L’abandon budgétaire du ministère de la Justice !
Président de la délégation RN au Parlement européen, député européen et ancien magistrat, Jean-Paul Garraud dénonce le manque d’intérêt du gouvernement pour la justice française.
Voici quelques jours, le nouveau Premier ministre rayait d’un trait de plume dix milliards de crédits dans le budget de l’État. Et la Justice, déjà parent très pauvre du budget depuis si longtemps, s’est vue annuler quelque 328 millions d’euros… Les services centraux assumeront une grande partie de cette coupe, mais la « justice judiciaire », la Justice de tous les jours, devra aussi se passer de 129 millions d’euros. Alors que les crimes et délits explosent, que l’encombrement des juridictions est considérable, que n’importe quel justiciable doit attendre des années avant d’obtenir une décision définitive, les gouvernants rabotent encore et encore un budget déjà misérable.
Et pourtant, j’ai toujours en mémoire le discours du ministre Dupond-Moretti qui se gargarisait des créations de postes prévues dans sa loi de programme alors qu’une bonne partie de ces postes vient de passer à la trappe ! Et l’administration pénitentiaire pèse pour plus du tiers dans ce sacrifice, illustrant l’hostilité habituelle de ceux qui nous gouvernent envers la prison. Quant aux services judiciaires, ils vont supporter la plus grosse part des annulations de crédits, à hauteur de 39 %. Quiconque a déjà visité un tribunal se rend bien compte de l’état de ces « services » qui n’en sont plus malgré l’abnégation des personnels. Cela relativise les rodomontades auxquelles le Garde des sceaux, devenu le garde des trous budgétaires, nous a habitué.
La Justice n’est pas une priorité du Président
On mesure le poids politique d’un ministère et de son ministre au montant du budget que l’État daigne accorder. Sur ce plan, la perte de poids du ministre est nette. Elle est accompagnée d’une nouvelle reculade du rang protocolaire du ministère qui atteste que l’influence du ministre n’est plus ce qu’elle était… Les « chouchous » élyséens et autres petits Mozart politiciens ont pris la place de poids lourds au régime sec. La Justice n’est donc pas une priorité du Président et de son Gouvernement. Que les Français se le disent et surtout qu’ils s’en souviennent le moment venu.
Car ce sont les choix politiques du Président et de son gouvernement qui aboutissent à cette situation pourtant évitable. Quand il s’agit de trouver des milliards pour l’Ukraine, aucun problème. On donne « en même temps » des miettes aux agriculteurs en colère et on ampute une Justice déjà en ruines. Quand il s’agit d’allouer dix milliards à des pays « tiers » au titre de l’Aide publique au développement, aucun problème. Et on pourrait multiplier les exemples.
Tout est question de priorité.
En septembre 2023, le Garde des sceaux déclarait en bombant le torse : « 2024 sera donc une nouvelle étape majeure dans le rattrapage de plus de 30 ans d’abandon budgétaire, politique et humain de notre justice. » Eh bien voilà, dans la réalité, la vraie vie dont tous ces gouvernants sont déconnectés. L’abandon de la Justice se poursuit au grand dam des Français. Le redressement national passera par celui de la Justice. Nous y sommes décidés et prêts l’accomplir.
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