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Jérôme Fourquet : « La prochaine sera la bonne pour Marine Le Pen »

Jérôme Fourquet, sondeur, politologue et analyste politique français de renom, revient sur les bouleversements politiques et sociologiques que connaît la France depuis une trentaine d’années. (Entretien complet à paraître dimanche sur Livre Noir à 17h)

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Jérôme Fourquet : « La prochaine sera la bonne pour Marine Le Pen »

Dans cet entretien, Jérôme Fourquet revient sur son dernier livre La France d’après. Remaniement, Rassemblement National, Jordan Bardella, immigration… le sondeur et politologue français analyse la France de 2023.

Selon vous Jérôme Fourquet, que dit ce remaniement ministériel ainsi que ce choix de nommer un si jeune Premier ministre ?

Pour analyser le pourquoi du comment de ce remaniement ministériel, il faut revenir en arrière. Tout procède du soir du second tour des élections législatives de 2022, une élection qui s’était soldée par un échec pour Emmanuel Macron, puisqu’il n’avait pas obtenu de majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Il manquait à la pseudo-majorité présidentielle 45 sièges pour faire une majorité absolue. Depuis cet échec, Emmanuel Macron tente de trouver des solutions pour contourner ce handicap démocratique, notamment avec le recours fréquent au 49.3. On a également vu depuis 2022 Emmanuel Macron avoir du mal à faire passer certains textes de lois majeurs comme celui sur la réforme des retraites et plus récemment sur la loi immigration. Pour la première fois, toutes les oppositions se sont coalisées dans le but de faire chuter la minorité présidentielle. L’exécutif a touché du doigt très concrètement les conséquences de son statut minoritaire à l’Assemblée Nationale. C’est du fait de cette loi immigration qu’Emmanuel Macron s’est dit qu’il fallait sortir de cette impasse. Enfin, s’ajoute à cette prise de conscience de la part de l’exécutif, la présence d’un rendez-vous électoral majeur, les élections européennes de juin prochain. C’est comme cela que j’analyse ce choix soudain de remaniement. 

Alors pourquoi ce choix de Gabriel Attal selon vous ? 

Il y avait deux scénarios envisageables pour ce remaniement. Soit ce dernier devait permettre un élargissement de la majorité, c’est-à-dire très concrètement, un accord politique passé avec Les Républicains. Soit un véritable remaniement qui aux yeux des Français ne devait pas s’apparenter à un jeu des chaises musicales dans lequel nous aurions remplacé madame Borne par monsieur Le Maire. Le remaniement devait avoir un impact, il devait marquer les esprits. D’où la décision de choisir Gabriel Attal, qui d’après toutes les enquêtes d’opinions, est le ministre le plus populaire du gouvernement, du fait de son âge et de sa courte action en tant que ministre de l’Éducation nationale. Emmanuel Macron a fait le meilleur choix pour lui. Il devait sauter toute une génération de politiciens afin d’intéresser à nouveau les citoyens à son action et plus largement à la vie politique. Néanmoins, malgré ce remaniement, il manquera toujours 45 députés à la macronie pour avoir une vraie majorité…

Finalement, n’est-ce pas un remaniement que l’on pourrait qualifier d’anti-Bardella ? On voit en effet que le président du RN, lui aussi très jeune, est en pleine percée, notamment chez les jeunes.

C’est sans doute l’une des arrière-pensées d’Emmanuel Macron. Il fallait pour le Président de la République trouver quelqu’un de suffisamment puissant médiatiquement pour faire pièce à Jordan Bardella dont la percée sondagière et numérique n’a sans conteste pas échappé aux stratèges de l’Élysée. Il fallait également quelqu’un capable de mener efficacement la bataille des élections européennes. Face au saut de génération fait au Rassemblement National, il fallait faire de même et trouver quelqu’un capable de tenir un duel médiatique avec Jordan Bardella. 

Comment décririez-vous l’évolution du segment socio-démographique du vote Rassemblement National depuis l’élection présidentielle de 2022 ?

Dans mon livre, je parle de la montée des eaux bleu marine pour illustrer la montée en puissance de ce vote depuis 25 à 30 ans avec comme point de départ l’élection présidentielle de 2002. Élection durant laquelle, un candidat du Front National, Jean-Marie Le Pen s’était qualifié au second tour. Il avait fait à l’époque à peine 18% des voix face à son opposant Jacques Chirac. Pour comparer à aujourd’hui, sa fille, Marine Le Pen, en 2022, s’est qualifiée pour la deuxième fois au second tour et a obtenu 41,5% des voix. C’est ce score du second tour qui m’a donné l’envie d’écrire ce livre.

Je travaille depuis près de 30 ans sur le vote Front National et ce score m’a totalement saisi. À titre de comparaison, en 2002, Jacques Chirac a 20 millions de voix d’avances sur Jean-Marie Le Pen. En 2017, Emmanuel Macron a au second tour 11 millions de voix d’avance sur Marine Le Pen. En 2022, cette avance n’est plus que de 5,7 millions de voix. On peut poursuivre le calcul et dire que la prochaine sera la bonne pour Marine Le Pen. Ces chiffres illustrent bien cette montée progressive des eaux bleu marine.

 

Entretien complet de Jérôme Fourquet à sur la chaîne YouTube de Livre Noir 

À lire aussi : [Édito] L’année Attal sera celle du néant

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