Armement : pourquoi le Maroc tourne le dos à la France pour s’armer auprès d’Israël ?

Le Maroc tourne le dos à la France et mise sur Israël pour son réarmement. Mais tandis que Rabat consolide son arsenal, la rue réclame une rupture avec l’État hébreu, dénonçant une normalisation qui heurte la cause palestinienne.

Le Maroc a signé un accord avec l’entreprise israélienne Elbit Systems pour l’acquisition de 36 canons automoteurs ATMOS 2000. Cette commande remplace les canons Caesar de l’entreprise française KNDS, qui équipaient jusqu’alors les Forces armées royales (FAR). Selon plusieurs sources, la décision marocaine s’explique notamment par des problèmes de maintenance rencontrés avec le matériel français livré en 2022.

L’artillerie israélienne n’est qu’un volet de la coopération militaire entre Rabat et Tel-Aviv. Le Maroc a déjà signé plusieurs contrats avec Israël pour l’achat du système de défense antimissile Barak 8, de drones Elbit Hermes, ainsi que de satellites espions.

La préférence marocaine pour l’armement israélien marque un recul de l’influence française dans le secteur de la défense au Maroc. Paris, qui était historiquement l’un des principaux fournisseurs du royaume, voit son rôle diminuer face à une concurrence accrue. Cette évolution s’inscrit dans un contexte plus large de tensions entre Rabat et Paris, notamment sur la question du Sahara occidental, où le Maroc estime que la France ne soutient pas suffisamment sa position.

En parallèle, les exportations françaises d’armement ont connu une baisse notable en 2023, passant de 26,9 milliards, à 8,2 milliards d’euros, alors qu’Israël consolide sa place parmi les principaux fournisseurs du Maroc.

La proposition de Donald Trump visant à délocaliser les Palestiniens de Gaza fait l’effet d’une onde de choc. Rabat dénonce un « précédent dangereux », une atteinte au droit international et humanitaire.

Dans la rue, la colère monte. Des manifestations se multiplient, réclamant la rupture totale des relations avec Israël. L’opinion publique, majoritairement solidaire de la cause palestinienne, rejette tout rapprochement avec l’État hébreu. 

Enfin, l’accélération du réarmement marocain intervient dans un contexte de tensions croissantes avec l’Algérie, qui continue de renforcer son propre arsenal, notamment avec des équipements russes et chinois. La rivalité entre les deux pays alimente une course à l’armement, transformant l’Afrique du Nord en une région de plus en plus militarisée. Cette dynamique pourrait redéfinir les équilibres stratégiques, avec des implications pour les relations entre Rabat, Alger, Paris et Tel-Aviv.

À lire aussi : Traite d’êtres humains dans l’agriculture : un réseau familial devant la justice en Gironde