Société
Procès Médine-Aurore Bergé : la justice rejette la plainte du rappeur pour diffamation

Le rappeur Médine a été débouté, jeudi 13 mars 2025, du procès qu’il avait intenté contre Aurore Bergé pour diffamation. La ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations l’avait qualifié d’« islamiste » lors d’une intervention télévisée en 2021.
Médine perd son procès contre Aurore Bergé
Le tribunal correctionnel de Paris a estimé que ces propos ne constituaient pas une diffamation, mais un jugement de valeur fondé sur l’image publique du rappeur et ses déclarations passées.
Les faits remontent au 18 février 2021, en plein débat sur l’« islamo-gauchisme » dans l’enseignement supérieur. Sur LCI, Aurore Bergé avait dénoncé la participation de Médine à un séminaire à l’École normale supérieure (ENS), déclarant : « Quand à l’ENS, vous avez par exemple ce rappeur islamiste Médine qui est invité, vous savez, celui qui disait qu’il fallait tuer des laïcards dans notre pays. Est-ce que c’est légitime qu’une école aussi prestigieuse que l’ENS donne la parole à celui qui appelle au meurtre ? ».
Le tribunal écarte toute diffamation
Dans sa décision, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a jugé que les propos de la ministre « portaient un jugement de valeur sur la personnalité » de Médine, mais « ne lui imputaient aucun fait précis ». Or, pour être reconnue comme diffamatoire, une déclaration doit viser un fait susceptible de preuve et de débat contradictoire, ce qui n’était pas le cas ici.
Le tribunal a donc relaxé Aurore Bergé, rejetant également les demandes de condamnation de Médine pour procédure abusive, bien que le parquet et la défense de la ministre aient soulevé cet argument. Les juges ont cependant noté que le rappeur pouvait « légitimement » s’émouvoir d’avoir été cité dans un débat sur l’islamisme, tout en rappelant que son « ton provocateur habituel aurait pu l’inciter à davantage de tolérance vis-à-vis de l’expression d’autrui ».
Les antécédents de Médine en question
Ce n’est pas la première fois que Médine fait face à des accusations de complaisance avec l’islamisme. Son titre Don’t Laïk, publié en 2015, contient notamment la phrase « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », régulièrement brandie par ses détracteurs comme preuve d’une idéologie hostile à la laïcité. Le rappeur avait déjà suscité la controverse en 2018 lorsqu’il avait prévu de se produire au Bataclan, avant de renoncer face à la polémique.
Sur les réseaux sociaux, il a également été au cœur de nombreuses polémiques, notamment après avoir qualifié l’écrivaine Rachel Khan, petite-fille de déportés juifs, de « resKHANpée ». Cette sortie, jugée antisémite par de nombreux observateurs, avait provoqué un tollé.
Un soutien politique pour Aurore Bergé
Après l’annonce du verdict, plusieurs personnalités ont exprimé leur satisfaction. L’avocat d’Aurore Bergé, Patrick Klugman, a salué une décision qui « protège la liberté d’expression », dénonçant « une tentative d’intimidation honteuse » de la part du rappeur. Il a également rappelé que la ministre avait été victime d’une « violente campagne de cyberharcèlement » après l’annonce du procès.
Sur X (ex-Twitter), Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse spécialiste de l’islamisme, a réagi : « Très rassurant pour les chercheurs sur l’islamisme ».
Un deuxième échec judiciaire pour Médine
Ce revers judiciaire n’est pas une première pour Médine. En 2022, il avait déjà perdu un procès en diffamation contre Nicolas Bay, député européen, qui l’avait accusé d’être « proche de la mouvance islamiste des Frères musulmans ». Cette nouvelle décision risque donc de fragiliser sa stratégie judiciaire, souvent qualifiée de « djihad judiciaire » par ses opposants.
Le rappeur n’a pour l’instant pas réagi publiquement au verdict.

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