Arménie : le glaive et la croix

Le Syunik, dernier rempart de l’Arménie

C’est à Goris, petite ville de la région du Syunik au sud-est de l’Arménie que je passerai plus de trois mois, au milieu des habitants, dans une ambiance très marquée par l’ère soviétique. Entourée du relief massif de la région, Goris est d’une importance majeure dans les récents événements qui ont frappé l’Arménie. C’est ici que sont arrivés les réfugiés de l’Artsakh (nom arménien du Haut-Karabagh) car la ville est directement reliée par une route au corridor de Latchin qui fut bloqué pendant presque 9 mois.

Depuis la guerre de 2020, les frontières ont été redessinées et nombreux sont les villages qui ont subi les horreurs des conflits. J’ai pu me rendre vers la ligne de front : depuis des villages millénaires, tel celui de Hand, nous pouvions voir les drapeaux azéris flotter à l’horizon sur ces terres qu’ils ont volées. Je me souviens de ces témoignages poignants des habitants nous racontant qu’ils devaient, à regret, abattre leur bétail car la moitié de leurs champs, leur unique moyen de subsistance, avaient été subtilisée par l’Azerbaïdjan. Je me souviens des villages dépeuplés comme Kachouni, où ne vivait plus qu’un seul éleveur de moutons dans la seule compagnie de son cheptel.

Pour les Arméniens de cette région, il est hors de question de laisser la terre de leurs ancêtres à l’ennemi de toujours. Le village de Kordnidzor est un exemple parmi tant d’autres de lieux où les habitants multiplient les initiatives pour conserver l’attractivité de leur foyer et la vie de la communauté malgré les ravages de la guerre.

Nous avons finalement dû être évacués de la région à cause de la montée des tensions en mars 2023. C’était un samedi après-midi, le téléphone sonne, c’est Corentin notre chef de mission : « Préparez vos affaires, on arrive d’ici deux heures pour vous ramener à