Société
Explosion des violences en France : les chiffres alarmants et uniques en Europe
Les chiffres dévoilés récemment par le thread sur X de Marc Vanguard, révèlent une réalité saisissante. La France est aujourd’hui confrontée à une véritable explosion des violences, notamment des coups et blessures volontaires, une hausse sans précédent sur le continent européen.
Le thread X « Coups et blessures en France » de Marc Vanguard, « data analyst » qui publie chaque semaine des statistiques sur les thématiques de la démographie, de la criminalité et de l’économie, met en lumière une évolution choquante des violences en France : en 2023, plus de 384 000 victimes ont été recensées, soit 10 fois plus qu’en 1972.
Chaque jour, plus de 1 000 plaintes sont déposées. Mais cette montée en flèche ne concerne pas seulement la réalité brute des faits. Elle est aussi accompagnée d’un sentiment d’insécurité omniprésent chez les Français, ressenti par 92 % de la population. Comment en est-on arrivé là ? Quels sont les ressorts cachés derrière cette augmentation dramatique ? Ces récentes révélations brossent un tableau particulièrement préoccupant. Décryptage.
Une explosion des violences qui défie toute logique
Les chiffres bruts sont incontestables : la France connaît une explosion des violences. « Le nombre de coups et blessures délictuels enregistrés par les forces de l’ordre est passé de moins de 30 000 en 1972 à plus de 300 000 en 2023 », souligne Marc Vanguard.
🚨 THREAD : coups et blessures en France
L’explosion des violences observée dans les données policières françaises est unique en Europe.
Les chiffres-clés sur le sujet centralisés en un fil à conserver dans vos signets ⬇️ pic.twitter.com/I5tjsk2X1P
— Marc Vanguard (@marc_vanguard) October 22, 2024
En un demi-siècle, la France a vu ces violences se multiplier par dix. Mais ce n’est pas tout. En 2023, ce chiffre a encore franchi un nouveau cap avec 384 000 victimes, un record absolu. Pourtant, cette hausse impressionnante est à nuancer, car elle s’accompagne de révisions récentes des chiffres par le ministère de l’Intérieur.
Cela soulève une question centrale : à quel point ces chiffres reflètent-ils la réalité des violences en France ? Vanguard rappelle que « le périmètre de l’infraction a évolué » et que le nombre de plaintes comptabilisées a augmenté parce que les critères de gravité des blessures ont été assouplis.
Autrefois, seules les violences entraînant plus de huit jours d’incapacité de travail (ITT) étaient prises en compte dans les statistiques. Désormais, des agressions moins graves sont aussi considérées comme des délits.
En d’autres termes, le seuil de gravité requis pour qu’un acte soit considéré comme un délit a été abaissé, ce qui contribue à gonfler les chiffres, sans pour autant minimiser la réalité des violences subies. Marc Vanguard précise également que « Des dizaines de milliers d’actes de harcèlement ont été exclus » des statistiques et que « l’évolution de ces actes n’est hélas pas publiée. »
Quand la société se libère, la violence explose : le paradoxe des chiffres
Mais la véritable énigme réside ailleurs. Cette montée en puissance des violences se produit alors que d’autres facteurs classiques de criminalité sont en net recul. Vanguard souligne ainsi que « la population des 20-59 ans n’augmente presque plus » et que « la consommation d’alcool s’effondre », deux éléments historiquement associés aux violences. Comment expliquer, dès lors, cette augmentation des agressions ?
9⃣ La hausse des violences en France semble pourtant très contre-intuitive :
👱♂️ La population des 20-59 ans n’augmente presque plus
🍷 La consommation d’alcool s’effondre
📹 Les technologies d’alerte et de protection progressent pic.twitter.com/Beoz14xSxb— Marc Vanguard (@marc_vanguard) October 22, 2024
« Les coups et blessures volontaires sont tirés à la hausse par les violences intra-familiales » peut-on lire sur l’un des graphiques. Un facteur explicatif majeur est la libération de la parole autour des violences. Depuis 2017, les violences conjugales ont doublé, portées par des campagnes de sensibilisation et une meilleure prise en compte des plaintes. Vanguard suggère que cette évolution est l’une des principales raisons de l’augmentation des signalements : « La libération de la parole sur les violences conjugales a probablement eu un rôle. » Cette évolution montre ainsi que les victimes osent davantage porter plainte. Pourtant, cela n’explique pas tout, puisque les violences hors du cadre familial ont aussi augmenté de 30 % depuis 2017.
