Enquêtes
Canaries : le nouveau Lampedusa
Erik Tegner s’est rendu à la source des filières de passeurs, cette fois dans les îles Canaries. Une première étape au sein d’une machine très bien huilée, car les surprises ne font que s’accumuler.
Il est deux heures du matin. Depuis le port de La Restinga, sur la petite île d’El Hierro aux Canaries, nous apercevons au large des côtes un navire de sauvetage dans la nuit noire. C’est l’agitation sur les quais qui s’apprêtent à le recevoir : les voitures des membres de la Croix Rouge qui ont été réveillés en pleine nuit arrivent au compte-goutte. Près d’une vingtaine de volontaires, médecins et agents de sécurité préparent l’arrivée du navire, allument les lumières dans les grandes tentes blanches tandis qu’un léger dispositif de sécurité est installé tout autour. Je suis monté près du phare pour mieux suivre cette arrivée tant attendue.
Derrière ce navire orange de l’État espagnol, je décèle peu à peu une grande pirogue chargée d’hommes. À côté, un Zodiac de la guardia civil surveille la manœuvre de remorquage. Ce sont plus de 70 migrants qui vont bientôt atteindre leur but : les côtes européennes. Enfin entrés dans la nasse du port de la Restinga, je peux voir qu’à peine sur le quai, ils ont déjà reçu chacun un K-way vert pour leur tenir chaud. Hagards, ils suivent à la lettre les consignes des garde-côtes et des sauveteurs, qui les débarquent et les confient à la Croix Rouge. Un à un, ils seront conduits vers une grande tente blanche. C’est ici qu’ils vont être pris en charge durant une heure avec deux objectifs : l’enregistrement de leur identité et la détection d’éventuelles maladies.
Je suis seul avec mon caméraman pour suivre cette arrivée. Aucun journaliste en vue. Il faut dire que c’est devenu habituel ici : en trois jours, nous verrons voir débarquer plus de 750 migrants rien que sur le port de cette petite ile des Canaries.
« Ça n’intéresse pas la Mauritanie, ni le Sénégal, ni le Maroc de régler ce problème, car c’est une arme politique, et de l’argent. »
Si j’ai voulu venir ici en ce début du mois de janvier, c’est qu’un chiffre m’a alerté : depuis s
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