Politique
[Reportage] Plongée au cœur de la Coordination rurale à Agen
Mardi 19 novembre, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne avait donné rendez-vous à Agen, pour faire entendre ses revendications auprès du préfet. Frontières était sur place. Retour sur une journée d’espoir et de désespoir, marquée par une colère légitime.
Connue pour avoir déclenché la révolte paysanne en début d’année, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne a remobilisé ses troupes ce mardi à Agen avec plusieurs actions coups de poing. Une délégation d’agriculteurs est restée dans la préfecture pendant près de huit heures, avant d’en être délogée par les CRS.
La flamme de la révolte paysanne rallumée à Agen
Peu avant midi, les CRS postés devant la préfecture d’Agen, ont pour ordre de s’éloigner. Les tracteurs de la Coordination rurale arrivent. Bonnets jaunes sur la tête, plusieurs centaines d’agriculteurs déferlent sur l’Allée du 11 novembre. Annoncés comme soutenant la révolte, plusieurs chasseurs, vêtus de leur gilet orange sont également présents. Toutes les générations sont représentées. De nombreux jeunes agriculteurs fougueux espèrent en leur métier et ont l’intention de se battre jusqu’au bout.
Les co-présidents du syndicat agricole, Karine Duc et José Perez, mènent les troupes et donnent les consignes. Plusieurs bennes chargées en pneus, terres et déchets sont déversées devant les grilles et les colonnes de l’impressionnante préfecture, qui abritait le palais épiscopal avant la Révolution.
🚨 Les agriculteurs de la Coordination Rurale déversent des pneus devant la préfecture d’Agen.
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Jean-Christian, viticulteur dans le Lot-et-Garonne et membre de la Coordination rurale, nous fait part de ses inquiétudes. Pas plus tard que la semaine dernière, son exploitation a subi un contrôle de la part de FranceAgriMer, qui s’ajoute aux nombreux autres de l’année. La vigne française est en péril : l’Etat a lancé un plan d’arrachage définitif, offrant 4 000 euros par hectare aux agriculteurs qui céderaient au prétendu « rééquilibrage des volumes de production au regard de la demande des marchés ». Une décision catastrophique qui verrait partir en fumée de nombreuses vignes, laissant place à la bétonisation ou à l’abandon des parcelles. Encore un fleuron français que nos gouvernants veulent sacrifier pour l’intérêt du marché…
« Allez dans les banlieues »
Aux alentours de 15h30, Karine Duc et José Perez entrent dans la préfecture avec une délégation d’une dizaine d’agriculteurs pour rencontrer le préfet. A l’extérieur, les agriculteurs s’activent pour aller décharger des bennes devant d’autres bâtiments administratifs d’Agen comme le centre des impôts et la Mutualité sociale agricole (MSA).
Vers 17h, celui qui prétendra prochainement au poste de président de la chambre d’agriculture lot-et-garonnaise pour la CR, Patrick Franken prend le mégaphone en indiquant que la tension monte à l’intérieur de la préfecture. « Préparez-vous à intervenir. On ne les laissera pas molester Karine et José » indique-t-il alors que la nuit commence à tomber.
⚡️ « Ça chauffe à l’intérieur de la préfecture. Tenez-vous prêt à intervenir. On veut pas que Karine et José soient molestés » prévient un membre de la Coordination rurale 47.
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Ils ne sortiront qu’à 22h30, expulsés par les CRS. Ils n’ont pas eu les réponses écrites qu’ils attendaient. En larmes, Karine Duc perd espoir et crie à ses collègues : « On peut crever ».
🚨 En larmes, Karine Duc perd espoir après avoir été expulsée de la préfecture d’Agen avec José Perez.
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La rumeur circule entre les plus jeunes agriculteurs : un feu de la colère doit être allumé devant les grilles de la préfecture, comme en début d’année. Aux alentours, les pompiers guettent la paille qui vient d’être déversée. Le feu sera allumé puis éteint à plusieurs reprises par les pompiers protégés par les CRS. Un agriculteur interroge les CRS disposés face à lui : « Pourquoi vous n’allez pas dans les banlieues ? »
🚨 Face aux flammes, les gendarmes sont obligés de reculer à Agen. #AgriculteurEnColere
📍 Frontières est sur place. pic.twitter.com/iGHHuHOfyI
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