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Une étudiante iranienne arrêtée après s’être dévêtue à Téhéran
En Iran, une étudiante de l’université Azad de Téhéran a été arrêtée pour s’être déshabillée en signe de protestation contre le harcèlement des miliciens Basidj. Le geste audacieux de la jeune femme relance les débats sur les droits des femmes dans le pays.
En Iran, un geste de protestation audacieux a eu lieu sur le campus de l’université Azad de Téhéran. Une étudiante, dont l’identité reste confidentielle, s’est déshabillée en pleine rue, dénonçant le harcèlement exercé par les miliciens des Gardiens de la révolution, appelés Basidj. Cet acte de défiance, rapidement relayé sur les réseaux sociaux par divers groupes militants et organisations, comme Amnesty International, a abouti à son arrestation immédiate. Les images de l’incident, capturées par des habitants, montrent la jeune femme en sous-vêtements, marchant sur le campus avant d’être violemment emmenée dans une voiture par des hommes en civil.
In Iran, a woman who was accosted by the “morality police” for not wearing hijab removes her clothing & roams the streets in defiance. She has since been arrested by IRGC forces and forcibly disappeared. This is the brave face of true resistance. pic.twitter.com/HhbbEGhKlf
— Elica Le Bon الیکا ل بن (@elicalebon) November 2, 2024
Ce geste de défi n’est pas isolé. Depuis la mort de Mahsa Amini en 2022, une jeune femme kurde décédée en détention après avoir été arrêtée pour avoir porté un voile jugé non conforme, les femmes iraniennes ont intensifié leur lutte contre le strict code vestimentaire imposé par le régime. La répression de l’État s’est également intensifiée, et de nombreux rapports font état de violences et d’arrestations brutales.
Une réponse immédiate des organisations de défense des droits humains aux images de l’étudiante
La branche iranienne d’Amnesty International a réagi avec vigueur, exigeant la libération immédiate de l’étudiante et appelant à une enquête indépendante sur les allégations de violences, y compris sexuelles, perpétrées lors de son arrestation. « Les autorités iraniennes doivent relâcher immédiatement et sans condition cette jeune femme », a déclaré Amnesty Iran sur X. L’organisation a dénoncé ce qu’elle considère comme une nouvelle tentative des autorités iraniennes d’étouffer la voix des femmes et de réprimer leur quête de liberté.
Une répression accrue depuis la mort de Mahsa Amini
Ce dernier incident s’inscrit dans un contexte de répression accrue en Iran. Après le décès de Mahsa Amini, les manifestations de femmes contre le port obligatoire du hijab se sont multipliées, donnant naissance au mouvement « Femme, Vie, Liberté ». Ces manifestations ont été brutalement réprimées par les autorités iraniennes, entraînant plus de 551 morts et des milliers d’arrestations, selon des organisations non gouvernementales.
Le régime iranien a renforcé son arsenal répressif pour contrôler les tenues des femmes : patrouilles de la police des mœurs, installation de caméras de surveillance dans les rues et les transports publics, et confiscation des voitures des conducteurs transportant des femmes sans hijab. En 2023, le Parlement iranien a adopté un projet de loi controversé qui alourdit les peines pour les femmes enfreignant le code vestimentaire, prévoyant des amendes et des peines de prison allant jusqu’à 10 ans.
Les milices Basidj : agents de la répression des femmes
Les miliciens Basidj, responsables de la détention de l’étudiante, jouent un rôle central dans la répression en Iran. Placés sous l’autorité des Gardiens de la révolution islamique, les Basidj sont souvent impliqués dans des opérations d’intimidation et de violence visant à maintenir les normes vestimentaires et morales islamiques. Ces agents ont un rôle d’agent de contrôle social, surveillant et intervenant de manière souvent brutale auprès des citoyens, en particulier des femmes.
Dans ce cas précis, l’agence de presse Fars, contrôlée par le régime, a publié un communiqué justifiant l’arrestation. Elle affirme que l’étudiante « portait des vêtements inappropriés en classe » et s’est « dévêtue après avoir été avertie par les agents de sécurité ». D’après Fars, les agents auraient agi « calmement », une version contredite par les vidéos diffusées en ligne montrant la violence de l’arrestation.
La réaction internationale et le soutien aux femmes iraniennes et à l’étudiante
La communauté internationale a réagi à cet acte de courage par un soutien massif. La séquence virale de l’étudiante a été partagée dans le monde entier, devenant un symbole des luttes pour les droits des femmes en Iran. Des personnalités, telles que le politologue Farid Vahid, ont salué le courage de la jeune femme. Vahid a posté sur X : « Des images qui laissent sans voix ! Une étudiante de Téhéran, harcelée par les agents de sécurité pour son hijab, s’est déshabillée en signe de protestation. Depuis, elle a été arrêtée par les gardiens de la révolution. Quel courage… ».
Depuis la révolution islamique de 1979, les femmes en Iran font face à des restrictions sévères sur leur liberté, en particulier en matière de vêtements. Le hijab est devenu un symbole central de la politique de contrôle social et religieux du régime, et les femmes qui le contestent risquent amendes, prison et violences. Malgré la répression, les femmes iraniennes continuent de manifester leur résistance quotidienne, refusant de se plier à des règles qu’elles jugent oppressives et obsolètes.
La situation de cette étudiante illustre les défis que rencontrent les femmes iraniennes face aux pressions et restrictions imposées par le régime. Bien que le gouvernement iranien ait redoublé d’efforts pour réprimer les manifestations, le mouvement de résistance des femmes iraniennes demeure fort, porté par des actes de bravoure individuels et un soutien international croissant.
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