L’inquiétante progression du salafisme quiétiste en France

Ils sont aisément reconnaissables dans l’espace public. Longues barbes, quoique sans moustache, qamis saoudiens pour ces messieurs, lugubres abayas et niqabs noirs pour ces dames. Ils ? Les salafistes.

Courant fondamentaliste de l’islam sunnite, le salafisme entend revenir, dans tous les aspects de la vie à l’âge d’or de la religion musulmane, soit au VII^e siècle, époque du prophète et des premiers temps de l’expansion islamique. Salaf en arabe signifie « pieux prédécesseur », incitant les fidèles à se comporter comme les premiers musulmans, compagnons du prophète Mohammed.

Concrètement, les salafistes doivent donc se comporter, s’habiller, et vivre comme des Arabes du Haut Moyen Âge. Si les salafistes les plus connus sont les djihadistes de l’Organisation État Islamique (OEI) ou d’Al-Qaïda, il existe un courant plus discret et plus méconnu du salafisme : le salafisme quiétiste, ou piétiste.

Un salafisme light ?

Proche de l’islam saoudien, le salafisme quiétiste rejette la politique et l’engagement partisan pour lui préférer une stricte et austère vie communautaire, à l’écart de la vie publique. « Le salafisme dit quiétiste se caractérise par un devoir de loyauté vis-à-vis du titulaire de l’autorité politique (du « gouverneur » dans le sabir salafiste). Il correspond grosso modo au wahhabisme saoudien, qui se conforme aux instructions du pouvoir, seul compétent pour déclarer le jihad – « combat sacré dans la voie de Dieu ». », indique Bernard Rougier, professeur à l’université Paris III Sorbonne-Nouvelle, et co-auteur, entre autres, de Qu’est-ce que le salafisme ? (PUF, 2008) et des Territoires conquis de l’islamisme (PUF, 2020).

Pour autant, le salafisme dans sa version quiétiste n’a rien d’une version apaisée