Société
Nouvelle : « No Pasarán »
Raphaël est de gauche, et sa vie prend un effroyable tournant quand sa ville natale de Lyon semble soudain sombrer dans le bonheur et la sécurité. No Pasarán ! Une nouvelle d’Alexandre de Galzain.
Raphaël partit se coucher. Il avait tabassé deux fachos de quatorze ans à la sortie de l’école aujourd’hui : blancs, habillés de façon outrancièrement cisgenre, ils avaient refusé de partager leur goûter. Ce devait être d’ignobles capitalistes d’extrême droite. La journée avait été rude, mais la lutte continuait. « No pasarán ! » se répétait-il dans ces moments. « Hasta siempre » dans ses AirPods, il s’en alla se coucher.
Le vieux Lyon des fachos
Raphaël se promenait dans la rue. Elle était calme, tranquille. Il reconnaissait les rues du Vieux Lyon et se sentit d’un coup dans la plus complète insécurité : c’était là que trainaient les fachos d’habitude, et il était seul. Jetant des regards méfiants à droite à gauche, il sortit d’une venelle pour se retrouver dans une grande avenue piétonne.
Des dizaines de familles flânaient paisiblement, sans trop réfléchir. Certains parents avaient entre les mains une poussette dans laquelle un marmot babillait. Beaucoup de passants avaient le sourire, allant même jusqu’à discuter entre eux sans trop se connaître. Régnait dans la ville une douce quiétude, de celles qui font se dire en un après-midi d’été qu’après tout, les plus graves problèmes de notre existence ne sont que des ennuis passagers, que rien ne vaut cette paisible candeur qui éclaire les visages et le ciel.
Des enfants d’une dizaine d’années couraient, en short et chemise à manches courtes. Leurs parents ne les accompagnaient pas, et ils avançaient en se chamaillant : l’un avait un ballon de foot sous le bras, un autre un livre. Insouciants, ils s’excusaient quelquefois lorsqu’ils bousculaient une « grande personne » dans leurs jeux enfantins. Puis, ils continuaient leur route, comme si rien ne s’était passé, allant vers quelque parc ou terrain de sport. Raphaël se rendit compte que, pour la première fois depuis quelque temps, il souriait presque naïvement. Effectivement, ses problèmes semblaient loin derriè
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