Politique
Bryan Masson (RN) : « Il ne faut jamais faire confiance à un LR ! »
Député RN des Alpes-Maritimes, Bryan Masson a déposé ce jeudi 12 octobre une proposition de loi visant à supprimer les allocations familiales pour les parents d’enfants délinquants. Une mesure soutenue par les LR… qui ne sont pas allés la voter.
À l’occasion de la niche parlementaire du RN ce 12 octobre, vous avez déposé une proposition de loi visant à supprimer les allocations familiales aux parents d’enfants délinquants. Pourquoi ?
À l’origine de cette proposition de loi (PPL) il y a les émeutes de cet été. J’ai, comme des millions de Français, été marqué par les émeutes de juin et juillet dernier. J’appartiens à une génération qui n’a pas véritablement connu celles de 2005, j’étais alors âgé de neuf ans. Maintenant que je suis majeur et élu de la République, je me suis dit qu’il était temps d’engager une réponse claire avec des sanctions fermes.
Pour en revenir aux motivations, il s’agit tout d’abord de bon sens. Le bon sens a tellement quitté la vie politique que lorsqu’on l’évoque, cela peut heurter. Je me suis aperçu qu’aujourd’hui, les prestations sociales devaient être un droit automatique octroyé à tous les Français sans aucun devoir nécessaire en retour. Or, nous sommes la République des droits et des devoirs. Nous avons évidemment des droits, mais aussi et surtout des devoirs.
Le premier des devoirs, c’est de respecter la loi. Quand on commet un délit ou un crime, nous devons avoir des sanctions financières. L’excuse donnée par les opposants, c’est souvent que la justice met déjà des sanctions financières à ces jeunes. Pourtant, c’est faux, en grande partie, car ces familles ne sont généralement pas solvables ! La seule manière de sanctionner c’est de supprimer les prestations sociales automatiques.
C’est donc tout à la fois remettre de l’ordre, dissuader les jeunes de faire ces conneries, puisqu’il y a beaucoup trop de jeunes qui sont totalement lâchés dans la nature, qui se croient au-dessus de la loi et qui à juste titre se disent « Pourquoi je vais m’assagir, car la police va m’attraper et la justice, elle, va me mettre dehors ? ».
Vous parlez de jeunes « lâchés dans la nature ». Un récent sondage montrait que près d’un jeune sur deux qui a participé aux émeutes a été élevé par une mère seule. Est-ce que le fait de supprimer ces allocations ne risque pas d’empirer la situation ?
Ils se retrouvent avec leurs copains et partent à la chasse aux flics, aux voitures et plus largement à tout le monde. Ils ne sont pas abandonnés. Beaucoup de ces jeunes ne sont pas issus de famille monoparentale. Ils ont un père et une mère. Mais la plupart de temps, père et mère ne se sentent pas concernés quant à l’éducation de leurs enfants et les laissent dans la rue subir la loi du « grand frère ».
Pour revenir sur les familles monoparentales, j’entends ce que vous dites, il ne faut pas sanctionner bêtement des familles monoparentales qui sont malheureusement complètement larguées, car elles travaillent trop dur.
C’est pour cela que notre PPL passe par le préfet. C’est lui qui dit si oui ou non, on doit sanctionner. Si sanction il y a, alors les parents sont convoqués dans le bureau du préfet ou en préfecture. Il peut alors avoir en cas de délit une suspension et en cas de crime une suppression. Les parents ont quinze jours après cette convocation pour expliquer leurs motivations : est-ce qu’ils n’ont vraiment rien pu faire pour aider leurs enfants, est-ce qu’ils sont vraiment allés au bout du processus… Dans ce cas, le préfet émettra un regard humain, social et jugera s’il est bon ou non de sanctionner. J’ai pleinement confiance dans le préfet de la République.
Pourquoi passer par le préfet plutôt que le juge ?
La magistrature ne nous a jamais inspiré un sentiment d’ordre et de sécurité. Je crois qu’il y a beaucoup trop de juges qui, dans notre pays, relâchent des criminels et des délinquants. Ces derniers vont recommencer : c’est sans fin avec eux. J’estime que tant qu’il n’y aura pas eu de réforme profonde de la justice dans notre pays, il va falloir mettre en place certains leviers qui nous permettent d’être plus fermes pour qu’il existe enfin une sanction.
Je n’ai pas envie d’attendre que Madame Justice se décide enfin un jour à être ferme pour la sécurité des Français. J’ai confiance dans le préfet, car il est responsable du maintien de l’ordre dans son territoire. Les préfets sont responsables de la sécurité de leurs concitoyens et de leurs administrés. Ils ont un lien direct avec les collectivités, les maires et les élus locaux.
