[Histoire des guerres civiles 1/4] Étienne Marcel : le coup d’État bourgeois

De toutes les guerres civiles françaises, la première est sans doute la moins connue. Pourtant, la rébellion du bourgeois Étienne Marcel et la guerre civile qui s’ensuivit sont tout à fait déterminantes dans l’organisation hiérarchique du Moyen-Âge tardif et dans l’émergence de la bourgeoisie qui prend peut-être pour la première fois conscience de son existence en tant que classe.

Les bourgeois au pouvoir

Nous sommes le 22 février de l’an 1358. À Paris, la situation est explosive : l’acceptation du premier traité de Londres par le roi Jean II le Bon – qui cède une bonne part du royaume de France à l’Angleterre en échange de sa libération, et les manipulations monétaires du roi visant à renflouer les caisses révoltent le peuple parisien. S’étant rendu maître de la rue en soutien aux petits bourgeois et artisans ruinés par la crise et en colère contre le roi, le prévôt des marchands Étienne Marcel profite de la situation pour déclencher une émeute.

Plusieurs milliers d’hommes en armes surgissent dans les rues afin d’éliminer les « traîtres du royaume ». Le Dauphin (futur Charles V) est capturé et nommé régent en l’absence du roi Jean II, toujours captif. Étienne Marcel tente alors d’installer la bourgeoisie au pouvoir : plusieurs des siens entrent au conseil royal. Le chef de la rébellion se pense alors capable de rallier à lui le Dauphin et le laisse s’en aller rencontrer la noblesse qui doit ratifier une réforme fiscale.

C’est à ce moment que la guerre civile est déclarée : les nobles se rangent du côté du futur roi qui les rejoint dans le but de reprendre le contrôle de Paris aux mains d’Étienne Marcel et des bourgeois – soutenus, eux, par le peuple parisien qui fortifie la ville. Alors que la noblesse assiège la capitale, un évènement vient rebattre les cartes : la Grande Jacquerie commence.

La Grande Jacquerie

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