Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec une moyenne de 484 points en CM1, la France se situe non seulement bien en dessous des 524 points européens, mais occupe également la dernière place des pays européens, talonnée uniquement par la Wallonie. En classe de 4ᵉ, la situation reste tout aussi préoccupante avec un score moyen de 479 points, avant-derniers d’Europe, juste devant le Portugal. Les comparaisons internationales sont accablantes : alors que Singapour, Taïwan et la Corée du Sud dominent le classement, la France peine à maintenir son équilibre.
Au-delà des faibles performances globales, la France s’illustre tristement comme championne des inégalités. Entre les élèves les plus favorisés et les plus défavorisés, un fossé de 81 points se creuse en CM1, ce qui équivaut à près de deux années scolaires de retard.
Une pédagogie en question : manque de clarté et carences de formation
L’enquête TIMSS met également en lumière une perte de goût pour les mathématiques chez les élèves français. En 4ᵉ, ils sont les moins nombreux de l’OCDE à considérer les cours comme clairs et accessibles. Ce désintérêt grandissant s’explique, en partie, par des enseignants souvent mal formés : 26 % des professeurs de primaire déclarent n’avoir reçu aucune formation en mathématiques au cours des deux dernières années.
Cette situation est aggravée par l’instabilité des programmes scolaires, oscillant entre des approches traditionnelles et des méthodes plus axées sur la résolution de problèmes. Résultat : les élèves français échouent dans les deux domaines, incapables de maîtriser les fondamentaux comme les fractions ou les nombres décimaux.
Un plan de relance… trop timide ?
Depuis 2018, un plan de formation ambitieux porté par le mathématicien Cédric Villani et Charles Torossian tente de redresser la barre. Si les autorités éducatives affirment que les résultats se sont « stabilisés », le fossé reste béant avec les autres pays de l’OCDE et de l’Union européenne. La récente réforme de Gabriel Attal, visant à introduire les fractions dès le CE1 à partir de 2025, suffira-t-elle à combler le retard accumulé ? Rien n’est moins sûr.
Au-delà des initiatives ponctuelles, l’enquête TIMSS met en lumière une problématique structurelle : un système éducatif incapable de réduire les inégalités et de s’adapter aux besoins des élèves. Alors que 15 % des élèves de CM1 n’atteignent pas le niveau élémentaire de compétences en mathématiques, contre seulement 7 % dans l’Union européenne, la France semble prisonnière d’un cycle de déclin.
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