Graver l’avortement dans la Constitution est un aveu de faiblesse
Alors que le Congrès pourrait se réunir début mars autour de la constitutionnalisation de l’avortement, il faut rappeler que ce débat n’est qu’un feu de paille révélant l’impuissance macroniste à agir sur les sujets qui préoccupent réellement les Français.
C’est parce que les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron sont impuissants et incapables de réformer structurellement le pays qu’ils se consolent, comme le faisait François Hollande, avec des lois sociétales : Mariage pour tous, PMA sans père, avortement à 14 semaines et même essai jusqu’à la veille de l’accouchement en cas de détresse psycho-sociale, et bientôt euthanasie… Ce sont les seuls « succès » politiques remportés par un président impuissant à défendre nos agriculteurs, à enrayer l’invasion migratoire, l’effondrement du niveau scolaire et l’appauvrissement des classes moyennes.
Non Monsieur le Président, la France n’est pas les États-Unis
Cette fuite dans le sociétal signe aussi un échec stratégique et relève de la tactique politicienne pour, d’une part séduire un électorat NUPES hostile aux réformes structurelles pourtant nécessaires, et d’autre part composer avec des parlementaires de tous bords qui, par faiblesse et/ou absence de convictions, ne risqueront pas de s’exposer sur ce sujet clivant. Servir l’agenda politique des uns et diaboliser les autres, c’est la méthode habituelle en macronie ! Mais la France n’est pas les États-Unis et ce « combat sociétal » autour de l’IVG ne relève pas d’un besoin de protection que les Françaises attendent.
L’échec le plus grave est celui qui touche les femmes et les enfants. La hausse constante du nombre d’avortements est bien une multiplication de « drames ». Si j’emploie ce mot par lequel Simone Veil désignait l’avortement, c’est précisément parce qu’aujourd’hui la souffrance des femmes ne peut plus s’exprimer.
La suppression des entretiens pré-IVG est en réalité une privation de ces espaces de dialogue où les femmes peuvent dire leurs souffrances et leurs doutes, où le temps est celui de la réflexion pour donner à leur choix la possibilité d’être libéré des pressions affectives, économiques et financières. C’est une négation non seulement de la liberté des femmes, mais aussi de leur capacité à faire un choix éclairé.
La suppression des entretiens post-IVG est quant à elle un refus d’entendre les souffrances que peut générer à plus ou moins long terme l’acte même d’avorter. Mais ce n’est pas en empêchant les mots qu’on ôte la douleur, les regrets et la tristesse quand ils s’imposent à nous.
Ce débat inutile sur l’avortement masque les vrais problèmes des femmes
Ce projet de loi constitutionnel signe donc un échec de la solidarité et de la fraternité. En 2020, les données sur l’avortement ont été examinées à la lumière des données fiscales, révélant une corrélation nette entre niveau de vie et recours à l’avortement : les femmes aux revenus les plus faibles y ont davantage recours (DREES). L’enquête de l’UNAF de janvier 2021 révèle que les Français voudraient avoir en moyenne 1 enfant de plus alors que sont pointées des difficultés matérielles et financières (emploi instable, logement indécent ou inadapté, déséquilibre vie familiale et vie professionnelle, prestations familiales contraignantes).
Le lien entre IVG et violences conjugales est peu analysé alors que pour 40 % des 201 000 femmes concernées chaque année par les violences du conjoint, celles-ci ont débuté à la 1 ère grossesse.
Plutôt que de faire diversion avec ce projet de loi constitutionnel, c’est une étude épidémiologique que les pouvoirs publics devraient lancer pour analyser les causes, les conditions et les conséquences de l’avortement. C’est une politique de prévention et d’accompagnement que les parlementaires pourraient initier, incluant la délivrance d’une information complète sur les aides et droits spécifiques aux femmes enceintes, la revalorisation de véritables politiques familiales et de logement, la formation des personnels de santé et des acteurs sociaux à la détection des pressions qui s’exercent sur les femmes enceintes.
Parce qu’il n’est pas possible d’entendre en France, en 2024, une femme nous dire « Je voudrais bien le garder, mais je ne peux pas. »
Par Laurence Trochu, présidente du Mouvement Conservateur
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