤵️ pic.twitter.com/yxRiu6vjPU
— Jimmy THELEMAQUE (@ThelemaqueJimmy) October 26, 2024
En Guadeloupe, le conflit social s’envenime
En revanche le préfet de Guadeloupe avait accusé dès vendredi des « salariés grévistes » de s’être introduits dans la salle de commandes de la centrale et d’avoir « provoqué l’arrêt d’urgence de l’ensemble des moteurs ». Selon lui, cet « arrêt illégal » a privé de courant l’ensemble de l’archipel, et a créé une situation d’urgence à gérer pour les autorités locales et nationales. Le préfet a également insisté sur la gravité de l’action, mettant en avant le risque pour la sécurité publique, d’autant plus que des pillages sont survenus presque immédiatement après la coupure.
Face à ces accusations, la FE-CGTG s’est insurgée contre ce qu’elle considère comme un « pourrissement » orchestré de la grève. Elle accuse la direction d’EDF PEI de rompre les négociations entamées quelques semaines auparavant et de « quitter la table des discussions » en pleine crise. Selon le syndicat, « faire des agents en grève les seuls responsables du black-out […] est le chemin de la facilité » pour des responsables qu’elle tient pour incapables de répondre aux urgences techniques.
Le préfet ne lève pas le couvre-feu
Le rétablissement de l’électricité ne suffit pas à apaiser les tensions dans la région. Dans la nuit de vendredi à samedi, l’absence d’éclairage public et de dispositifs de sécurité a permis à des groupes de pillards de s’en prendre aux commerces. À Pointe-à-Pitre, des bijouteries ont été attaquées à la tractopelle, et plusieurs boutiques saccagées.
Guadeloupe, pillage et violences urbaines après une coupure générale d’électricité….
Les #FDO ont été pris pour cible par des jets de pierres et cocktail Molotov….. pic.twitter.com/CsOEiMC7Cx— 🇨🇵✌️ Alexy (@alexysiktrice) October 26, 2024
Ces actes de violence ont poussé les autorités à instaurer un couvre-feu partiel, reconduit dimanche soir pour prévenir de nouveaux débordements.
#ConflitEDFPEI #Couvrefeu Le Préfet de la région Guadeloupe décide la mise en place d’un couvre-feu de dimanche 27 octobre à 22h00 à lundi 28 octobre à 05h00. pic.twitter.com/5vbvXJvtoq
— Préfet de Guadeloupe (@Prefet971) October 27, 2024
Dans ce contexte, la FE-CGTG déplore que ses agents en grève soient pointés comme « boucs émissaires ». Le syndicat persiste et exige la démission de Frédéric Maillard, PDG d’EDF PEI, accusé de « probables responsabilités dans cette déroute ».
A lire aussi : Paul Watson : la France examine la demande de naturalisation de l’activiste de défense des baleines
Aucun commentaire
Loading