Immigration
Affaire Philippine : le Syndicat de la Magistrature met en garde contre la « xénophobie »
Dans son communiqué du 26 septembre 2024, le Syndicat de la Magistrature réagit à l’affaire Philippine et dénonce l’activation d’une « rhétorique xénophobe ».
Le Syndicat de la Magistrature condamne la reprise de la « machine médiatico-politique » autour des enjeux de justice et de sécurité. D’une part, il réagit aux déclarations de Bruno Retailleau après sa nomination en tant que ministre de l’Intérieur, et d’autre part, à l’affaire Philippine, le meurtre d’une jeune étudiante de 19 ans qui bouleverse la France entière.
[Affaire Philippine]
Plutôt que de penser lutte contre les violences sexistes et sexuelles et prévention de la récidive, le débat public bascule dans la vendetta et la surenchère xénophobe.
Notre communiqué de presse : pic.twitter.com/sHnxBJ13Nq
— SMagistrature (@SMagistrature) September 26, 2024
« L’hyperfocalisation des médias sur un fait criminel visant une femme »
Quelques jours après le terrible meurtre de Philippine, le collectif des magistrats d’extrême gauche appelle à recentrer la discussion sur le « sens de la peine ». Pour cela, il ne trouve rien de mieux à faire que minimiser la peine que ressentent les Français, en qualifiant l’assassinat de simple « fait criminel visant une femme », tout en dénonçant « l’hyperfocalisation des médias » qui, selon lui, alimente une « rhétorique xénophobe ». Pourtant, Philippine n’était pas simplement « une femme » : c’était une jeune fille innocente de 19 ans, sauvagement assassinée par un clandestin marocain alors qu’elle rentrait de cours.
Le communiqué critique également la position du nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a évoqué un « droit à l’inexécution des peines ». Le syndicat réfute cette idée en affirmant que 95 % des peines sont exécutées dans les cinq ans. Cependant, l’argumentaire semble bien malvenu face à la réalité des faits : le principal suspect dans le meurtre de Philippine, condamné en 2021 à sept ans de prison pour viol, était en liberté. Il a été relâché après seulement deux ans et demi de détention, et n’aurait jamais dû se trouver en France au moment de commettre son crime.
Un syndicat démagogique
Le texte prétend mettre en garde contre plusieurs confusions. D’abord, celle entre la non-exécution des peines de prison et leurs modalités d’application. Il rappelle que « la loi prévoit qu’une peine d’emprisonnement peut être effectuée en prison, ou, sous certaines conditions, par le biais d’un bracelet électronique, d’un placement extérieur ou d’une autre forme aménagée ». Autrement dit, le fait qu’un criminel ne soit pas physiquement en prison ne signifie pas qu’il échappe à la justice. Pour rappel, dans le cas de l’affaire Philippine, le suspect, sous le coup d’une OQTF, n’a jamais respecté son assignation à résidence.
Puis, le collectif de magistrats défend de faire le lien entre immigration et criminalité. « Penser le crime à travers la question de l’immigration focalise le débat sur la question de l’expulsion des personnes étrangères en situation irrégulière et empêche de réfléchir aux solutions pour une peine juste et efficace », dénonce le communiqué. À ce titre, le syndicat souligne que, d’après certaines études, la prison n’éviterait pas la récidive, contrairement aux accompagnements socio-psychologiques. Cependant, les ressources disponibles pour assurer ces suivis resteraient largement insuffisantes.
C’est pourquoi l’association de juges appelle à mener une réflexion collective sur les moyens à allouer pour rendre la justice plus efficace et équitable. « Ne laissons pas le débat public basculer dans la vendetta collective, la surenchère et les obsessions xénophobes, au détriment de l’œuvre de justice », conclut le communiqué. À charge pour nous de ne pas laisser le débat juridique basculer dans la prise d’otage idéologique, la minimisation et les obsessions immigrationnistes, au détriment de l’œuvre de justice pour Philippine.
À lire aussi : Meurtre de Philippine : les réactions et non-réactions politiques
2 commentaires
David
La justice française est vraiment défaillante! Il est évident que la peine pour le criminel sera bien plus sévère au Maroc.
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