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Afghanistan : les Talibans font le choix de la charia à petits pas
Depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan, les Talibans ont choisi une stratégie progressive pour réinstaurer la charia dans le pays.
« On ne sait rien de leurs intentions » À l’époque, les bons connaisseurs de l’Afghanistan avaient, à cette phrase des commentateurs lambdas, haussé les sourcils avec un sourire en coin moqueur. Avaient-ils torts ?
Pas vraiment, hélas.
Car depuis que les Talibans sont revenus au pouvoir dans le « Pays des Cavaliers » en août 2021, leurs intentions ne sont guère un mystère, sinon pour certains esprits occidentaux obtus, persuadés que les « Talibans avaient changés ».
Pourtant, les « étudiants en religion » (Ndlr : talibans, en langue dari) n’ont guère fait mystère, dès la prise de Kaboul le 15 août 2021, de leur intention de rétablir la charia dans la version la plus rigoriste qui est la leur.
Charia, coups de fouet, et femmes au placard
Pour l’émir et commandeur des croyants Haibatullah Akhundzada, qui vit reclus et sous haute protection à Kandahar, dans le sud du pays, le rétablissement strict de la charia est un objectif indépassable. Dès le 15 août 2021, les Talibans chassent les femmes des emplois publics, comme l’administration ou la presse, et exigent d’elles le port de la burqa. Ils suppriment les représentations féminines de l’intégralité de l’espace public. Petit à petit, la version la plus dure de la charia est remise au goût du jour. En novembre 2022, l’annonce tombe comme un couperet, douchant définitivement les espoirs béats des quelques naïfs qui se forçaient encore à y croire : la charia est officiellement réintroduite en Afghanistan par le pouvoir taliban. Avec elle, son lot de lapidations pour adultère, flagellations pour fornication, amputations pour vol, mariages forcés, viols conjugaux…
Les femmes sont chassées de l’université, puis du lycée, puis du collège, puis même de l’école. Elles ne peuvent et ne doivent désormais plus se déplacer sans un mahram, un tuteur, pour s’assurer de leur bonne moralité.
Interdire, toujours interdire…
Récemment, les Talibans leur ont même interdit de chanter ou de réciter des poèmes.
Les instruments de musiques sont collectés en tas, et brûlés. De toute façon, cela fait déjà quelques années que la musique est interdite en Afghanistan. Certains confrères, qui se sont rendus sur place, ont témoigné de cas de châtiments corporels pour des Afghans ayant simplement dansé lors d’un mariage. Le sport est fortement règlementé et sévèrement encadré : le MMA (arts martiaux mixtes) a ainsi été purement et simplement interdit au mois d’août dernier, au grand désespoir des lutteurs afghans.
Et dernière lubie en date, interdire (décidément, c’est une manie) la représentation de « tout être vivant ». Ainsi, les rares médias restants, déjà à la botte du régime taliban, auront interdiction de publier de quelque manière que ce soit la moindre image ou photo, le moindre dessin ou représentation d’être humain, ou même d’animaux.
Liste non-exhaustive.
Où s’arrêtera la folie normative des Talibans ?
Ou plutôt, où s’arrêtera la charia ?
L’Afghanistan continue de s’enfoncer dans la nuit, et si l’Europe ne réagi pas, les petits Talibans que nous accueillons en masse chaque jour par la grâce d’une immigration aussi massive qu’incontrôlée, auront tôt fait de tous nous transformer en femmes afghanes.
À lire : Les talibans veulent interdire les images « d’êtres vivants » dans les médias
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