Société
32 000 euros par an et par détenu : le coût exorbitant des prisons pour l’État
Le nouveau garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a rapidement remis en avant la question de la surpopulation carcérale, un problème crucial qui touche les prisons françaises. Les chiffres sont alarmants et les coûts associés à ce phénomène ne cessent d’augmenter, tant en termes de gestion quotidienne que de construction de nouvelles infrastructures.
Entre la densité record des établissements pénitentiaires et les dépenses faramineuses qu’elles engendrent, la question de l’efficacité du système carcéral est plus que jamais au cœur des préoccupations.
La surpopulation carcérale en France atteint des niveaux inédits, avec plus de 80 000 détenus recensés au 1ᵉʳ novembre 2023. Ce chiffre marque une augmentation de 6,7 % en un an et un taux de densité carcérale de 128,5 %, un seuil jugé insoutenable. Cette situation engendre des conditions de détention particulièrement difficiles, tant pour les détenus que pour le personnel pénitentiaire. Pour Gérald Darmanin, la priorité est de rendre les prisons plus « humaines », en évitant le mélange de détenus de courte et longue peine, et en réorganisant les structures pénitentiaires existantes pour répondre aux besoins actuels.
Les coûts sont également exorbitants : la détention d’un prisonnier coûte environ 105 euros par jour, soit un total annuel estimé à 32 000 euros par détenu, selon les chiffres de l’Observatoire international des prisons. En comparaison, des mesures moins coûteuses comme le placement sous surveillance électronique ou le régime de semi-liberté sont largement moins onéreuses, respectivement à 10 et 50 euros par jour.
Une politique des prisons en pleine mutation
L’une des principales réponses à cette crise reste le plan de construction de nouvelles places de prison. Depuis 2018, le gouvernement a lancé un ambitieux projet de création de 15 000 places supplémentaires d’ici à 2027. Toutefois, ce plan rencontre plusieurs obstacles, notamment des retards importants et des coûts en constante augmentation. Le coût prévisionnel de ce programme, initialement évalué à 3,6 milliards d’euros, a vu sa facture se gonfler à plus de 5 milliards, et pourrait dépasser les 6 milliards d’ici à 2027. Comme le rapporte Le Figaro, le budget de l’administration pénitentiaire est également en hausse, avec une augmentation de 4,8 % prévue pour 2025, atteignant 5,24 milliards d’euros.
Face à cette situation, Gérald Darmanin a évoqué une réflexion plus globale sur l’avenir du système pénitentiaire. Plutôt que de poursuivre une politique de construction de prisons surdimensionnées, il suggère des alternatives pour repenser les peines et leur mise en œuvre, afin de réduire à la fois le coût et la surpopulation. Mais ces propositions devront encore être précisées pour savoir si elles permettront réellement de répondre aux enjeux actuels du système carcéral.
À lire aussi : Opérations « place nette » dans les prisons, immédiateté des peines… : Gérald Darmanin dévoile ses projets
Aucun commentaire
Loading