Société
Rami Abou Jamous déroule son discours sur Gaza sans contradicteur sur France Inter
Le mardi 15 octobre, la journaliste Sonia Devillers a, comme souvent, invité le journaliste palestinien Rami Abou Jamous à s’exprimer sur le conflit à Gaza sans lui opposer la moindre contradiction. Cette complaisance observée à l’égard d’un journaliste ayant remis en cause les massacres du 7 octobre rompt avec les règles du pluralisme imposées par l’Arcom.
Rami Abou Jamous, souvent salué pour son courage, est un journaliste dont « le travail, accompli au péril de sa vie, est d’autant plus essentiel que les journalistes étrangers sont interdits d’entrer dans la bande de Gaza ». Ce matin sur France Inter, Sonia Devillers n’a pas manqué de souligner cette bravoure, en mentionnant que le lauréat du prix Bayeux « transmet sans relâche des informations sur place à 150 journalistes, qui saluent unanimement son courage physique et son sens de la précision journalistique ». Cependant, cette mise en avant de l’aspect héroïque du journaliste masque un problème de taille : la question du pluralisme.
Le service public oublie le contradictoire sur Gaza
Il est en effet surprenant que, pour aborder une crise aussi complexe, un seul point de vue ait été présenté. D’autant plus que ce journaliste avait déjà nié la violence des massacres du 7 octobre lors d’une interview : « Nous savons bien comment les Israéliens communiquent. Vous-mêmes, au début, avez été influencés par la version israélienne affirmant que des Palestiniens de Gaza avaient décapité des enfants, violé et tué des femmes. Netanyahou lui-même a montré des photos d’enfants de Gaza, les présentant comme des enfants israéliens. La manipulation est toujours présente. »
Écoutez Rami Abou Jamous, récompensé par le @PrixBayeux et invité régulier des grandes chaînes, clamer que les massacres et viols du 7 octobre étaient une manipulation israélienne. Diffusez cet extrait partout où sa publicité est faite pour que ce #négationniste soit démasqué ! https://t.co/vl26ktBvbT pic.twitter.com/TtFH9PVtNw
— InfoEquitable (@InfoEquitable) October 12, 2024
Ce matin, Sonia Devillers, au lieu de chercher à équilibrer son plateau avec d’autres voix, a mené une interview complaisante, évoquant les conditions de vie dans une zone de guerre et s’attardant longuement sur des aspects personnels de la vie d’Abou Jamous, comme son père et sa famille. Un portrait humanisant, certes, mais qui esquive la nécessité d’un débat contradictoire. Et lorsque Rami Abou Jamous a mentionné un « génocide en cours » à Gaza, la journaliste du service public n’a pas pris la peine de tempérer ses propos.
Le deux poids, deux mesures de l’Arcom
Or, l’Arcom impose clairement aux journalistes une maîtrise de l’antenne, ce qui implique, d’une part, de reprendre les invités lorsque c’est nécessaire, et d’autre part, de veiller à l’équilibre des points de vue, notamment sur des sujets aussi sensibles que le conflit israélo-palestinien.
Pour rappel, l’autorité de régulation n’hésite pas à régulièrement sanctionner les chaînes CNews et C8 pour manquements à ces obligations, mais étrangement, ne semble pas appliquer la même rigueur au service public.
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