Immigration
Brest : une boucherie halal abritait une cellule djihadiste présumée
À Brest, une boucherie halal servait de lieu de rassemblement pour une cellule djihadiste présumée. Six hommes sont renvoyés devant la justice pour association de malfaiteurs terroriste.
Une cellule djihadiste présumée gravitant autour d’un ancien combattant de l’État islamique a été mise en lumière à Brest, entre 2019 et 2020. Les faits, dévoilés par Le Monde, révèlent que ce groupe se réunissait régulièrement dans une boucherie halal baptisée « Chez Wahid ». Ce commerce, surveillé par les renseignements français, aurait servi de point central pour des projets d’attentats.
Une enquête déclenchée en 2019
Tout commence en 2019, lorsqu’un renseignement étranger alerte la France sur Mohamad D., un réfugié syrien arrivé en France en 2015. Cet homme, également connu sous le nom d’Abou Omar Al-Falastini, aurait combattu pour l’État islamique dans l’une de ses brigades les plus violentes, la katibat al-Mouhajirine, dirigée par le tristement célèbre Abou Omar Al-Chichani. Mohamad D., qui avait obtenu un statut de réfugié à son arrivée, l’a ensuite perdu en raison des suspicions pesant sur lui.
La boucherie, dirigée par Wahid B., déjà condamné en 2019 pour apologie du terrorisme, devient rapidement un lieu stratégique pour cette cellule. Les services de renseignement, grâce à une sonorisation des lieux, captent des conversations entre les membres de cette cellule. Ces discussions mélangent des projets d’attentats, des propos haineux, et des éléments de vie quotidienne.
Projets d’attentats et radicalisation
Parmi les projets évoqués, plusieurs scénarios inquiétants sont discutés d’après France 3 : une attaque contre un match de football à Brest, une tuerie dans un village voisin, ou encore une action visant les célébrations du Nouvel An chinois à Paris. Ces discussions, bien qu’elles puissent parfois sembler vagues, démontrent un sérieux potentiel de passage à l’acte. Une conversation en particulier attire l’attention : Mohamad D. affirme qu’il serait « facile de tuer tout un village en une nuit ». D’autres membres parlent également de se procurer des armes, envisageant des sources allant de Marseille à la Bosnie.
La cellule semble bien consciente du danger de ses activités. L’un de ses membres, Erwan M., un converti, décide de raser sa barbe et demande à sa femme de retirer son niqab pour ne pas attirer l’attention. Ce comportement montre l’utilisation de la taqîya, un principe permettant de dissimuler sa foi en contexte hostile.
Arrestation et suites judiciaires
Face à l’escalade des discussions et au risque imminent, les autorités françaises passent à l’action en janvier 2020. Sept membres de cette cellule sont interpellés. Parmi eux, six sont aujourd’hui renvoyés devant la cour d’assises des mineurs, l’un des accusés ayant 16 ans au moment des faits. Les charges retenues incluent l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Lors des interrogatoires, certains membres minimisent leurs propos, les qualifiant de « blabla » ou de simples discussions sans réelle intention. D’autres, comme Mehdi, assument davantage leurs velléités violentes. Le procès, prévu au printemps 2025, sera déterminant pour juger de la gravité des faits reprochés.
Une affaire révélatrice
Cette affaire met en lumière les risques liés à certains commerces communautaires, souvent pointés du doigt pour leur potentiel rôle dans le financement ou la facilitation du djihadisme, ici cette boucherie halal. Elle illustre également les failles du système d’accueil des réfugiés en France, avec la présence d’un ancien combattant de l’État islamique bénéficiant initialement de ce statut.
Les autorités, grâce à la surveillance accrue, ont pu éviter des actes potentiellement dramatiques. Toutefois, ce dossier souligne une fois de plus la complexité de la lutte contre le terrorisme et le rôle de l’islamisme local.
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