Dans un élan de rigueur budgétaire, le gouvernement fait une fois de plus les yeux ronds aux fonctionnaires, ces « absents » souvent perçus comme des champions du repos. En vue de réduire le déficit, l’exécutif s’apprête à majorer le délai de carence des arrêts maladie, le faisant passer de 1 à 3 jours. Cette mesure, censée permettre d’économiser 1,2 milliard d’euros sur les 5 milliards d’euros de coupes budgétaires en discussion, a été dévoilée par le ministre Laurent Saint-Martin dans le cadre d’un projet de budget qui, avouons-le, sonne comme une pluie de restrictions.
Sous couvert de « moderniser » la fonction publique, le gouvernement s’engage à adapter les règles du jeu. Les arrêts maladie, souvent présentés comme des trous d’air au sein de l’administration, verront leur indemnisation plafonnée à 90 %, au lieu de 100 %. Une réforme qui, si elle est saluée par certains, soulève des interrogations sur le bien-être des agents, déjà en proie à un climat de travail tendu.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes
Le rapport remis récemment met en lumière une situation inquiétante : le nombre de jours d’absence dans la fonction publique a grimpé de 43 millions en 2014 à 77 millions en 2022, une augmentation frisant les 80 %. Dans cette guerre de chiffres, le gouvernement semble se délecter de cette hausse pour justifier son offensive. Mais à quel prix ? Les fonctionnaires, souvent dépeints comme des paresseux, sont-ils vraiment les coupables de cette débâcle ?
Pour atteindre cet objectif ambitieux, le ministre a évoqué d’autres pistes d’économies, excluant cependant les ministères de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et de l’Enseignement supérieur, comme s’ils étaient protégés par un bouclier budgétaire. La réduction de 600 millions d’euros dans l’aide publique au développement et la diminution de 300 millions d’euros dans le budget dédié aux voitures électriques illustrent bien la volonté de l’exécutif de faire des coupes à tour de bras. Et n’oublions pas la suppression prévue de 2 200 postes de fonctionnaires, ajoutant une couche d’inquiétude à un service public déjà en souffrance.
Une tempête politique à l’horizon
Face à ces annonces, le Rassemblement national s’est rapidement positionné contre le budget, annonçant qu’il votera contre cette réforme qu’il considère comme une atteinte aux services publics. Jean-Philippe Tanguy, chef de file du parti à l’Assemblée nationale, a exprimé des critiques acerbes à l’égard de Michel Barnier, le qualifiant de figure « machiavélique » masquée sous des apparences de sagesse.
De leur côté, les syndicats expriment des inquiétudes croissantes, craignant que ces réformes n’entraînent une dégradation des conditions de travail des fonctionnaires, déjà éprouvés par des années de restrictions budgétaires. Le débat sur l’avenir de la fonction publique est ainsi relancé, suscitant des interrogations sur l’équilibre entre nécessité d’économies et préservation d’un service public de qualité.