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Citi et JP Morgan : l’abandon des banques françaises en Afrique, un tremplin pour l’expansion américaine
Le retrait des banques françaises du continent africain ouvre un boulevard aux institutions américaines, comme JP Morgan et Citi, qui accélèrent leur expansion sur des marchés stratégiques. Profitant d’un soutien actif de Washington, ces géants de la finance redessinent le paysage bancaire africain, fragilisant encore davantage l’influence économique de la France.
L’Afrique, ancien bastion économique des banques françaises, devient le terrain de jeu des institutions financières américaines. Le désengagement progressif des acteurs historiques comme BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole offre une opportunité stratégique aux géants Citi et JP Morgan, bien décidés à occuper ce vide. Cette offensive s’inscrit dans une bataille géopolitique où les intérêts économiques et politiques s’entremêlent.
Le retrait français : une perte d’influence majeure
Ce désengagement marque une rupture avec un siècle de présence française sur le continent. Société Générale, entre autres, a cédé plusieurs filiales pour se recentrer sur des marchés jugés plus rentables, abandonnant ainsi des positions clés en Afrique subsaharienne. Cette stratégie, perçue comme un aveu d’échec, affaiblit l’influence française et laisse le champ libre à des concurrents bien préparés.
Citi et JP Morgan : une offensive coordonnée et méthodique
Face à cette retraite, les banques américaines avancent leurs pions avec ambition et détermination. Jamie Dimon, PDG de JP Morgan, affiche une stratégie claire : « Nous voulons ajouter un pays ou deux en Afrique, tous les deux ans environ. » Cette déclaration résume l’appétit vorace de la banque américaine, qui a récemment ouvert des bureaux en Côte d’Ivoire et au Kenya, des marchés stratégiques à fort potentiel.
De son côté, Citi, forte d’une présence historique dans plusieurs pays africains, profite également de cette réorganisation. Pape Sall, responsable de Citi pour l’Afrique centrale et de l’Ouest, se réjouit : « Le départ annoncé des banques européennes, présentes pour certaines depuis les indépendances, va changer la configuration du paysage bancaire » estime-t-il. « Pour Citi, cela veut naturellement dire aussi plus de parts de marché sur les clients que nous partagions. ».
Une expansion appuyée par Washington
L’offensive des banques américaines en Afrique ne s’arrête pas à la sphère économique. Elle bénéficie d’un soutien direct de l’administration américaine, bien décidée à contrer l’influence croissante de la Chine sur le continent. Le corridor ferroviaire de Lobito en Angola, soutenu par le président Joe Biden, est un exemple frappant de cette stratégie. Comme le rapporte Les Échos, les projets de JP Morgan en Afrique étaient jusqu’ici entravés par les régulations strictes du secteur bancaire et par les réticences des autorités américaines.
Cette alliance entre diplomatie et finance, renforce le positionnement stratégique des États-Unis. En Afrique, l’objectif est clair : concurrencer la Chine et accompagner les entreprises américaines dans leur conquête de nouveaux marchés. Les banques américaines deviennent ainsi des outils géopolitiques, soutenant une vision où l’économie et la politique avancent main dans la main.
L’impact sur l’Afrique : entre opportunités et menaces
Pour les économies africaines, l’arrivée des banques américaines est une arme à double tranchant. D’un côté, elles apportent des financements en monnaies locales et des solutions innovantes adaptées aux besoins des marchés locaux. Mais de l’autre, cette dépendance accrue aux acteurs étrangers, qu’ils soient chinois ou américains, pose un sérieux problème de souveraineté économique.
Les banques américaines, bien qu’elles vantent leur approche de partenariat, risquent de reproduire une dynamique de domination, substituant simplement un modèle d’influence à un autre. L’enjeu pour l’Afrique sera de trouver un équilibre entre attractivité des investissements étrangers et protection de ses intérêts stratégiques.
Un basculement historique
L’abandon des banques françaises et l’offensive coordonnée de Citi et JP Morgan symbolisent un basculement historique dans le paysage économique africain. Derrière ces mouvements financiers se dessine une bataille d’influence où chaque grande puissance avance ses intérêts. Pour la France, le constat est sévère : sans une réponse adaptée, elle risque de perdre définitivement son rôle de leader sur le continent. Pour l’Afrique, ce nouvel équilibre pourrait être une chance, à condition qu’elle impose ses règles et préserve sa souveraineté.
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