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Attentat à Arras, le sang d’un professeur coule de nouveau sur le sol français

Presque trois ans jour pour jour après la mort de Samuel Paty, le sang d’un professeur coule à nouveau sur le sol français.

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Attentat à Arras, le sang d’un professeur coule de nouveau sur le sol français

Il y a presque 3 ans jour pour jour, le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire Samuel Paty était décapité par un terroriste tchétchène dans les rues de Conflans-Sainte-Honorine. Aujourd’hui, le 14 octobre 2023, aux alentours de 11 h à Arras, c’est à Dominique Bernard, professeur de français, que la vie a été ôtée. L’assaillant, un certain Mohammed Mogouchkov, un homme fiché S et d’origine tchétchène, l’a sauvagement égorgé aux cris d’« Allah Akbar ». Récit d’un drame qui aurait dû être évité.

Un passage à l’acte d’une violence inouïe

Plusieurs vidéos sont apparues sur les réseaux ce matin, montrant le jeune terroriste s’introduire dans l’école couteau à la main et chercher une cible pour accomplir son meurtre. Si quelques professeurs et personnels administratifs tentent de lui barrer la route, c’est Dominique Bernard, un professeur de français de 57 ans qui sera mortellement blessé à la gorge et au thorax par l’assaillant en tentant de protéger ses élèves. Selon les sources présentes sur le terrain, il aurait ainsi évité que plus de personnes soient blessées ou tuées.

Deux autres membres du personnel de l’établissement (dont un professeur d’EPS et un agent de sécurité) sont quant à eux grièvement blessés mais vivants.

Il semblerait selon les premières sources que Mohammed Mogouchkov cherchait à viser un profil précis. Selon le témoignage de Martin Doussau, enseignant de philosophie au lycée Gambetta, il cherchait « un prof d’histoire », ce qui n’est pas sans rappeler l’assassinat de Samuel Paty (survenu presque trois ans auparavant jour pour jour).

Dans les vidéos de l’attentat, l’acharnement du terroriste sur le professeur Dominique Bernard, à coup de couteaux, est saisissant. L’assaillant tchétchène, âgé de 20 ans, sera par la suite interpellé et placé en garde à vue après les faits, de même que son petit frère de 17 ans lui aussi fiché S et neuf autres personnes.

Une famille qui devait être expulsée dès 2014

Mohammed Mogouchkov et sa famille sont loin d’être inconnus des services de l’État français. Né en 2003 en Russie, l’assaillant est arrivé en France en 2008 et dispose de la nationalité russe. Les Mogouchkov avait en effet été déboutés du droit d’asile et tous leurs recours étaient désormais épuisés. Le couple et ses cinq enfants qui étaient retenus dans une résidence au sud de Rennes avaient même été emmenés à l’aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande puis à Roissy. L’avion affrété spécialement pour l’occasion les auraient alors reconduits vers la Russie. Mais c’était sans compter sur l’intervention de nombre d’associations de défense des sans-papiers et de gauche pro-migrante dont La Cimade ou le MRAP qui ont vivement protesté contre la procédure. Le Parti Communiste Français (PCF) avait quant à lui publié un communiqué pour dénoncer cette expulsion sur le site de sa branche rennaise.

Sur instruction du cabinet de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, la fin de la rétention de la famille Mogouchkov et l’annulation de l’expulsion avait donc été décidées en 2014. C’est ainsi que la préfecture d’Ille-et-Vilaine, à l’époque représentée par le Préfet Patrick Strzoda, actuel directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, s’est couchée et a abandonné les poursuites à l’encontre de la famille. À l’époque, la famille de l’assaillant était assignée à résidence dans un foyer de La Guerche-de-Bretagne, au sud de Rennes. 

Le 5 mars 2021, Mohammed Mogouchkov présente une demande de réexamen de sa demande d’asile, finalement rejetée et considérée comme irrecevable sur décision de l’Opfra, l’Office français de protection des réfugiés. L’individu ne pouvait toutefois pas être expulsé en raison de la protection absolue contre l’éloignement dont il bénéficiait car il était arrivé sur le territoire français avant l’âge de 13 ans.

L’assaillant contrôlé la veille de son passage à l’acte

Une des seules différences avec l’assassinat de Samuel Paty est que cette fois-ci, la France était prévenue. Pire : jusqu’à hier, les forces de l’ordre semblaient être sur le coup. En effet, la DGSI surveillait activement Mohammed Mogouchkov qui était fiché S pour islamisme radical. 

Ce jeudi 13 octobre, il était même contrôlé à son domicile, sans qu’aucune infraction ne puisse lui être reprochée. Il n’était d’ailleurs pas le seul de la famille à susciter l’attention des services de renseignements, l’un de ses frères étant écroué depuis 2019 dans un dossier de projet d’attentat contre l’Élysée. Après l’attaque de ce vendredi, c’est un autre de ses frères, âgé de 17 ans, qui avait été interpellé à proximité d’un établissement scolaire à Arras.

Un vendredi 13 sous haute tension était annoncé

Cette semaine, Khalid Mashal, le leader et membre fondateur du Hamas, a prononcé un discours dans lequel il appelle les musulmans du monde entier à manifester leur colère ce vendredi 13 octobre. Dans ce discours, Khalid Mashal exhorte les musulmans à exprimer leur colère, en particulier lors de la prière du vendredi, à la fois dans les pays musulmans et au sein de la diaspora musulmane à travers le monde. Il affirme que cette démonstration de colère enverra un message fort aux sionistes et à l’Amérique.

 Le leader du Hamas avait appelé au martyr et à la mobilisation des musulmans du monde entier

Khalid Mashal a également souligné l’importance de la pression politique exercée par les dirigeants musulmans et les nations musulmanes pour mettre fin à l’invasion militaire de Gaza par Israël. Il a ainsi appelé à l’unité des musulmans du monde entier pour défendre la cause palestinienne.

Le message le plus saisissant de Mashal est son appel aux musulmans à se préparer à combattre et à devenir des martyrs pour Al-Aqsa. Il affirme dans son discours que le moment est venu pour que le Jihad soit appliqué sur le terrain plutôt qu’en théorie, appelant les moudjahidines à verser leur sang sur la terre de Palestine.

Le leader et fondateur du Hamas a donc mobilisé la communauté musulmane mondiale pour soutenir la cause palestinienne de manière plus vigoureuse que jamais. Son appel au « Vendredi du Déluge d’Al-Aqsa » aura donc fait écho jusqu’en France.

Mais alors que faut-il pour que l’État français et son gouvernement réagissent ? L’assassinat de Samuel Paty devait nous servir de leçon mais le constat tiré trois ans plus tard est saisissant. Nous avions été prévenus. Les services de l’État connaissaient et suivaient Mohammed Mogouchkov. Ce dernier était fiché S et son frère avait été écroué pour projet d’attentat. Sa famille aurait dû être expulsée neuf ans plus tôt. Mais malgré tout cela, le corps d’un professeur s’est à nouveau écroulé sous les coups d’un terroriste islamiste. Et face à ce nouvel acte de barbarie, l’État français semble plus démuni que jamais.

À lire aussi : Black Lives Matter soutient la cause palestinienne

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