Si demain le maire d’une ville voit qu’une dizaine de gamins sont allés cramer des véhicules, alors, dans le cas précis où il connaît les familles des gamins en question, il pourra téléphoner au préfet et lui dire : « ces gens-là vont être mis au tribunal, ils risquent telle peine de prison, je vous demande monsieur le préfet d’être infaillible avec ces jeunes que nous connaissons ». Avec cette PPL, je permets également de remettre du lien entre les élus locaux et la plus haute autorité de l’État. Je pense qu’avec tous ces vecteurs réunis, nous arrivons à une loi avec beaucoup de bon sens.
Cette proposition de loi était défendue par une partie de la majorité et par les Républicains. Pourquoi donc n’est-elle pas passée ?
Cette proposition de loi a énormément gêné la majorité, car il y a beaucoup de députés qui ont envie de sanctionner ces parents d’enfants délinquants et qui savent pertinemment que la justice ne sanctionne pas suffisamment ou assez bien ces parents qui sont totalement déresponsabilisés et qui ont bien compris qu’en France il y avait une culture de l’excuse insupportable. Beaucoup de députés de la majorité ont écouté Emmanuel Macron qui a lui-même dit qu’il fallait sanctionner financièrement les familles qui ne prenaient pas la responsabilité de leurs enfants. J’ai écouté le chef de l’État, j’ai écouté Gérald Darmanin et Éric Dupont-Moretti et je me suis dit qu’ils étaient d’accord avec moi et qu’en conséquence, j’allais déposer une PPL sur le sujet. Beaucoup de députés de la majorité se sont alors dits : « c’est intéressant comme PPL ». Pourtant, si les députés macronistes étaient utiles au pays, ça se saurait. Ils sont dans la posture politicienne, dans la communication politique et attendent d’être chassés du pouvoir dans trois ans.
Quant aux députés LR, ils ont annoncé qu’ils allaient soutenir ma proposition de loi. Je suis ravi, mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient, pour paraphraser Jacques Chirac. Je me doutais qu’ils ne seraient pas présents. Il suffit de regarder le taux de présence des députés LR à l’Assemblée Nationale. Il ne faut jamais faire confiance à un LR ! Il n’est jamais là, il aura poney, piscine, je ne sais pas, mais il ne sera pas là. Il n’y avait le 12 octobre qu’un seul LR présent… Les Républicains, c’est le parti des étoiles filantes. Ils se sont totalement disqualifiés. Ils font à chaque fois de grandes annonces dans Le Figaro pour dire : « vous allez voir ce que vous allez voir » et au final, rien.
Une critique a été souvent entendue de la part de certains médias : selon eux, votre niche parlementaire ne serait que stratégie politique et ne servirait qu’à piéger les autres partis par des propositions consensuelles…
Supprimer ou suspendre les allocations familiales, c’était dans le projet présidentiel de Marine Le Pen. Nous avons simplement continué à travers différentes propositions de loi à proposer notre projet. Par exemple, sur l’endométriose, Marine le Pen durant la campagne a envoyé une lettre aux Françaises. Dans cette lettre, Marine disait que si elle était élue présidente, elle mettrait en place un nouveau dispositif pour mieux prendre en compte l’endométriose pour les femmes. Nous sommes dans la continuité de ce que l’on a présenté aux Français en 2022, même chose pour l’écriture inclusive.
On nous fait donc un procès stupide. C’est une posture politicienne qui vise à dire que le RN innove. Mais non, c’est notre programme que l’on met en jeu durant les niches parlementaires. Simplement, nous les adaptons, nous les encadrons au mieux. Tout cela est une excuse venant des autres groupes parlementaires pour ne pas voter comme le Rassemblement National. Il ne faut pas nous donner raison. Mais peu importe, ce sont les Français qui trancheront. Sur les allocations familiales, ce sont 70% d’entre eux qui sont d’accord avec nous : nous avons la volonté populaire derrière nous !
Quel est votre bilan de cette niche parlementaire ?
Pour moi, c’est un bilan honorable, nous avons défendu nos convictions et nos propositions de loi fièrement. Ceci étant dit, si nous nous battons, ça n’est pas pour nous, c’est pour améliorer le quotidien des Français. La posture politicienne vient de nos adversaires. Ils se démarquent par leur sectarisme, ils ne veulent rien voter venant du RN. En attendant, nous perdons du temps, la situation du pays s’aggrave.
En ayant ce comportement-là, de sectarisme, de posture et de mépris à l’égard du RN et bien au-delà, à l’égard des électeurs du RN, la majorité et l’extrême gauche sont nos meilleurs agents électoraux ! Ils travaillent pour nous, ils disent aux Français que le RN a raison, mais se pincent le nez quand il s’agit de voter. Les Français, eux, ne se pinceront pas le nez quand il s’agira de voter Marine le Pen en 2027.
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