Politique
SNU : encore un grand plan d’Emmanuel Macron qui pourrait être abandonné
Ce 28 octobre, Le ministre des Sports, Gilles Averous, a admis que le Service National Universel (SNU) n’a pas les financements nécessaires pour être généralisé, malgré la volonté d’Emmanuel Macron. Alors que la mise en œuvre en 2025 semble compromise et 2026 incertain, le sénateur UDI Laurent Lafon propose une suppression pure et simple du programme pour économiser 160 millions d’euros.
Interrogé par Jean-Jacques Bourdin le 28 octobre sur Sud Radio, le ministre des Sports, Gilles Averous, a récemment reconnu les obstacles : « Aujourd’hui, nous n’avons pas les moyens financiers pour le généraliser. Emmanuel Macron en a la volonté, et elle est forte et louable. Mais… pour l’instant, je n’ai pas les ressources nécessaires pour une généralisation du SNU, c’est clair. » Ce constat vient éteindre l’espoir d’une mise en place dès 2025 et rend hypothétique une généralisation en 2026.
ALERTE INFO
“Nous n’avons pas les moyens pour une généralisation du SNU, ni en 2025 ni en 2026” annonce @GilAverous, ministre des Sports pic.twitter.com/vbNGpnt0vH— Sud Radio (@SudRadio) October 28, 2024
Généralisation du SNU : une utopie hors de prix
Initialement, le SNU était conçu pour remplacer la journée d’appel et le service militaire, et sa généralisation était prévue dès 2024. Annoncé en grandes pompes par Macron, ce programme faisait partie des promesses de campagne de 2017 avant de voir le jour en 2019. S’en est suivie une intense campagne de communication. Gabriel Attal et l’influenceur sportif Tibo InShape ont même tourné un clip de campagne en Guyane, bras dessus bras dessous, pour promouvoir le SNU auprès des jeunes et poser les bases du service obligatoire.
Emmanuel Macron comptait d’ailleurs sur le dispositif pour répondre aux émeutes des banlieues. Il y a neuf mois, interrogé après la mort de Nahel, le chef de l’État avait mis en lumière la précarité de certains jeunes « souvent sans école depuis le mois d’avril », confirmant une nouvelle fois sa détermination à généraliser le SNU pour offrir « un cadre structurant ».
Le dispositif, après des expérimentations, avait réussi à impliquer 40 000 jeunes en 2023, un chiffre en-deçà de l’objectif initial de 64 000. Mais le SNU c’est surtout révélé être un véritable gouffre financier. A titre d’exemple, le coût annuel du séjour de cohésion s’élève déjà à près de 2 900 € par jeune.
L’heure des comptes
La Cour des comptes, dans un récent rapport, a dénoncé l’explosion des coûts du SNU, passés de 30 millions d’euros en 2020 à 160 millions en 2024. Elle juge cette flambée budgétaire incompatible avec l’objectif de généraliser le dispositif à l’ensemble des jeunes. L’instant pointe une dérive financière qui remet en question la faisabilité même du projet. Si l’objectif est d’atteindre l’intégration de 800 000 jeunes chaque année, le coût estimé grimperait à 2,5 milliards d’euros pour le seul séjour de cohésion. En incluant les autres phases du programme, la Cour projette une dépense totale de 3,5 à 5 milliards d’euros, sans compter les investissements en infrastructures, évalués à 6 milliards d’euros supplémentaires.
Avec de tels chiffres, le programme initial semble plus éloigné que jamais. La Cour conclut d’ailleurs : « Partant de ce constat, la Cour a également estimé les coûts induits par une généralisation du SNU… ces coûts ne sont pas compatibles avec les objectifs financiers actuels. »
Une solution pour stopper l’hémorragie budgétaire du SNU
Par conséquent, Laurent Lafon, sénateur du Val-de-Marne, n’y va pas par quatre chemins : « La Cour des comptes a démonté les failles du Service National Universel (SNU). Supprimer ce programme, c’est rendre 160 millions d’euros à l’État. Je défendrai sa suppression lors du débat sur le PLF ». Voilà sa solution pour stopper l’hémorragie budgétaire du SNU.
La @Courdescomptes a démontré les lacunes du Service National Universel (SNU). Sa suppression permettrait d’économiser 160 M€ à l’Etat. Je proposerai sa suppression lors du débat sur le PLF. https://t.co/A6o7VvZhAL via @Senat @UC_Senat
— Laurent Lafon (@L_Lafon) October 22, 2024
Le SNU rejoint la longue liste des projets ambitieux d’Emmanuel Macron, lancés en fanfare et aussitôt rattrapés par la réalité. Après le plan « Marseille en Grand », censé sauver la cité phocéenne de l’insécurité – qui, selon la Cour des comptes, s’est révélé surtout être un « plan sécurité » sans policiers ni budget – c’est désormais le SNU qui s’effondre sous le poids de sa propre gabegie.
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