Naufrage de l’Éducation nationale : les pompiers d’aujourd’hui sont les pyromanes d’hier
La tribune de Roger Chudeau, député Rassemblement National du Loir-et-Cher et spécialiste de la question éducative.
Gabriel Attal a rendu publics les résultats des dernières évaluations nationales de sixième et de quatrième. Il considère ces résultats comme « inquiétants ». On ne saurait mieux dire lorsque l’on constate que la moitié des élèves de quatrième ne lit pas convenablement et que les résultats stagnent en sixième (où ils sont très bas).
Le ministre a cru habile de prendre les devants et de désamorcer la polémique montante. Sage précaution, car la question qui se pose immanquablement devant ce nouvel exemple du désastre éducatif que connait notre pays est évidemment : comment avons-nous pu en arriver là ?
Emmanuel Macron qui affirme placer la jeunesse et l’éducation au rang des priorités de ses quinquennats et qui a déclaré récemment que l’éducation était un « domaine réservé » du chef de l’État, exerce le pouvoir depuis six années. Peut-il s’affranchir d’une part de responsabilité dans le naufrage du système éducatif français ? Où était-il sous le quinquennat de François Hollande ? Les mêmes questions politiques se posent s’agissant de Gabriel Attal, conseiller de ministre puis ministre lui-même dans les gouvernements qui ont laissé l’Éducation nationale sombrer petit à petit. Il est trop tard pour s’inquiéter. Il est cynique de s’ériger aujourd’hui en « chevalier blanc » d’une école que l’on a contribué de près ou de loin à désarmer et à dégrader.
Héros des plateaux de télévision, communiquant né, Gabriel Attal découvre probablement avec horreur que le ministère qu’il a tant désiré est un navire qui fait eau de toutes parts.
Le reportage de M6 « Zone interdite » de dimanche dernier ne fait qu’illustrer de manière saisissante l’état de délabrement de notre école. Face à ce qui s’apparente de plus en plus à une catastrophe, Gabriel Attal continue à affirmer que « lui ministre » tout va s’arranger. Qu’on en juge : le remplacement de courte durée (15 millions d’heures d’enseignement perdues par an) sera assuré… par des professeurs volontaires rémunérés (le fameux PACTE). Mais, que se passe-t-il s’il n’y a pas de volontaires ? J’ai été amené à interpeller le ministre dans l’hémicycle le 3 novembre sur cette question. Gabriel Attal, poussé dans ses retranchements, a cru s’en tirer par une pirouette en lisant un message de collégien sur Instagram… S’agissant du collège, Gabriel Attal redécouvre les Groupes de niveaux matière (GNM) que ses camarades socialistes ont décrit pendant des décennies comme une monstruosité stigmatisante. La boîte à idées est ouverte et pillée sans vergogne : les exemples abondent du recyclage d’idées ou de concepts pédagogiques (« la transmission », « l’autorité ») directement issus du programme de… Marine Le Pen !
Héros des plateaux de télévision, communiquant né, Gabriel Attal découvre probablement avec horreur que le ministère qu’il a tant désiré est un navire qui fait eau de toutes parts. Ni sa verve, ni l’énergie qu’il déploie pour colmater les brèches ne feront oublier que l’école de la République est une cathédrale en flamme et que les pompiers d’aujourd’hui sont les pyromanes d’hier.
Voir aussi : Roger Chudeau: “L’islamisme a ravagé l’école !”
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