Société
« Nous remercions la justice » : l’islamiste Elias d’Imzalène joue la provocation malgré sa condamnation
Ce jeudi 19 décembre, Elias d’Imzalène, fiché S pour ses accointances avec les milieux salafistes et fréristes, est sorti tout sourire du tribunal correctionnel de Paris, levant ostensiblement un « V de la victoire » devant les caméras. Une posture insolente pour un homme qui a pourtant appelé à une intifada dans les rues de Paris lors d’une manifestation en septembre dernier.
Si le verdict s’apparente à une condamnation, Elias d’Imzalène, habitué aux provocations, a surpris par son attitude. Tout sourire devant les caméras, il a ostensiblement levé un « V de la victoire » avant de déclarer : « Nous sommes heureux que, finalement, la justice n’ait pas cédé aux injonctions des médias islamophobes, racistes ou pro-génocidaires. La tâche était dure, mais nous remercions la justice. On se dit à bientôt pour la libération de la Palestine. »
De graves accusations pesaient contre Elias d’Imzalène
Le militant propalestinien, El Yess Zareli, de son vrai nom, faisait face à des accusations particulièrement graves. En septembre dernier, une enquête avait été ouverte à la suite d’un signalement du ministère de l’Intérieur, alors dirigé par Gérald Darmanin, auprès du Parquet de Paris. Elias d’Imzalène était poursuivi pour « provocation publique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine, nation, race ou religion déterminée », mais aussi pour « provocation à commettre des atteintes volontaires à la vie ou à l’intégrité physique de la personne aggravée par l’origine ou la religion » et enfin pour « provocation à commettre des crimes ou délits portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ».
En effet, le 9 septembre dernier, lors d’une manifestation place de la Nation organisée pour dénoncer ce qu’il qualifiait de génocide palestinien, Elias d’Imzalène avait harangué un public survolté, appelant à une intifada en France : « Est-ce qu’on est prêt à mener l’intifada dans Paris ? Dans la banlieue ? Dans nos quartiers ? On va leur montrer que la voix de la libération vient de nous. Qu’elle démarre de Paris. »
Ces déclarations incendiaires, largement perçues comme des appels explicites à la violence, à l’insurrection, voire à la haine antisémite, ont conduit le militant pro-palestinien à comparaître en octobre. D’ailleurs dans son jugement, le tribunal a été sans équivoque. Selon l’avocate des parties civiles, Maître Muriel Ouaknine-Melki, « la justice a bien compris que Monsieur D’Imzalène, par ses propos, mettait en danger l’ensemble des ressortissants français de confession juive ». Elle a rappelé que le tribunal a reconnu les dommages causés à la communauté juive et a accordé des indemnités aux associations luttant contre l’antisémitisme. Et pourtant, Elias d’Imzalène s’est empressé de présenter cette décision comme une « réhabilitation ».
Elias d’Imzalène présente sa condamnation comme une « réhabilitation »
« Je veux remercier tous nos soutiens, de France et de Navarre, qui se sont déplacés et nous ont apporté un soutien magnifique », a-t-il déclaré.
Merci à tous vos soutiens partout en France ! ❤️❤️❤️ pic.twitter.com/76ztesoFfu
— Elias d’Imzalène (@imzalene) December 19, 2024
Pour lui, cette affaire s’inscrit dans « une lutte noble » pour la Palestine. « Ce mot (antisémitisme) n’a jamais été prononcé, et c’est déjà une victoire en soi. » Son avocat, Maître Rafik Chekkat, d’ajouter : « À l’origine, les poursuites portaient sur des peines encourues pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison. Il y a un décalage énorme, un gouffre béant entre l’emballement médiatique qu’il y a eu dès le départ de cette affaire et le dénouement judiciaire. L’emballement médiatico-judiciaire, en particulier alimenté par les médias d’extrême-droite, a accouché d’une souris. »
[URGENT]🔴 Tout sourire en sortant de l’audience, l’islamiste fiché S Elias d’Imzalène et son avocat Rafik Chekkat s’en prennent violemment aux médias en évoquant une « instrumentalisation d’extrême droite ». Condamné à 5 mois de prison, d’Imzalène se dit pourtant « réhabilité ». pic.twitter.com/Dj6YOQpiDB
— Frontières (@Frontieresmedia) December 19, 2024
La partie civile souligne la fermeté
Du côté des parties civiles, aucune ambiguïté. Maître Ouaknine-Melki, leur avocate, a insisté pour rappeler la portée de la condamnation : « Moi, je ne vois pas où est la victoire. Nous voyons une décision qui vient de dire un stop énorme à tout ce qui peut appeler à l’insurrection et à la guerre civile. ». En effet, la peine de prison – même assortie d’un sursis – reste significative, car elle figure désormais sur le casier judiciaire du militant proche des milieux fréristes.
“Ilias d’Imzalène appelait à la guerre civile, il met en danger tous les Français. C’est une condamnation ferme.”
👩🏻⚖️⚖️ L’avocate pénaliste @MelkiMuriel se réjouit du délibéré du Tribunal correctionnel de Paris qui condamne l’ilsamiste à 5 mois de prison avec sursis. pic.twitter.com/iJKGLnGkNC
— Frontières (@Frontieresmedia) December 19, 2024
« Ce message de fermeté doit être entendu, notamment par le public venu soutenir Monsieur D’Imzalène à son appel. Puisqu’il avait lancé un appel sur les réseaux sociaux pour que l’on vienne en nombre le soutenir à cette audience. Ce public-là doit entendre que, lorsque l’on tient ce type de propos de manière publique, on s’expose à ce type de condamnation. » En plus de cinq mois de prison avec sursis, il devra s’acquitter de 10 000 € de dommages et intérêts. « Ce n’est pas rien », conclut Maître Ouaknine-Melki.
Toutefois, derrière le sourire provocateur de d’Imzalène, la réalité laisse un goût amer. Cinq mois de prison avec sursis et 10 000 € de dommages et intérêts. Pas sûr que cette sanction fasse trembler d’effroi ceux qui songeraient à appeler à l’intifada de nouveau. Certes, la justice a répondu, mais peut-on vraiment parler de fermeté ? Le sourire triomphant du fiché S en dit long sur l’effet dissuasif de la peine.
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