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Le président allemand dissout le Parlement et alerte sur la manipulation des élections à venir sur X
Ce vendredi 27 décembre, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a annoncé la dissolution du Bundestag et fixé les élections législatives anticipées au 23 février. Il met déjà en garde contre la désinformation qui pourrait circuler sur la plateforme X à l’occasion de ces dernières.
« La stabilité politique en Allemagne est à juste titre un grand atout », a déclaré Frank-Walter Steinmeier dans une allocution qui se voulait rassurante. Pourtant, en décidant de dissoudre le parlement en pleine crise, le président prend un risque majeur. Entre une inflation persistante, des entreprises en difficulté, le traumatisme de l’attentat du marché de Noël de Magdebourg et la montée de l’AfD, le pays traverse une période particulièrement troublée. Dans ce contexte, Steinmeier semble avoir déjà désigné un responsable : la désinformation sur X et les ingérences étrangères. Une manière de détourner l’attention des véritables dangers qui menacent la stabilité du pays.
Le Parti social-démocrate d’Olaf Scholz en perte de vitesse
Pour Steinmeier, « en particulier dans les moments difficiles comme celui-ci, la stabilité passe par un gouvernement efficace et des majorités solides au parlement ». Il a exprimé l’espoir que cette campagne électorale permettra de trouver « les meilleures solutions aux défis de notre époque », notamment une situation économique incertaine où des entreprises sont en difficulté et des emplois menacés. le président a également souligné d’autres priorités essentielles pour l’Allemagne, comme « les guerres au Proche-Orient et en Ukraine », ainsi que « les questions liées au contrôle de l’immigration, à l’intégration et au changement climatique, dont les effets se font de plus en plus ressentir ».
Les élections anticipées, fixées sept mois avant la date initialement prévue, se dérouleront dans un climat de grande incertitude. Selon les sondages, l’opposition conservatrice est en tête, talonnée par le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), tandis que le Parti social-démocrate (SPD) d’Olaf Scholz semble en perte de vitesse. C’est pourquoi Steinmeier a insisté sur la nécessité d’une campagne menée « de manière juste et transparente ».
La plateforme X, vecteur de manipulation des élections
Steinmeier a par ailleurs mis en garde contre « l’influence extérieure » et la propagation de fausses informations, citant la plateforme X comme un vecteur de déstabilisation. « L’influence extérieure constitue un danger pour la démocratie, qu’elle soit secrète ou ouverte et non dissimulée, comme c’est le cas actuellement, de manière particulièrement intensive, sur la plateforme X », a-t-il déclaré.
NOW – German president Steinmeier (SPD) on the upcoming election: “External influence is a danger to democracy, whether it is covert… or open and blatant, as is currently being practiced particularly intensively on the platform X.” pic.twitter.com/s1miQwyzC3
— Disclose.tv (@disclosetv) December 27, 2024
Une mise en garde à ne pas prendre à la légère à l’heure où la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête contre le réseau social TikTok soupçonné d’avoir manqué à ses obligations et ouvert la porte à de possibles manipulations russes dans l’élection présidentielle en Roumanie. Et alors que Bruxelles et ses États membres ne cessent de mentionner la large diffusion de fausses informations, notamment via des bots sur X, lors des campagnes électorales américaines, bien que ces affirmations ne soient étayées par rien. L’affaire du Russiagate, fréquemment mise en avant – et qui accuse la Russie d’ingérence dans l’élection présidentielle américaine de 2016 – n’a d’ailleurs jamais été prouvée par la justice.
Si l’AfD venait à remporter les élections ?
Le chef d’Etat allemand a donc exhorté à bannir « la haine et la violence » de la campagne électorale allemande. Pourtant, cette insistance sur les réseaux sociaux détourne clairement l’attention des véritables enjeux de la campagne. En faisant de la désinformation une priorité absolue, le président ouvre la voie à un contrôle déguisé du discours public, où la lutte contre les fausses informations devient un prétexte pour restreindre la liberté d’expression et le débat démocratique. Une dérive qui soulève une question inquiétante : si l’AfD venait à remporter les élections, utiliserait-on le prétexte d’une ingérence étrangère pour en contester la légitimité ou même les annuler ?
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