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Fête de l’Humanité 2024 : le rassemblement des divergences

Lors de la dernière fête de L’Humanité, les forces constituantes du nouveau Front populaire ont promis « l’union » sous fond de divergences plus que profondes. Les festivités ont tout de même eu la force de réaliser une « fête de famille » de la gauche.

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Fête de l’Humanité 2024  : le rassemblement des divergences

Organisée le week-end du vendredi 13 au dimanche 15 septembre sur l’ancienne base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge et du Plessis-Pâté dans l’Essonne, la Fête de l’Humanité a tenu ses serments en mobilisant pas moins de 430.000 festivaliers sous les auspices d’un rassemblement annuel des gauches. L’événement, riche en séquences, a de quoi animer une rentrée politique initialement marquée par la déception des forces rouges, désabusées par la nomination de Michel Barnier en tant que nouveau locataire de la rue de Varenne.

François Ruffin : martyr d’une gauche dévoyée

François Ruffin, député de la 1ʳᵉ circonscription de le Somme désormais purgé par La France Insoumise, a bénéficié d’un accueil en demi-teinte sur la scène de l’Humanité. Prévu comme débatteur sur la question : « défaire le RN : comment unir les classes populaires ? » , son arrivée a provoqué l’agitation et l’hostilité de nombreux auditeurs. L’élu picard a été accueilli sous les huées de plusieurs dizaines de militants s’époumonant sur le chant antifasciste italien « siamo tutti antifacisti ».

Une telle réception fait suite aux critiques du purgé à l’encontre d’une des sacro-saintes figures de l’extrême gauche et de ses ouailles, Jean-Luc Mélenchon. François Ruffin a déjà été au centre des controverses le 4 juillet dernier en qualifiant, au micro de LCI, Jean-Luc Mélenchon de « boulet » pour son camp politique. Puis, dans son dernier ouvrage intitulé « Itinéraire : Ma France en entier, pas à moitié ! », l’ex-insoumis a également fait couler beaucoup d’encre en parlant d’une campagne menée sur un « contrôle au faciès » par son parti en 2022 et en 2024, s’attirant ainsi les foudres du gourou insoumis et de ses sbires. Face aux huées et aux invectives, l’élu picard s’était défendu en expliquant : « Vous pouvez me huer », a-t-il stipulé, « mais j’ai un désaccord moral, électoral, profond, dans la durée avec Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise ». De quoi encore accentuer la rupture entre les ténors de l’extrême-gauche.

De Villepin : à gauche toute !

Une autre figure politique s’est distinguée lors de cette manifestation. L’intervention de Dominique de Villepin, convié sur la scène de la Fête de l’Humanité ce dimanche 15 septembre, a été salué par les militants. L’ex-Premier ministre sous Jacques Chirac a été vivement applaudie par le public pour ces propos sur la question palestinienne et au triomphe électoral du Nouveau Front Populaire du 7 juillet dernier. « Liquidez le Hamas, ce n’est pas liquider ni les Palestiniens, ni la question palestinienne » haranguait-il, s’inscrivant ainsi dans le roman géopolitique de la gauche. « Il y a une force qui est arrivée en tête, il fallait lui donner sa chance » prononçait-il également. Des propos qui ont su conquérir le cœur des militants.

L’ancien ministre a notamment franchi un cap inédit en s’en prenant directement à sa propre maison politique. « C’est le parti arrivé en dernier qui forme le gouvernement », affirme-t-il. Avant de poursuivre : « Alors, reconnaissez quand même qu’il y a un mérite à ce choix, c’est qu’il donne raison à la parole évangélique : les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers ».

Angela Davis : star des festivités de l’Humanité

Pour la troisième fois consécutive, la figure de l’antiracisme américain Angela Davis a foulé les allées de la Fête de l’humanité, territoire qu’elle arpente en tant que figure quasi angélique. Avec une telle renommée aux yeux de l’Internationale gauchiste, Angela Davis a été accueillie à bras ouvert par un camp politique en état de plénitude par sa seule présence. L’un de ses premiers combats, portés depuis maintenant plusieurs dizaines d’années, est la libération de Mumia Abu-Jamal. De son vrai nom, «Wesley Cook », a été emprisonné aux États-Unis pour meurtre depuis plus de quarante ans. Pour de nombreux militants de gauche, le militant antiraciste a été condamné pour un crime qu’il n’a pas commis. Il devient ainsi un symbole de lutte contre la répression afro-américain dans le pays de l’Oncle Sam. Sensible aux questions du Proche-Orient, Angela Davis ne fait pas non plus exception sur la question palestinienne. Une cause qu’elle a portée sur ses épaules avec un keffieh. Une pièce remise par Hala Abou Hassira, ambassadrice de Palestine en France.

C’est avec cette pièce vestimentaire, symbole de la résistance du peuple palestinien face à l’état « colonisateur » hébreu, qu’elle dénonce le « génocide » dont est victime les populations gazaouies et de l’ensemble du pays moyen-oriental. Elle ajoute ainsi à son carquois les autres étiquettes d’une gauche qui a sombré dans la caricature : « Je suis toujours communiste. Je me bats toujours aujourd’hui contre le capitalisme, le racisme et le patriarcat… ». Des engagements d’une subversivité déconcertante…

À lire aussi : Manifestation anti-RN à Paris : du Parti Socialiste à la violence

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