Société
Meurtre de Thomas à Crépol : un PV silencié ravive l’hypothèse d’un crime raciste

Un an après le meurtre de Thomas, un lycéen de 16 ans tué lors du « bal de l’hiver » à Crépol (Drôme) le 18 novembre 2023, un procès-verbal (PV) jusque-là méconnu refait potentiellement surface. Rédigé cinq jours après les faits, ce document rapporterait des témoignages mentionnant des insultes racistes proférées lors de l’altercation. Classé parmi les notifications de garde à vue, rarement consultées, il soulève des questions : pourquoi ce PV serait-il resté dans caché ?
Le samedi 18 novembre 2023, Thomas, amateur de rugby, participe à une fête dans le village de Crépol, qui compte 500 habitants. En fin de soirée, une violente altercation éclate. Le jeune homme reçoit un coup de couteau mortel au cœur et décède dans l’ambulance. Trois autres personnes sont grièvement blessées. Rapidement, des rumeurs circulent : les agresseurs viendraient du quartier sensible de la Monnaie, à Romans-sur-Isère. Deux témoins, cités par Le Dauphiné Libéré, affirment : « Ils sont venus pour planter des Blancs. »
Une affaire qui déchire la France
Dès le lendemain, l’affaire prend une dimension nationale. Les réseaux sociaux et certains responsables politiques, notamment à droite, dénoncent un « crime raciste » et parlent d’« ensauvagement de la France ». Des manifestations sont organisées dans plusieurs villes. Pourtant, la justice reste prudente, ne retenant pas, à ce stade, de mobile raciste. Après plus de 350 auditions, 14 mises en examen (dont trois mineurs), des analyses ADN et l’étude de vidéos, l’enquête n’a pas encore déterminé l’auteur exact du coup fatal ni son motif précis. La défense évoque une « bagarre de bal qui dégénère », loin d’une attaque planifiée.
Ce possible PV, révélé et porté par Jean-Michel Decugis dans Une nuit en France (Grasset, à paraître le 19 mars 2025), a été rédigé par une analyste criminologue à la demande de la gendarmerie, cinq jours après le drame. Selon l’auteur, interrogé par Le Nouvel Obs, une dizaine de témoignages y mentionnent des insultes racistes proférées pendant l’incident. À l’époque, la tension est à son comble : la classe politique et les réseaux sociaux amplifient la thèse du crime raciste. La justice, quant à elle, refuse de la qualifier ainsi. Ce document, rangé dans des notifications de garde à vue peu consultées, semblerait avoir été écarté du débat public.
Erreur ou dissimulation volontaire ?
Pourquoi ce PV n’a-t-il pas été davantage exploité ? Jean-Michel Decugis souligne son caractère « embarrassant » pour les autorités, dans un contexte déjà volcanique. « Les pouvoirs publics n’ont certainement pas eu envie de jeter de l’huile sur le feu », explique-t-il. Reste une question : s’agit-il d’un simple oubli administratif ou d’une volonté de minimiser l’affaire ? Pour l’heure, le parquet n’a pas retenu de circonstances aggravantes liées à « la race, l’ethnie, la nation ou la religion », faute de preuves suffisantes.
Un an après, le déroulé exact des événements du « bal de l’hiver » demeure incertain. Ce possible PV relance donc le débat sur la nature raciste du drame.
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1 commentaire
Marie10
C’est toujours plus intéressant de senpencher sur les affaires « à froid »! L’évidence saute davantage aux yeux: ici le crime est raciste. Est prémédité. Et c’est politique. Au diable la justice. Il faut préserver « la paix sociale » et nous avons pu assister au summum de l’abject: des amis de Thomas et jeunes venus manifester leur colère ont été qualifiés de groupes d’extreme droite, nazis, arrêtés et exhibes dans les médias! Comment garder espoir ..?
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