Politique
Gérald Darmanin nommé garde des Sceaux : le Syndicat de la Magistrature s’inquiète, « ça sent le sapin » pour l’État de droit
La nomination de Gérald Darmanin comme garde des Sceaux, annoncée le 24 décembre, a immédiatement suscité une réaction virulente du Syndicat de la Magistrature. Dans un communiqué au ton alarmiste, le syndicat d’extrême-gauche dénonce un « recul de l’État de droit » et met en doute la capacité de l’ancien ministre de l’Intérieur à défendre l’indépendance de la justice.
C’est une première sous la Ve République : jamais un garde des Sceaux n’avait auparavant occupé le poste de ministre de l’Intérieur. La reconduction de Bruno Retailleau place Beauvau, combinée à l’arrivée de Gérald Darmanin Place Vendôme suscite déjà des émois. Pour le syndicat d’extrême gauche, « ça sent le sapin ».
🎄 Excellent réveillon à tous·tes les magistrat·es du ministère de l’Intérieur
Notre communiqué de presse en réaction à la nomination de Gérald Darmanin au poste de garde des Sceaux 👇 pic.twitter.com/Jm2ZLXd2at
— SMagistrature (@SMagistrature) December 24, 2024
Le Syndicat de la Magistrature dénonce un « alignement » inquiétant
Dans le précédent gouvernement Barnier, qui n’a duré que trois mois, on trouvait un Bruno Retailleau à droite à l’Intérieur et un Didier Migaud à gauche à la Justice, une dichotomie abondamment critiquée. Comment, dans ces conditions, mener une politique répressive cohérente ? Avec ce gouvernement fraîchement nommé, la direction semble plus claire. Mais face à ce rapprochement des deux ministères, le Syndicat d’extrême gauche adopte une position résolument hostile dès les premières lignes de son communiqué, en évoquant un « alignement » inquiétant entre la place Vendôme et la place Beauvau.
À cela s’ajoutent des inquiétudes sur la personnalité de Darmanin, accusé d’avoir affaibli l’État de droit lorsqu’il dirigeait l’Intérieur.
Le Syndicat de la Magistrature inquiet face à la transition de Beauvau à Vendôme
Le Syndicat de la Magistrature n’a pas tardé à monter au créneau pour exprimer ses craintes sur l’avenir de l’indépendance de la justice sous la direction de Gérald Darmanin. L’organisation s’inquiète notamment de la capacité de l’ancien ministre de l’Intérieur à garantir un équilibre entre les pouvoirs. En cause, ses critiques répétées envers certaines décisions judiciaires qui ne lui convenaient pas. Une attitude perçue par l’organisation comme une remise en question de la légitimité des juges, et jugée problématique pour celui qui devient désormais le garant de la politique pénale du pays.
Une mise en garde contre l’instrumentalisation de la justice
Le Syndicat de la Magistrature insiste sur l’importance de l’indépendance de la justice, un contre-pouvoir essentiel face à l’exécutif et au législatif. « Indépendante, séparée des pouvoirs exécutif et législatif, elle constitue un contre-pouvoir aux deux autres, sans lequel il n’y a pas d’équilibre démocratique », insiste-t-il.
Dans son communiqué, il met en garde contre le risque d’une instrumentalisation de la justice, notamment à travers la nomination et la sanction des procureurs guidées par des considérations politiques. « Après l’avoir si souvent vu défendre la police contre la justice, comment croire à sa volonté de protéger l’institution judiciaire et sa mission constitutionnelle ? » s’interroge le Syndicat.
Plutôt que de caricaturer la nomination de Gérald Darmanin comme un « danger » pour l’État de droit, les m agistrats auraient pu saisir l’occasion pour rappeler les vrais défis auxquels la justice française fait face : engorgement des tribunaux, manque de moyens, lenteur des procédures… Des problématiques dépassent largement la personnalité d’un ministre, quel qu’il soit. Mais peut-être est-il plus commode de brandir la menace contre le fameux État de droit, une arme uniquement brandie contre ceux qui ne pensent pas comme eux.
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