International
Le Niger face à la crise : négociations, tensions diplomatiques
Le 4 septembre 2023, lors d’une conférence qui a duré plus d’une heure, le Premier ministre du Niger Ali Mahaman Lamine Zeine, nommé par la junte militaire après le coup d’État, a confirmé que des « échanges » étaient en cours pour obtenir un départ rapide des troupes françaises. Cependant, malgré les tensions palpables, il a exprimé son espoir de parvenir à une “entente” avec les pays ouest-africains, certains menaçant d’une intervention armée.
Suite à la prise du pouvoir par les généraux le 3 août, plusieurs accords de coopération militaire avec Paris, ayant environ 1 500 soldats engagés dans le combat anti-djihadiste au Niger, ont été dénoncés. Certains de ces accords prévoyaient un préavis d’un mois pour le retrait. Toutefois, M. Zeine a insisté sur le souhait de maintenir une coopération avec la France, rappelant les liens profonds partagés entre les deux nations. Poursuivant sur la relation avec la France, Zeine a déploré le “comportement de mépris” de l’ambassadeur français Sylvain Itté, qui aurait décliné une invitation à rencontrer les autorités le 25 août. Cela a conduit à la suppression de son immunité diplomatique et à une exigence d’expulsion. La France, en réponse, a affirmé ne pas reconnaître les nouvelles autorités et ne pas appliquer ces décisions. Cependant, Zeine a lancé une mise en garde, soulignant que si l’ambassadeur sortait de l’enceinte diplomatique, il serait considéré en situation irrégulière.
Enjeux régionaux et internationaux au Niger: la CEDEAO et la Chine en médiateurs
Côté régional, Zeine a évoqué le dialogue continu avec la CEDEAO, tout en exprimant son optimisme quant à une entente prochaine. La CEDEAO, toutefois, exige un retour immédiat à l’ordre constitutionnel, avec la libération et la réinstallation du président déchu Mohamed Bazoum. Les nouvelles autorités de Niamey envisagent une transition pouvant durer jusqu’à trois ans. Face aux menaces d’intervention armée et aux lourdes sanctions économiques de la CEDEAO, Zeine a déclaré que le Niger était prêt à se défendre. À l’international, la Chine s’est proposée en tant que médiatrice dans la crise, avec son ambassadeur à Niamey, Jiang Feng, insistant sur le respect du principe de non-ingérence et encourageant une résolution “à l’africaine”. Par ailleurs, le président de la CEDEAO, également président du Nigeria, a évoqué une possible courte période de transition, citant l’exemple de la transition de neuf mois du Nigeria en 1999.
Le Niger, malgré les tensions, a rouvert son espace aérien aux vols commerciaux, ayant été fermé le 6 août en raison de menaces d’intervention depuis les pays voisins. Cependant, l’espace aérien demeure fermé aux vols militaires sans autorisation préalable. En somme, la situation actuelle au Niger est une intersection complexe de relations bilatérales, régionales et internationales. Alors que le pays est plongé dans une période post-coup d’État, ses dirigeants naviguent dans un climat diplomatique chargé, avec la CEDEAO, la France, et d’autres acteurs internationaux observant attentivement l’évolution de la situation sur place.
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