La France, championne d’Europe des violences
L’une des données les plus marquantes de l’analyse de Vanguard concerne la situation européenne : « La France est tout simplement LE pays de l’UE dans lequel le taux de coups et blessures volontaires a le plus augmenté depuis 2012, à +47 %. » affirme-t-il. Ce chiffre contraste fortement avec ceux de nos voisins : +15 % en Espagne, -13 % en Allemagne, et -14 % en Italie sur la même période. Cette explosion de la violence en France est unique dans le paysage européen.
5⃣ 🚨 La France est tout simplement LE pays de l’UE dans lequel le taux de coups et blessures volontaires a le plus augmenté depuis 2012, à +47%. pic.twitter.com/OjiKEqJVnL
— Marc Vanguard (@marc_vanguard) October 22, 2024
Le constat est encore plus sombre lorsqu’on examine les tentatives d’homicides. Entre 2012 et 2021, celles-ci ont bondi de 110 % en France, un chiffre dévastateur quand on le compare à nos voisins : en Allemagne, elles ont baissé de 6 %, et en Italie de 30 %. Pourquoi la France se distingue-t-elle autant ?
La réponse se trouve sans doute dans une combinaison de facteurs. D’un côté, le durcissement des politiques pénales françaises a contribué à accroître la rigueur avec laquelle les violences sont recensées et traitées. De l’autre, les tensions sociales, les crises économiques et les fractures identitaires ont certainement nourri ce climat d’agression.
Insécurité ressentie : fait ou fiction ?
Au-delà des chiffres bruts, le sentiment d’insécurité ressenti par les Français ne cesse de croître. Selon un sondage Odoxa publié en mars 2024, 92 % des Français estiment que l’insécurité a augmenté. Cette perception est corroborée par Vanguard qui souligne que « 92 % des Français le perçoivent bien ». Pourtant, cette impression colle-t-elle vraiment à la réalité ?
Pour résumer la conclusion de l’analyse : dans les faits, la hausse des violences est certes inférieure à celle observée dans les données policières, mais elle reste bien réelle.
92% des Français le perçoivent bien ⬇️ pic.twitter.com/E2BC5y9wQB
— Marc Vanguard (@marc_vanguard) October 22, 2024
La réponse est complexe. D’un côté, les violences sont bel et bien en hausse. Mais de l’autre, les statistiques policières ne reflètent qu’une partie de la réalité. « Les données policières ne recensent que les actes pour lesquels une plainte a été déposée, et seules 34 % des victimes portent plainte », rappelle Vanguard, citant une enquête ministérielle. Le nombre réel de victimes pourrait ainsi dépasser 1 million par an.
Ce fossé entre les faits recensés et ceux non déclarés contribue à renforcer l’idée que la perception des citoyens n’est pas sans fondement. Cependant, Vanguard lui-même reconnaît que la hausse des violences observée dans les chiffres policiers est amplifiée par l’élargissement du périmètre des infractions.
La France face à une crise profonde
Il est indéniable que la France traverse aujourd’hui une crise de la violence sans précédent, qui la distingue nettement de ses voisins européens. Les chiffres sont alarmants : plus de 384 000 cas recensés en 2023 et une hausse continue depuis les années 1970.
Pourtant, cette flambée de violences n’explique pas à elle seule le sentiment d’insécurité largement partagé par les Français. Pour rappel, le drame de Crépol, où Thomas a tragiquement perdu la vie, incarne un tournant dans la perception collective de la violence en France. Ressenti par 88 % des Français comme le reflet d’une société en pleine dérive, ce fait divers a mis en lumière un climat d’insécurité grandissant.
Ce sentiment d’urgence est appuyé par les chiffres glaçants de Marc Vanguard, qui révèlent une explosion des coups et blessures volontaires. Les événements tragiques comme celui de Crépol ne sont pas isolés : ils s’inscrivent dans une tendance de fond que les statistiques de Marc Vanguard mettent en lumière. La peur n’est pas seulement ressentie, elle est aussi ancrée dans des faits tangibles.
À lire aussi : Crépol : le symbole de l’ensauvagement pour 88 % des Français
Sources : Hugues Lagrange (2001) – Revue Française de Sociologie – Ministère de l’Intérieur (2022 et 2023) – data.gouv (2022) – Eurostat – INSEE (2019) – SSMSI (2007 à 2024) – Interstats (janvier et septembre 2023, janvier et juillet 2024) – Odoxa (2024)
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