Société
Enlèvement d’Amir Boukhors : trois hommes mis en examen pour une affaire d’État impliquant le régime algérien

Un opposant au régime algérien ciblé en plein cœur de la France
Installé en France depuis plusieurs années, Amir Boukhors, connu sous le pseudonyme d’Amir DZ, est devenu une figure majeure de l’opposition au régime algérien. Très actif sur les réseaux sociaux — avec plus d’1,1 million d’abonnés sur TikTok — l’influenceur algérien de 42 ans s’est fait connaître par ses vidéos d’enquête et ses révélations contre les proches du pouvoir d’Alger.
Refusant de céder aux pressions politiques, il avait obtenu le statut de réfugié politique en novembre 2023. Mais le 29 avril 2024, son engagement lui a valu d’être enlevé par de faux policiers près de son domicile dans le Val-de-Marne.
D’après son avocat, Me Éric Plouvier, Amir Boukhors a été séquestré pendant près de 27 heures. « Ce tournant judiciaire de l’enquête avec l’arrestation d’agents liés au régime algérien et leur présentation à un juge révèle aussi que les faits du 29 avril 2024 sont une affaire d’État », a-t-il affirmé.
Une opération orchestrée par des individus liés au consulat algérien
L’enquête menée par la brigade criminelle et la DGSI a débouché début avril 2025 sur l’arrestation de quatre individus. Trois d’entre eux ont été mis en examen pour « arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire en relation avec une entreprise terroriste » et « participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle », a précisé le parquet national antiterroriste (PNAT).
Parmi eux, un homme travaillait dans un consulat d’Algérie en France. « La question de l’immunité diplomatique se posera dans la procédure », a indiqué une source proche du dossier, précisant que ce dernier ne disposait que d’un passeport de service.
Selon les informations du Parisien, les ravisseurs souhaitaient soit le ramener de force en Algérie, soit l’assassiner sur le sol français. « Une puissance étrangère, l’Algérie, n’a pas hésité à mener une action violente sur le sol français par l’intimidation et la terreur de nature à porter atteinte à la vie », a dénoncé Me Plouvier sur CNews.
Une pression constante sur les opposants algériens
Cette tentative d’enlèvement n’était pas un cas isolé. Amir Boukhors avait déjà été agressé en 2022. Il est par ailleurs visé par sept mandats d’arrêt émis par les autorités algériennes, qui l’accusent notamment d’appartenance à un groupe terroriste, d’incitation à la rébellion, ou encore d’atteinte à la sécurité de l’État.
Mais à plusieurs reprises, la justice française a refusé son extradition, craignant pour ses droits fondamentaux. La Cour d’appel de Paris avait souligné en 2023 qu’il risquait de graves violations de ses libertés s’il était renvoyé en Algérie.
Aujourd’hui, cette affaire met en lumière les méthodes d’intimidation utilisées par le régime algérien contre ses opposants. « De telles actions violentes portent atteinte à la souveraineté de la France mais aussi à la sécurité des réfugiés politiques », a rappelé Me Plouvier.
L’enquête se poursuit pour établir l’étendue des responsabilités et les liens entre les différents protagonistes. L’affaire pourrait fragiliser davantage les relations déjà tendues entre Paris et Alger.

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