International
L’Autorité palestinienne suspend la diffusion d’Al-Jazeera pour propagande du Hamas
Face aux accusations de propagande en faveur du Hamas, L’Autorité palestinienne muselle Al-Jazeera, ravivant tensions et controverses au cœur des luttes d’influence.
Ce mercredi 1er janvier, l’Autorité palestinienne (AP) a frappé un grand coup en suspendant la diffusion de la chaîne Al-Jazeera dans les territoires qu’elle contrôle. Accusée d’être un relais de la propagande du Hamas, la chaîne emblématique du paysage médiatique arabe est désormais réduite au silence dans cette région. Ce choix a été justifié par des accusations selon lesquelles la chaîne favoriserait la diffusion de la propagande du Hamas, un mouvement qu’elle considère comme une menace à son autorité. Cette décision, perçue comme une attaque frontale contre la liberté de la presse, a immédiatement provoqué une onde de choc, révélant les fractures béantes entre le Fatah, au pouvoir à Ramallah, et le Hamas, son rival de Gaza.
Une arme politique dans la guerre d’influence
Al-Jazeera, chaîne qatarienne reconnue pour sa couverture des conflits du Moyen-Orient, est dans le collimateur pour avoir, selon l’AP, accordé une tribune aux messages incendiaires du Hamas. Cette accusation intervient dans un contexte où chaque mot, chaque image, chaque récit médiatique devient une arme redoutable dans la lutte pour le contrôle narratif de la région. Mais l’interdiction d’Al-Jazeera pourrait aussi être interprétée comme un message à l’international, où l’AP cherche à se poser en rempart contre le Hamas. Une manœuvre audacieuse, mais risquée.
Cette décision intervient dans un contexte de tensions accrues entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, exacerbé par les récents conflits armés dans la région. Une déclaration officielle de l’AP, présidée par Mahmoud Abbas, l’accuse notamment « d’incitation à la sédition » et « d’ingérence » dans ses affaires.
En outre, les responsables de l’Autorité ont accusé Al-Jazeera de fournir une plateforme médiatique aux messages jugés incendiaires du Hamas, affirmant que « Cette chaîne de télévision diffuse systématiquement des informations fausses et déformées, ce qui porte atteinte à la stabilité et à la sécurité de notre région. Nous ne pouvons pas lui permettre de continuer à s’immiscer dans nos affaires intérieures. ».
Al-Jazeera réagit à la suspension et dénonce des pressions
De son côté, Al-Jazeera a vivement réagi à cette suspension, dénonçant ce qu’elle perçoit comme une attaque frontale contre sa mission journalistique. La chaîne accuse l’Autorité palestinienne de vouloir « masquer la réalité sur le terrain dans les territoires occupés, en particulier dans des villes comme Jénine et son camp de réfugiés ». Elle affirme que cette décision intervient « à un moment où l’Autorité palestinienne tente de dissuader Al-Jazeera de couvrir l’aggravation des événements dans les Territoires palestiniens occupés » et après « une campagne d’intimidation » ciblant directement ses journalistes.
Al-Jazeera : catalyseur des tensions et des polémiques
Comme le souligne Avia.Pro, cet incident met en lumière la profondeur des tensions entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, tout en jetant une lumière crue sur les pratiques controversées d’Al-Jazeera. Propriété du Qatar, un soutien financier et humanitaire clé du Hamas, la chaîne est perçue par l’Autorité palestinienne comme une arme médiatique au service de son rival. En réponse, l’AP cherche à verrouiller l’espace informationnel pour contenir l’influence croissante du Hamas, considéré comme un défi majeur à son autorité et à la stabilité de son territoire.
Mais les critiques contre Al-Jazeera vont bien au-delà du contexte palestinien. Déjà accusée de manipuler l’opinion publique, l’antenne française de la chaîne a récemment été pointée du doigt par Pierre Manent, qui a dénoncé une « fatwa médiatique » orchestrée contre lui, illustrant des pratiques diffamatoires visant à influencer les débats publics. Ces accusations, ajoutées à la rivalité géopolitique dans les territoires palestiniens, renforcent l’image d’un média controversé, accusé de servir des agendas politiques sous couvert de journalisme.
Un précédent inquiétant ?
La suspension d’Al-Jazeera soulève des questions sur l’avenir de la liberté d’expression dans les territoires palestiniens. Alors que les tensions politiques persistent, la population, elle, se retrouve une fois de plus au cœur d’un conflit d’influence entre médias, pouvoir et factions politiques.
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