International
Le chancelier autrichien Karl Nehammer refuse de s’allier avec la droite populiste et préfère démissionner
Depuis plus de trois mois, les partis centristes tentaient en vain de former un gouvernement en écartant le FPÖ, pourtant vainqueur des dernières élections législatives. Le 4 janvier au soir, le chancelier autrichien Karl Nehammer, en poste depuis décembre 2021, a finalement jeté l’éponge et annoncé sa démission.
Depuis plus de trois mois, les partis centristes s’efforçaient de bâtir une coalition excluant le FPÖ (le Parti de la liberté d’Autriche), pourtant arrivé en tête des élections législatives avec 28,8% des voix en septembre. Mais malgré tous les efforts, les discussions ont échoué. Fidèle au principe du front républicain visant à tenir la droite populiste à l’écart, l’ÖVP du conservateur Nehammer avait tenté de nouer une alliance avec SPÖ, le parti social-démocrate. En vain.
Le chancelier autrichien Karl Nehammer coincé dans l’impasse du front républicain
« Nous avons négocié sérieusement et en toute transparence, mais il est clair qu’aucun accord n’est possible avec le SPÖ sur des points fondamentaux » a déclaré Karl Nehammer sur X. « Le Parti populaire reste fidèle à ses engagements : nous refusons les mesures qui pénalisent la performance et les entreprises, ainsi que toute hausse de taxes. C’est pourquoi nous mettons un terme aux négociations avec le SPÖ et ne les reprendrons pas. je (…) quitterai à la fois mes fonctions de chancelier et de président du Parti populaire dans les prochains jours et permettrai une transition ordonnée».
Wir haben lange und redlich verhandelt. In wesentlichen Punkten ist mit der SPÖ keine Einigung möglich. Die Volkspartei steht zu ihren Versprechen: Wir werden leistungs- und wirtschaftsfeindlichen Maßnahmen oder neuen Steuern nicht zustimmen. Daher beenden wir die Verhandlungen… pic.twitter.com/evKgQbtTwq
— Karl Nehammer (@karlnehammer) January 4, 2025
Hausse d’impôts et taxes sur les grandes fortunes, le point de rupture entre les conservateurs et sociaux-démocrates
La situation s’était déjà compliquée la veille, lorsque le petit parti libéral Neos avait brutalement quitté les négociations. « Nous, les Néos, ne poursuivrons pas les négociations sur une éventuelle coalition à trois », a déclaré Beate Meinl-Reisinger, leur cheffe, en critiquant le manque de courage des autres partis pour prendre des réformes ambitieuses, comme le relèvement de l’âge de la retraite.
Le retrait des libéraux des négociations avait fragilisé la position de l’ÖVP et du SPÖ, qui, même ensemble, ne disposaient que d’une majorité d’un seul siège au parlement. Cette situation rendait tout accord précaire, d’autant que les divergences entre les deux partis sur des sujets clés, comme la fiscalité, semblaient insurmontables : l’ÖVP s’était opposé fermement à toute hausse d’impôts, tandis que le SPÖ militait pour taxer les grandes fortunes et les successions.
Dans ce contexte, le FPÖ, fort de ses 29 % des voix, était devenu l’acteur central du paysage politique. Une coalition avec l’ÖVP représentait la seule possibilité de garantir une majorité stable, mais Karl Nehammer s’était catégoriquement opposé à gouverner avec Herbert Kickl, le leader du FPÖ, qui insistait pour diriger tout gouvernement incluant son parti. Coincé entre des alliances impossibles, Nehammer a préféré démissionner, laissant l’Autriche face à une crise politique et des perspectives d’élections anticipées.
Aucun commentaire
Loading