Faute d’un budget adopté pour 2025, l’Assemblée nationale doit examiner aujourd’hui un projet de loi spéciale. Ce texte crucial vise à assurer la continuité de l’État, permettant notamment la levée d’impôts, le fonctionnement des finances publiques sur la base du budget précédent et l’autorisation d’emprunts pour l’État et la Sécurité sociale.
Au-delà de ces mesures techniques, plusieurs députés souhaitent intégrer une indexation du barème de l’impôt sur le revenu à l’inflation pour préserver les contribuables d’une hausse inattendue l’an prochain. Un enjeu politique majeur que le futur gouvernement devra prendre à bras-le-corps dès sa formation.
Marine Le Pen en première ligne
Conformément à sa promesse de recevoir les groupes parlementaires par ordre d’importance numérique à l’Assemblée, François Bayrou ouvre ses consultations par une rencontre avec Marine Le Pen, présidente du groupe RN, accompagnée de Jordan Bardella, chef du parti.
Un procédé déjà fustigé dans les rangs de la gauche, mais que le Premier ministre justifie par son objectif : dialoguer avec toutes les forces politiques pour garantir la stabilité institutionnelle. « Face à la crise, aucun acteur responsable ne peut se tenir à l’écart », aurait confié un proche de Bayrou.
Des soutiens mesurés pour le Premier ministre
Après le RN, François Bayrou recevra Gabriel Attal, président du parti Renaissance et chef de file des députés Ensemble pour la République. En position stratégique, ce dernier a déjà assuré son soutien à Bayrou, bien que certains macronistes voient cette nomination comme une « cohabitation déguisée ». Suivront les représentants socialistes, Boris Vallaud et Patrick Kanner, accompagnés d’Olivier Faure, ainsi que Laurent Wauquiez, leader des députés Les Républicains, qui se rendra seul à Matignon.
Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot, figures de la France insoumise (LFI), ont sèchement décliné l’invitation du Premier ministre. « Il ne peut être question de participer à une comédie politique », a déclaré Panot, dénonçant toute perspective d’accord de grande coalition ou de non-censure.
Un casse-tête pour composer le gouvernement
Parallèlement aux consultations, François Bayrou s’attelle à former un gouvernement dans des délais très courts. Les noms de personnalités comme Laurent Saint-Martin, actuel ministre du Budget, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, ou Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, circulent pour occuper les postes stratégiques.
Le Premier ministre entend ainsi équilibrer expérience technocratique et poids politique, un défi de taille pour le nouveau locataire de Matignon. La journée s’annonce comme un premier test pour la méthode Bayrou. Parviendra-t-il à rassembler autour de lui une coalition capable de surmonter la crise budgétaire ?
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