Immigration
Les banlieues pourraient-elles être sauvées par l’armée ?
ENTRETIEN – Surnommé le « général des banlieues », Emmanuel de Richoufftz a agi pendant des années pour favoriser l’intégration des jeunes des quartiers. Pour notre invité, si l’armée doit être mobilisée afin de remettre de l’ordre dans les banlieues, cela doit se faire en appui d’un plan global, destiné à intégrer les populations dans la nation française.
En quoi l’armée serait la plus efficace et la plus performante pour désenclaver ces territoires perdus de la République ?
« Les territoires perdus de la République » : je ne conçois pas les choses de cette façon. L’affaire des banlieues, c’est l’affaire de la France, c’est notre affaire à tous ! Le recours à l’armée ne doit être qu’un maillon d’une chaîne globale. La première chose à faire est de savoir qui fait quoi en termes d’intégration, d’insertion, de formation, de retour à la « vraie » vie. Nous devons nous demander quel est le rapport coût-efficacité pour nos banlieues aujourd’hui. Certes, des choses sont faites, mais ce sont des mesurettes, les financements sont éparpillés, les acteurs de terrain se déresponsabilisent…
Il faudrait donc organiser un audit complet pour mettre en lumière les dysfonctionnements dans la gestion de la politique de la ville. Si les armées doivent être engagées, ce ne sera que pour éviter un embrasement majeur incontrôlé. Cela signifierait que nous avons tout raté : l’insertion, l’intégration, tout ! Or, nous sommes capables de tirer les jeunes des banlieues vers le haut et il faut le leur montrer. Il faut favoriser pour cela l’insertion grâce à des formations et des cursus professionnalisants adaptés.
Mais tout cela ne vaudra quelque chose que s’il existe une volonté politique et si cet audit que j’appelle de mes vœux est conduit. Il faut en effet recentrer le dispositif actuellement disparate autour d’un Haut-Commissariat chargé de la politique de la ville. Alors les régions devraient prendre à bras-le-corps les missions d’insertion, de formation et bénéficier de l’appui de militaires qui pourraient leur être rattachés pour ces actions de formation-insertion. C’est ce que je fais moi-même dans les banlieues depuis quinze ans et je puis témoigner que cela fonctionne bien.
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