Immigration
Mayotte : le cyclone révèle une situation explosive autour des migrants comoriens
Après le passage du cyclone Chido, Mayotte fait face à une crise humanitaire aggravée par l’immigration clandestine depuis les Comores.
Une semaine après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, la situation sur l’archipel reste critique. Tandis que des milliers de sinistrés, dont une majorité de sans-papiers originaires des Comores, trouvent refuge dans des écoles transformées en centres d’hébergement, le débat sur l’immigration clandestine reprend de plus belle. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, plaide pour un durcissement des mesures migratoires, alors que le territoire peine à se relever de cette catastrophe naturelle.
Des écoles au secours des sinistrés
Face à l’urgence humanitaire provoquée par le cyclone Chido, qui a fait 35 morts et 2 500 blessés selon un bilan provisoire, plusieurs écoles mahoraises ont été réquisitionnées pour accueillir des familles sinistrées. Parmi elles, une majorité de sans-papiers comoriens. Christophe Lacombe, directeur adjoint des affaires scolaires de la commune de Koungou, a déclaré au micro de CNews : « On est là pour accueillir tout le monde, les femmes et les enfants. Les papiers, on s’en fout. Mayotte est dévasté, on ne va pas rajouter de la misère à la misère. »
Cependant, cette générosité soulève des interrogations. Alors que la population mahoraise subit elle-même les conséquences de cette catastrophe, la forte proportion de sans-papiers parmi les réfugiés ne fait qu’exacerber un ressentiment déjà présent. En 2019, 48 % des habitants de Mayotte étaient des immigrés, principalement originaires des Comores, et 77 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté.
Une pression migratoire historique
La situation géographique de Mayotte, située à seulement 70 kilomètres d’Anjouan (Union des Comores), en fait un point de passage privilégié pour l’immigration clandestine. En 2022, 75 % des naissances sur l’île concernaient des mères étrangères, principalement comoriennes. Selon l’INSEE, environ 30 % des habitants vivent dans des habitats précaires, souvent dans des bidonvilles où la violence est omniprésente.
Pour Bruno Retailleau, ces conditions aggravent les conséquences des catastrophes naturelles : « Si le bilan humain s’annonce dramatique, c’est parce qu’on a laissé s’entasser des populations vulnérables dans des habitations faites de tôles », avait-il déclaré. Il plaide pour une remise en question du droit du sol à Mayotte et un durcissement des contrôles migratoires, dénonçant une « guerre hybride » menée par les Comores, accusées de pousser leurs citoyens vers l’archipel français.
Des expulsions en hausse, mais une situation toujours fragile
Malgré des dispositifs dérogatoires en vigueur à Mayotte, comme l’expulsion immédiate des étrangers en situation irrégulière sans recours suspensif, les résultats restent limités. En décembre 2023, 22 000 personnes ont été expulsées vers les Comores, un record, mais le phénomène migratoire persiste. Le ministre de l’Intérieur envisage l’utilisation de drones pour surveiller l’arrivée des « kwassa kwassa », ces petites embarcations utilisées par les migrants pour rejoindre l’île.
Des défis humanitaires et politiques
Tandis que les autorités locales s’efforcent de fournir eau et nourriture aux 9 000 personnes hébergées dans les écoles, Emmanuel Macron a annoncé des mesures d’urgence pour reloger ces familles et permettre une réouverture des établissements scolaires dès le 13 janvier. Cependant, la question migratoire continue de diviser.
Si certains, comme Christophe Lacombe, appellent à la solidarité face à la catastrophe, d’autres dénoncent une pression migratoire qui fragilise davantage un territoire déjà en crise. Pour Bruno Retailleau, « reconstruire Mayotte sans régler la question migratoire, c’est reconstruire sur du sable ». Une affirmation qui reflète l’urgence d’une réponse politique à ce double défi.
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